Le regard très sévère de Abdoulaye Bio Tchané sur la situation économique du pays, les libertés fondamentales, le projet de révision de la Constitution, la Lépi et d’autres sujets sensibles portant sur la gouvernance de Yayi Boni est d’actualité.
« Les solutions pertinentes ne sont pas apportées aux problèmes, la morosité grandissante s’accentue de jour en jour et affecte de plus en plus de familles béninoises qui éprouvent des difficultés à subvenir aux besoins les plus élémentaires ». C’est l’ancien patron du Fonds monétaire international (Fmi) qui parle.
Sous l’égide de Abdoulaye Bio Tchané, l’alliance Abt a procédé à une analyse approfondie de la situation socioéconomique et politique du pays. Il en ressort que le Bénin se porte très mal sur plusieurs plans. S’agissant de la situation économique, Abt soutient que la courbe ascendante de la paupérisation dans le pays ne cesse de s’accentuer. Le constat est flagrant dans les différents lieux d’activités et de production « A nos commerçants des différents marchés et de Dantokpa en particulier, il est difficile de dire que tout va bien » Selon l’alliance, c’est une situation qui affecte tous les autres secteurs. « Ce n’est pas non plus aux paysans producteurs de coton qu’il faut dire que la campagne agricole dernière a été bonne ». Les fournisseurs de l’Etat sont à la peine pour se faire payer. Le contexte pris globalement ne permet pas de se réjouir. « Il n’est pas surprenant que notre croissance économique soit loin des 5,4% proclamés par le gouvernement à 4 ,1 % , l’une des plus faibles de l’Uemoa et même de l’Afrique » , a déploré Abt. A propos des libertés fondamentales, Abt exprime également sa consternation. Elle condamne les dernières violences survenues à l’Université de Parakou. Ces évènements qui ont éclaté ont une nouvelle fois révélé l’usage abusif de la force par la Police sur les campus du Bénin. Ils ont montré à la face du monde que face aux étudiants à mains nues qui réclamaient de meilleures conditions d’études , les policiers et unités de l’Armée tirent à balles réelles. Le gouvernement devrait arrêter ces pratiques pour éviter que de telles agitations ne se reproduisent sur les cités universitaires. De même, Bio Tchané et ses compagnons ne notent aucune satisfaction en matière du respect de la séparation des pouvoirs. Le cas le plus illustratif et récent, a été le comportement du gouvernement suite au non lieu-général prononcé par le juge Angelo Houssou dans les affaires nommées « tentative d’empoisonnement » et « préparation de coup d’Etat ». C’est pourquoi, la coalition de l’ancien ministre des finances de Kérékou fustige la conduite des forces de l’ordre à l’égard du magistrat. Elle a rappelé à l’Exécutif qu’il est le garant de la liberté et de la sécurité de tous. Comme on pouvait s’y attendre, la question relative à la révision de la Constitution a été évoquée. Après avoir souligné que certaines réformes telle que la création de la Cour des comptes est indispensable et doit faire l’objet de nouvelles réformes à introduire dans la constitution, Bio Tchané indique que la révision de la révision constitutionnelle n’a aucun caractère urgent. Il invite le peule à la vigilance.
