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Le Confrère de la Matinée N° 942 du 29/1/2014

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La démocratie en Afrique: Genèse et évolution
Publié le mercredi 12 novembre 2014   |  Le Confrère de la Matinée


UEMOA
© aCotonou.com par G.S
UEMOA : 20 ans au service de l`intégration économique
Lundi 20 octobre 2014. Ouagadougou. Salle des banquets de Ouaga 2000. Les chefs d`Etat et de gouvernement des pays membres de l`Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) se sont retrouvés pour célébrer le 20e anniversaire de l`organisation commune placé sous le thème "UEMOA, 20 ans, les voies d`un développement solidaire"


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L’expérience démocratique actuellement en cours dans la plupart des pays africains est perçue comme une prescription imposée par l’Occident. On croirait un corps étranger dans le paysage politique africain dont il faut se débarrasser alors qu’il suffit juste de s’en approprier correctement le contenu pour sa bonne application. Genèse et évolution d’un processus irréversible.


La démocratie, c’est l’exercice du pouvoir par le peuple et pour le peuple. Dans ce système politique, le pouvoir absolu ou autoritaire confisqué ad vitam æternam par un seul géronte qui fixe à sa convenance les règles de fonctionnement de l’appareil d’Etat et qui, dans les cas extrêmes, exerce un droit de vie et de mort sur ses sujets disparait. Au lendemain des indépendances, les puissances colonisatrices et surtout celles latines ont quelque peu soutenu et encouragé la classe des hommes d’Etat africains forts, des gérontes. C’est surtout le cas de la France. On a alors tôt fait de parler du pré-carré français en Afrique. Ce temps est passé et révolu. Le vent du réalisme, du changement dans l’aire et à l’ère de la mondialisation soufflant sur les rivages politiques africains, l’air du temps a fini par s’imposer.

Genèse d’un concept pas nouveau
Suite aux échecs successifs des modèles de développement mis en œuvre au Bénin de 1960 jusqu’en 1989 dont le socialisme, le Général Mathieu Kérékou alors au pouvoir a fini par lâcher du lest. Les conditions sociopolitiques pour réfléchir sur les raisons à ces échecs et y pallier étant remplies, la Conférence des Forces vives de la Nation est initiées du 19 au 28 février 1990. Après d’âpres conciliabules durant neuf jours de haute surchauffe et au nom de l’intérêt supérieur de la Nation commune, une et indivisible, les conférenciers ont choisi d’engager le Bénin sur la voie de la démocratie. Ce fut là un choix régalien qui a surpris le monde entier d’autant qu’il n’a pas été suggéré ni imposé au Bénin par un chef d’Etat du monde et principalement de l’Occident. Ainsi commence l’histoire de l’expérience démocratique en Afrique. Une expérience dont l’évolution sur le continent se fait en dent de scie et présente différents visages.

Des conférences nationales au discours de la Baule
Le Niger et le Mali emboîtent le pas au Bénin. Le Mali, en faisant une conférence nationale pour beaucoup plus régler l’après Moussa Traoré le tyrannique qui venait d’être renversé par un coup d’Etat. Au Togo voisin et au Congo Démocratique ex Zaïre, les Conférences nationales piétinent, s’enlisent et finissent en queue de poisson. Au lieu d’aller à l’essentiel en cherchant dans un climat consensuel à définir les nouvelles bases de gestion du pouvoir politique pour l’intérêt supérieur de leur Nation, les opposants ont voulu transformer ces fora en un tribunal et faire le procès des tenants du pouvoir. C’était l’erreur à ne pas commettre !
L’expérience béninoise devenue contagieuse. Pour échapper aux conférences nationales-procès, des chefs d’Etat africains basculent habilement à leur tour dans la vague démocratique. Le discours de François Mitterrand au sommet de la Baule assène le coup de grâce rappelant que désormais l’aide de la France est pendante à la mise en œuvre du processus démocratique. L’Afrique noire se met à l’ordre de la démocratie exceptée l’Afrique du nord où, à cause des intérêts à préserver, l’Occident se fait encore complice des gérontes qu’il ne manque pas cependant de titiller et de rappeler à l’ordre.

