Nous sommes en fin d’année 2014. Une période d’insécurité dans les quartiers du Bénin et plus spécifiquement dans la périphérie de la ville d’Abomey-Calavi. Et ce mois de novembre, semble être celui choisi par la SBEE pour sevrer les populations de cette commune périphérique de Cotonou d’énergie électrique.
Dimanche 9 novembre, toute la journée, pas de courant électrique. Et ce fut ainsi jusqu’au lendemain 6 heures. Mais de cette heure à 0 heure, le courant n’était plus là. La SBEE entre-temps l’a, à nouveau, récupéré. Durant toute la nuit du lundi au mardi 11 novembre 2014, toujours pas de courant. Nous sommes à Abomey-Calavi, non loin du grand cimetière PK 14. Comme les populations de ce quartier, elles sont nombreuses ces populations de la commune d’Abomey-Calavi à souffrir des coupures intempestives et parfois prolongées de la Société Béninoise d’Energie Electrique. Un tour dans la ville nous a permis de prendre la teneur des souffrances des populations qui se sont confiées.
« On se demande à quel jeu joue la SBEE. Surtout que les quartiers de la Commune d’Abomey-Calavi servent de dortoir à la majorité des employés d’Etat et d’une bonne partie de ceux qui vont exercer leurs activités à Cotonou. Dans ces quartiers, plusieurs établissements privés de commerce général sont ouverts pour satisfaire au besoin des populations. Imaginez que le courant soit coupé de 06 heures du matin au lundi à 06 h du matin, au mardi, sans aucun avertissement de la SBEE ; quel bilan faire des dégâts causés ? », dixit Anatole D., un habitant de Lobozounkpa.
«Toute cette journée du lundi, nous n’avons rien pu faire parce que nous sommes privés de courant. Et sans courant, nous ne pouvons scier le bois », rapporte Jean, un gérant de scierie à Lobozounkpa.
« Notre hôtel ne fonctionne que sur groupe électrogène ; depuis 6 heures du matin et jusqu’à 0h maintenant pas de courant. On se demande dans quel pays sommes-nous ? », rétorque Yasmine, une hôtesse.
« Comment on peut manquer de courant pendant toute une journée et toute une nuit. Et voilà les dégâts, tous mes produits congelés (poisson, viande de poulet, etc.) sont gâtés puisque je n’ai pas encore les moyens de me procurer un groupe électrogène. Et comme ça, nous avons des dirigeants à la tête du pays et ils ne pensent pas à notre bien-être. Mais ce n’est pas grave car à chaque jour suffit sa peine », renchérit Adèle, une propriétaire de poissonnerie à Calavi-Kpota.
« On dirait que la SBEE n’a plus de Directeur général ou que nous n’avons pas de ministre de l’énergie. Sinon comment comprendre que depuis l’avènement du président Boni Yayi, que le Bénin ait reçu de courant du Nigeria, du Ghana, que nous ayons mis en place la turbine à gaz de Maria-Gléta dans cette commune de Calavi et que nous manquions encore de courant ? », se demande Alain un habitant de Zo-Gbadjè.
« Trop c’est trop. Nous sommes dans un pays où, quand vous ne marchez pas dans les rues scandant des slogans hostiles au président de la République, on ne règle pas votre problème. Nous, on pense que c’est ce qui nous reste à faire pour que le président Boni Yayi limoge le ministre de l’énergie et le directeur général de la SBEE. On les attend ! » s’énerve Agbodjan, ferrailleur à Tankpè.
« En cette fin d’année où la lumière est indispensable dans toutes les contrées pour limiter l’insécurité, il urge que le ministre de l’Intérieur et son homologue de l’Energie appellent le directeur général de la SBEE à mettre plus de sérieux dans l’exercice de sa fonction en matière de fourniture électrique. », invite Hippolyte un habitant de Calavi-Bidossessi.
Un petit garçonnet de 4 ans environ, lors de notre promenade, dans une maison à Lobozounkpa, se permet d’amuser la galerie en scandant « courant wa – courant wa » (le courant est donné). Il a remarqué que chaque fois qu’il le dit, toute la maisonnée court de joie allumer son interrupteur avant de se rendre compte que niet, pas de courant. Alors ce slogan l’amuse et il en a pris goût, rapporte dame Georgette, habitante de la maison.