Le taux d’échec massif de 76% au baccalauréat enregistré l’année scolaire 2013-2014 avec plus de 50% d’ajournés dans le rang des candidats recalés visite encore les mémoires en ce début de rentrée scolaire 2014-2015. Pour effacer cette psychose de la mémoire des acteurs directs et indirects du milieu scolaire, et réduire désormais le taux massif des échecs, que faut-il faire ?
Depuis le jeudi 13 octobre 2014, la communauté scolaire des cycles maternel, primaire et secondaire a repris les chemins de leurs écoles respectives à la grande joie des uns et des autres. A l’occasion des différents regroupements opérés dans les cours de récréation et sous le mât du vert-jaune-rouge national, les directeurs ont souhaité une bonne reprise des classes. De même, ils ont, dans leur speech, exhorté principalement les apprenants des classes d’examens à l’obtention de meilleurs résultats aux examens de fin d’année. Quoi de plus normal !
Des vœux pieux
Pour coller à ce vœu pieux de tous les directeurs des établissements d’enseignement secondaire du privé comme du public, l’objectif à atteindre est d’inverser la courbe descente des résultats à l’examen du baccalauréat telle que observée jusqu’à présent. Ils ont souhaité connaître une année scolaire apaisée et par conséquent, de bons résultats aux examens de fin d’année dont principalement le baccalauréat. Raison pour laquelle, les enseignants du public ont, dès la reprise des cours, annoncé les couleurs en menaçant de déserter les classes si rien n’est fait pour régler les problèmes auxquels ils attendent des solutions dans le plus bref délai.
Le spectre de l’échec et particulièrement celui du baccalauréat juillet 2014 devant être oublié, il convient de prendre les dispositions y relatives sans tomber dans le pessimisme excessif de ceux qui veulent crucifier le système éducatif national qu’ils peignent en noir allant jusqu’à déclarer que le système éducatif est «dans les poubelles». C’est pourquoi, invite est faite à chaque enseignant de mettre en avant sa conscience professionnelle et de s’ouvrir aux collègues qui peuvent contribuer à l’amélioration du rendement à donner. L’échec massif au baccalauréat 2014 décrié n’est que l’épiphénomène qui permet enfin de lever un coin de voile sur les insuffisances responsables en amont du fait objet de tous les commentaires sulfureux.
Situer les responsabilités
Le double échec à savoir : le faible taux de réussite et le pourcentage important d’ajournés enregistré à la suite des résultats de la session unique de juillet 2014 du baccalauréat a suscité moult réactions tellement la surprise était écœurante. Le commun des béninois a tôt fait de situer les responsabilités en jetant l’anathème sur le corps enseignant du public ayant déserté les classes pratiquement trois mois durant pour fait de grève. Jacques A. précise : « Même si un arrangement a été trouvé pour sauver in extremis l’année scolaire, le mal était déjà fait puisqu’aucun enseignant n’a pu donner correctement aux élèves l’enseignement qualitatif attendu de lui avec toutes les explications nécessaires à l’appui. Il y a eu tout simplement un bourrage de crâne. Les élèves ont été sacrifiés sur l’autel des revendications syndicales ». Pour Machioudi O., « Ceux du public ayant réussi doivent leur succès aux cours de renforcement suppléant les cours réguliers, aux prouesses des répétiteurs, au sérieux et à la détermination des apprenants lauréats et à la conscience professionnelle de ces enseignants du public qui, malgré la grève, ont fait le choix d’encadrer les enfants les weekends surtout. Le ver est dans le fruit et il faut que les enseignants aient le courage de faire leur autocritique ».
« Le problème d’orientation des candidats dès la classe de seconde. Le manque criard d’enseignants qualifiés dans nos écoles contribue au fort taux d’échec des candidats quand on sait que «Beaucoup d’enseignants qu’on a recrutés sont venus à l’enseignement par défaut». Le manque de contrôle sur le niveau des candidats est l’une des principales causes gonflant les effectifs. C’est pourquoi, « Dans toutes la sous-région comme au Togo il y a le probatoire, ailleurs il faut avoir d’abord le Bepc avant d’aller au Bac, mais au Bénin, des candidats se présentent au Bac avec seulement comme diplôme scolaire, le Cep et encore » ! Beaucoup de candidats qui ne sont pas en situation de classe sollicitent les services de certains établissements privés qui les présentent comme des candidats officiels. De nombreux candidats ajournés contournent les textes officiels leur prescrivant qu’ils ne peuvent se présenter à nouveau au Bac qu’après deux ans de suspension en se présentant à l’examen l’année suivante… ».
Ces appréciations du Directeur de l’Office du Bac, le professeur Alphonse da Silva sont évocatrices des maux dont souffre l’enseignement secondaire au Bénin. A ce sévère réquisitoire, un enseignant du public ayant requis l’anonymat ajoute : il est constaté un certain laisser-aller dans le public et des professeurs trichent avec les apprenants en allant dispenser des cours de vacation dans des établissements privés à leurs heures de cours parfois. Il y va également de l’effectif pléthorique des classes du public ainsi que de la situation délétère que connaissent les établissements des contrées et hameaux reculés où l’enseignement relève d’une véritable mission, d’un réel parcours du combattant.
Approches de solutions
Ces goulots d’étranglement sont préoccupants et méritent que des solutions efficientes soient trouvées. Ce serait déjà très opportun de s’y pencher au niveau des différents établissements secondaires, au niveau des différentes concertations entre acteurs directs de l’enseignement. Afin de redonner à l’enseignement ses lettres de noblesse, il serait heureux que les autorités en charge de l’enseignement organisent une assise nationale pour passer au peigne fin, tout ce qui entrave la bonne marche du secteur et que les solutions suivent. Il est temps d’en finir avec les années scolaires sauvées à l’arrachée à cause des grèves. Il faut œuvrer pour une école de qualité relevée et non pour une école de qualité dévaluée.