Une semaine après la triomphale marche citoyenne qu’elle a organisée à Cotonou pour exiger l’organisation des élections, la Plateforme des forces politiques et sociales de progrès pour des élections crédibles est une fois encore montée au créneau hier 6 novembre 2014. A la faveur d’une conférence de presse co-animée par les députés Lazare Sèhouéto, Affo Djobo Amicétou, Assan Seybou, le Président Séraphin Agbaoungbata et le Sga/Cgtb, les membres de la Plateforme ont rappelé au pouvoir en place depuis 2006, que la solution à la crise politique que traverse en ce moment le Bénin n’est pas dans les arrangements au sommet de l’Etat, mais plutôt dans un dialogue franc et sincère avec les forces démocratiques. Ils ont instamment demandé au Président Boni Yayi de convoquer le plus tôt que possible des assises entre les forces politiques de sa majorité et les forces démocratiques réunies au sein de la plateforme des forces politiques et sociales pour les élections crédibles au Bénin en vue de trouvée une solution consensuelle à cette crise. De fortes personnalités comme le Pr Maurice Ahanhanzo Glèlè ont assisté à la conférence de presse. Voici l’intégralité de la déclaration des conférenciers.
Déclaration liminaire
Chers amis journalistes, chers invités, mesdames et messieurs,
Face à l’impasse électorale orchestrée par le gouvernement, son Chef et ses partisans, la Plateforme des forces politiques et sociales de progrès pour des élections crédibles au Bénin a invité nos compatriotes à descendre dans la rue pour manifester leur mécontentement et réclamer l’organisation dans les meilleurs délais des élections communales et locales puis législatives sur la base d’une liste électorale fiable et consensuelle.
Le mercredi 29 octobre 2014, les Béninois ont répondu massivement à notre appel, démontrant par là même que le peuple béninois, le vrai peuple béninois est encore debout et reste toujours digne, malgré les assauts répétés portés depuis quelques années à toutes les valeurs et principes fondateurs de notre société.
La Plateforme remercie encore une fois, tous ceux qui ont participé à cette marche pour l’engagement citoyen dont ils ont fait preuve. Leur mobilisation et leur détermination démontrent, s’il en était encore besoin, que le peuple béninois est loin d’avoir capitulé face à l’imposture et à la crétinisation des consciences. Même l’appel public à la démobilisation lancé par le Chef de l’Etat n’a ni émoussé les ardeurs, ni entamé les convictions.
Chers amis journalistes, chers invités, mesdames et messieurs,
Nous tenons à rappeler ici et maintenant, à l’attention des uns et des autres que notre objectif principal, en organisant cette marche reste l’organisation des élections dans les meilleurs délais, avec une liste électorale consensuelle.
Félicitons nous du fait que cette marche a au moins ébranlé le pouvoir. Si cette historique marche n’avait pas eu lieu avant les événements du Burkina Faso, le Chef de l’Etat se dirait placidement que « le Bénin n’est pas le Burkina ». Si lors de cette marche, notre peuple n’avait pas montré une détermination qui a surpris le Gouvernement et son Chef, ils n’auraient pas cherché à la récupérer à travers un communiqué hypocrite pour affirmer que les objectifs de la marche rejoignaient leurs préoccupations. Rappelons que, quelques jours plus tôt, le même gouvernement à travers son Chef qualifiait cette initiative de « désordre » et demandait aux populations de ne pas y participer. Les populations ont eu un comportement contraire, malgré toutes les actions lancées pour saboter cette manifestation. Félicitons-nous donc des premiers résultats de cette marche.
1. Nous continuons à nous interroger au sujet de la propension du Chef de l’Etat à noyer le poisson, en persistant à s’enfermer avec les institutions de la République pour réaliser des arrangements. Dans ce cas de crise et dans l’impasse où ils ont conduit le pays, seul un dialogue sincère et fructueux avec les forces politiques et sociales permettrait de réaliser un consensus (« principe à valeur constitutionnelle ») autour des solutions et remèdes envisageables que les institutions devront évaluer en toute indépendance et mettre en œuvre. Mais le Chef de l’Etat et son gouvernement ont préféré s’enfermer dans des réunions incestueuses entre institutions de la République. Ces réunions s’apparentent à des concertations d’amis et de partisans, nommés par le même Chef de l’Etat et par conséquent, ne sauraient être assimilées à un dialogue politique, mais plutôt à la poursuite du monologue de M. Boni YAYI.