L’évolution d’une expérience controversée
Les charmes de l’expérience démocratique rayonnant, une nouvelle lecture du pouvoir politique s’impose au continent encore corrodé par une gérontocratie qui veut s’accrocher au pouvoir. A partir de 1990, la démocratie à l’occidental dicte sa loi avec comme principe de base, le respect de l’alternance au pouvoir suite à des élections présidentielles démocratiques au scrutin secret à deux tours.
Dans des pays comme le Bénin, le Nigeria, le Ghana, le Niger, Sao Tome et Principe, le Sénégal, le Mali, l’expérience démocratique suit son cours malgré les nuances. Dans ces pays, les organes de contre-pouvoir fonctionnent tant bien que mal même s’il y a des propensions à en faire des appendices du pouvoir exécutif. Tel n’est pas malheureusement le cas partout.
Dans la majorité des pays de l’Afrique centrale francophone par exemple, la démocratie est sujette à des controverses sources de problèmes. Les nouvelles constitutions adoptées précisent clairement la limite d’âge au-delà duquel un candidat est forclos et le nombre de mandat présidentiel à ne pas dépasser quels que soient les travaux de développement herculéens effectués. Ce sont ces deux clauses qui n’ont pas vraiment reçu l’assentiment des chefs d’Etat qui, déjà au pouvoir ont adopté malgré eux, dame démocratie. Ce sont encore eux qui, dans le souci de préserver et de sécuriser leurs acquis s’en vont tropicaliser, voire nationaliser et personnaliser sur mesure les textes des constitutions qu’ils font modifier à leur guise. Oubliant que les peuples ne sont plus des primitifs à qui ils apportent la civilisation, des analphabètes ignorants ou encore des intellectuels illettrés à qui ils peuvent faire manger n’importe quelle matelote. Les peuples actuels sortent de plus en plus de leur sommeil politique. Déterminés, ils veillent au grain, jaloux qu’ils soient de la démocratie qui permet de construire leur pays dans une ambiance de succession alternée au pouvoir.
Le passé est révolu. Que les différents corpus d’animateurs de la vie politique toutes tendances confondues acceptent une fois pour de bon la nouvelle donne politique et la respectent. Pour cela, ils doivent s’éduquer, éduquer leur base ou leurs militants en insistant sur une bonne et correcte lecture des fondamentaux du processus démocratique.
Kolawolé Maxime SANNY

ENCADRE
Les fondements de base du concept de la démocratie
Malgré les nuances qu’on observe d’un pays à un autre, le processus démocratique présente des fondamentaux communs sans lesquels, on ne saurait parler de démocratie au vrai sens du mot.
Dans tout processus démocratique, le pouvoir exécutif exercé par le président de la République, le pouvoir législatif exercé par l’Assemblée Nationale et le pouvoir judiciaire doivent être séparés l’un de l’autre. Si l’une des prérogatives de l’Assemblée Nationale est de contrôler effectivement le pouvoir exécutif, il lui supplée en cas de vacance du pouvoir. Quant au pouvoir judiciaire, il est chargé d’agir en toute indépendance, en toute impartialité sans considération d’appartenance politique. Aussi, il est fait obligation à l’Etat d’assurer aux juges les conditions matérielles et sécuritaires nécessaires pour l’exercice de leurs fonctions dans la dignité requise.
La pluralité des partis politiques crédibles de différentes tendances jouant effectivement leur rôle d’animateurs de la vie politique est une condition sine qua non dans la mise en œuvre du concept démocratique.
L’expression effective des libertés d’opinion, de presse et d'information, de religion, d’organisations associatives, syndicales et autres dans le respect des textes constitutionnels fait partie également des normes fixant la pratique de la démocratie. Ce sont des creusets nécessaires et indispensables au sein desquels les citoyens échangent leurs idées sur différents problèmes de la cité. Une occasion pour eux de demander des comptes à leurs gouvernants et d'exercer à leur niveau, un contrôle de la gestion de l’Etat. L’essentiel étant que ces différentes structures ne soient pas des caisses de résonnance à la solde du pouvoir exécutif. Pour éviter tout dérapage, l’éducation et la formation de ces animateurs de la vie sociale est de mise ce qui leur permet de contrecarrer les velléités expansionnistes de l’exécutif à contrôler tous les secteurs d’activités du pays.
Il ne saurait y avoir d’expérience démocratique si, il n’y a pas d’élections libres, transparentes organisées à intervalles réguliers tels que prescrit par la constitution. Qu’il s’agisse d’élection présidentielle, législative, municipale, communale et locale dans les conditions fixées par la constitution. L’élection la plus attendue étant celle présidentielle dont la transparence est la meilleure preuve de réussite du processus démocratique en cours.
Ainsi dit, l’Etat représenté par le l’exécutif toutes les composantes animant la vie politique et sociale du pays doivent jouer, dans le respect des uns et des autres, leur partition pour la bonne marche du processus démocratique.

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