Beaucoup de bruit pour rien. Ainsi peut se résumer la polémique née de l’échec du Prof Dorothée A. Kindé-Gazard à la désignation au poste de directeur régional de l’OMS pour l’Afrique. Le verdict à peine tombé au palais des congrès ce mercredi 5 novembre, il n’en n’a pas fallu plus à une certaine opinion pour mettre en branle la machine à polémique. Selon celle-ci, si le Prof Gazard n’a pas été élue, c’est uniquement parce que la diplomatie de son pays a failli. Mieux, le Ministre d’Etat, François Abiola, et son homologue des Affaires étrangères Nassirou Bako-Arifari auraient voté contre leur compatriote. Il n’en n’a pas fallu plus pour que, comme une traînée de poudre, la désinformation gagne du terrain. Sur les réseaux sociaux, dans la rue, la diplomatie béninoise a été clouée au pilori. Dans une déclaration, Nassirou Bako-Arifari, le Ministre des affaires étrangères a tenu à faire taire une bonne fois pour une polémique qui n’a pas lieu d’être. A y voir de près l’échec du Prof Gazard n’est pas lié à la diplomatie béninoise. Seule anglophone, comme la majorité des délégués à la session, le Dr Moeti était bien partie pour l’emporter sur ses challengers, quatre francophones. Mieux, alors que l’Afrique australe et l’Afrique centrale ont positionné un seul candidat, l’Afrique de l’Ouest à elle seule en a présenté trois, avec le risque évident d’une dispersion de voix. Résultat d’un manque de concertation au niveau ouest africain, ce dysfonctionnement a sans aucun doute pesé dans la balance. En outre, le Dr Moeti maitrise les arcanes de l’OMS pour y avoir travaillé de longues années durant et avoir été l’adjointe du directeur sortant. Pour sa part, le Prof Albert Tévoédjrè a tenu à rendre hommage à la candidate de son pays, le Prof Gazard en qui il a salué « une compétence au Bénin ». Lire ci-dessous l’intégralité des déclarations du Ministre Nassirou Bako-Arfiari et du Prof Albert Tévoédjrè.
Nassirou Arifari-Bako : « Nous réussirons les prochaines fois »
« Je voudrais d’abord féliciter, remercier et saluer l’ensemble des quelques 450 délégués qui sont venus au Bénin pour participer à cette 64ème session du comité Afrique de l’Oms, qui a réuni les ministres de la Santé de 47 pays du continent africain. C’est un grand honneur pour notre pays et nous voulons vraiment les remercier pour cette participation. Deuxièmement, vous savez, au cours de cette session, un hommage mérité a été rendu à notre compatriote Alfred Quenum qui fut Directeur régional Afrique. Le premier africain à avoir été donc Directeur régional. Mais je crois que sur les 60 ans d’existence de l’Oms bureau régional Afrique, le Bénin à travers cet illustre homme a dirigé l’organisation pendant 20 ans de 1965 à 1984. C’est cette expérience concluante d’un cadre béninois à qui nous rendons hommage qui a encore poussé le Bénin à présenter une candidature à cette session qui se tenait ici chez nous. Je dois dire que, lorsqu’on essaie de voir le processus de la campagne de l’élection des différentes régions africaines, la Sadc a présenté une candidate, les grands lacs un candidat, la zone Cedeao-Afrique de l’ouest, nous avons présenté 3 candidates. Lorsqu’on suit dès le premier tour, les 3 candidates de l’Afrique de l’Ouest ensemble, avaient déjà près de 23 voix et donc avaient déjà la victoire globalement. Mais, il y a un travail d’harmonisation, un travail de concertation, un travail à travers lequel, des efforts ont été consentis pour tenter de rapprocher les positions. Et chacun des pays avait une opinion publique nationale particulière à gérer. Et de particularisme en particularisme, il n’y a pas eu donc cette concertation, cette union des forces dans la région pour parvenir donc à la victoire. Les chefs d’Etat et de gouvernements de l’espace Cedeao travaillent à une grande harmonisation de la présentation des candidatures en provenance de notre région pour que les prochaines fois, nous puissions éviter ce genre de chose. Mais, c’est une candidate africaine qui a été élue, et ce que nous pouvons aussi constater c’est que les Etats ont préféré la continuité. Le Dr Matshidiso Moeti était déjà la Directrice régionale adjointe du sortant. Peut être que cela a joué en sa faveur. Mais nous devons nous réjouir. Nous avons présenté une candidate compétente et de valeur. Et, se présenter à une élection, c’est de gagner ou d’échouer. C’est vrai, quand il y a la victoire, la paternité est nombreuse. Mais quand il y a échec, l’échec est orphelin. On cherche toujours un bouc émissaire. Je pense que nous devons retenir que madame Kindé Gazard est une valeur que nous avons révélée à l’Afrique et au monde. Je pense aussi qu’il y a beaucoup d’autres combats qui sont devant nous et je crois que nous réussirons les prochaines fois ».
Prof Tévoédjrè au sujet du Prof Dorothée Gazard:« Elle était la meilleure de loin »
« J’ai pour habitude de rappeler que lorsque les hommes s’aventurent à vous barrer le chemin, et pensent avoir réussi, Dieu vous ouvre toujours un avenir qu’il faut avoir l’intelligence de découvrir et le courage d’emprunter. Je suis l’un de ceux qui ont soutenu Madame Gazard pour ce poste je sais aussi que le gouvernement a fait le maximum pour cela. Je le dis parce qu’il y a beaucoup de rumeurs qui circulent. Le gouvernement et tous les autres ont fait leur travail et nous sommes nombreux en dehors du gouvernement à travailler pour persuader les uns et les autres que Madame Gazard était la meilleure. Maintenant, il y a des éléments que les enquêtes révèleront, qui ont montré que nous n’étions pas en faveur d’une situation gagnante vers la fin. Mais il s’est passé autre chose, une chance nous est offerte. Cette occasion nous a été donnée de prouver quelque chose d’autre et cette lecture, je voudrais que les Béninois la connaisse et la partage. Hier (mardi 4 novembre ndlr), a eu lieu la présentation par chaque candidat de son programme. Et une déléguée à l’intérieur m’a confié : « Gazard was best by far ». C’était la meilleure de loin. Cela veut dire que nous avons une compétence que le gouvernement a permis de révéler. Je dis que c’est une attente. Le monde médical africain et international a reconnu aujourd’hui qu’il y a une compétence au Bénin qui s’appelle Dorothée Gazard. Pour moi, c’est une question de patience. ‘’She was a best by far’’. C’est une expression anglaise qui veut beaucoup dire. Là, nous avons eu la chance de montrer que l’Oms en Afrique et dans le monde médical, dans les circonstances actuelles, on a besoin de personnalités fortes pour porter la santé. Madame Gazard est une chance qui va se révéler le plus tôt possible ».