2. Conformément à leur mode de gouvernance (agir avant de réfléchir), sans avoir obtenu un consensus politique sur une solution de sortie d’impasse, ensemble avec les forces politiques et sociales, ils ont procédé à la détermination d’un budget, démontrant ainsi, l’entêtement du gouvernement, des autres institutions de la République, des dirigeants du COS-LEPI et de la CENA, à imposer à notre pays et à son peuple, LEURS exclusives solutions aux problèmes qu’ils ont créés.
Il est utile de préciser à l’attention de l’opinion publique nationale et internationale, que le dossier de la LEPI et des élections dans notre pays offre un champ expérimental pour juger de la sincérité de Monsieur Yayi Boni, quand il prône constamment par des « paroles verbales » et face aux médias, « son souci » de dialogue avec les forces politiques et sociales. Double langage, cynisme politique, manipulations, voilà les méthodes !
Chers amis journalistes, chers invités, mesdames et messieurs,
Il n’est plus aujourd’hui un secret pour personne que le Gouvernement de Yayi dans le but de conserver le pouvoir après 2016 a sciemment compromis toutes les chances d’organisation à bonnes dates des élections chez nous et use de tous subterfuges pour arriver à ses fins. Mais le peuple éveillé l’a démasqué et est décidé à reprendre ses droits.
C’est pourquoi, la Plateforme des forces politiques et sociales pour des élections crédibles au Bénin a très tôt élaboré et présenté des propositions concrètes pour contourner l’impasse savamment planifiée et orchestrée par le pouvoir. Ces propositions se résument ainsi qu’il suit :
1- Au plus tard le 30 novembre 2014, échéance fixée par le COS/LEPI lui-même et dont la Cour Constitutionnelle a pris acte à travers un communiqué officiel, le COS/LEPI transmet à la CENA la base de données après l’enregistrement complémentaire et le dédoublonnage ;
2- Sous la tutelle de la CENA, le Centre National de Traitement recomposé ou renforcé par de nouveaux techniciens plus neutres, tire de cette base de données, la liste des citoyens âgés de 16 ans et plus qui sera affichée sur toute l’étendue du territoire national, ouvrant ainsi une phase de requête et de recours dont la CENA tiendra compte pour retenir la liste électorale ;
3- La cogestion de la base de données est requise, principalement la détention concomitante du code d’accès à la base de données, par des représentants de la majorité et de l’opposition qui ne peuvent opérer que conjointement ;
4- L’apurement de cette liste électorale se poursuivra après les législatives de 2015, dans le sens de la délivrance d’une pièce d’état civil à tous les citoyens inscrits sur la base des témoignages. Il s’entend que tous ceux qui figurent sur la liste électorale sur la base de témoignage et qui demeureront sans pièce d’état civil seront radiés de la liste électorale pour les élections présidentielles.
Tant que les responsables de l’impasse, notamment, Boni YAYI, son gouvernement, sa majorité parlementaire et ses institutions aux ordres, ne prendront pas leurs responsabilités afin que ces préoccupations et propositions concrètes soient prises en compte pour une sortie rapide de crise, les actions de la Plateforme et de notre peuple monteront en intensité jusqu’à satisfaction totale de nos exigences minimales, légales et légitimes ainsi formulées.
Les multiples rencontres incestueuses entre présidents d’institutions (pouvoir et contre-pouvoir confondus) ne constituent que de l’agitation destinée à donner à l’opinion l’impression que le Chef de l’Etat se préoccupe effectivement de la situation. A la vérité, seule la convocation urgente des forces politiques pour discuter des propositions concrètes des différentes parties et aboutir à un consensus pourra nous sortir d’affaire.
Nous voulons ici rappeler à M. Boni YAYI que, il y a encore une dizaine de jours, son désormais ancien collègue du Burkina Faso traitait ses compatriotes avec mépris et condescendance, comptant sur son écrasante majorité au Parlement, composée par ses partisans et alliés. Aujourd’hui, il se retrouve affublé d’un statut peu honorable d’exilé de luxe à Yamoussoukro.
Nous saisissons ici l’occasion pour féliciter le peuple frère du Burkina Faso pour la leçon de démocratie qu’il vient ainsi de donner à tous les peuples d’Afrique. Nous encourageons et soutenons les forces politiques et sociales du Burkina Faso à travailler résolument pour le rétablissement sans délai de l’ordre constitutionnel dans le pays.
Nous espérons que les dirigeants béninois éviteront à nos populations les morts, les blessés et les souffrances déplorés au Burkina Faso du fait de la boulimie de pouvoir d’un seul homme.
Pour finir, nous voudrions inviter nos compatriotes à rester mobilisés, debout, vigilants et prêts à l’action, au cas où le chef de l’Etat, son gouvernement, sa majorité parlementaire et ses institutions aux ordres persisteront dans le dilatoire pour mettre à genoux notre démocratie chèrement acquise.