Le feuilleton se poursuit au gouvernement dans le cadre de la construction du nouveau siège du Parlement. Après le blocage opposé par la justice et les conditions posées par les entrepreneurs, l’Exécutif et la Serhau ont tourné en rond pour se taper une nouvelle idée : celle de dédommager les entrepreneurs. Malheureusement, cette méthode, loin d’être la meilleure, se montre suicidaire pour les caisses publiques.
Environ cinq cent milliards de FCfa à débourser pour dédommager les entrepreneurs impliqués dans la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale.
Selon nos informations, aucun entrepreneur ne veut se laisser faire. Même ceux qui ont été, proches du pouvoir, durcissent le ton pour se faire dédommager. Pour le moment, aucun détail sur les montants réclamés par chaque entrepreneur. Mais déjà, nos sources confirment que l’entrepreneur ayant en charge le plus petit des onze lots réclame la somme de 14 milliards de FCfa. D’autres en ont demandé le triple. A tour de rôle, les entrepreneurs devront dire le montant qu’ils souhaitent avoir comme dommage sur chaque lot. Pour ce qui est de l’entrepreneur en charge des gros-œuvres, on attend encore. Nos sources indiquent qu’il ne s’est pas encore prononcé mais que les estimations de ses dommages seraient très élevées. D’abord, il a en charge deux importants lots. Ensuite, ses matériels sont bloqués depuis deux ans environ sans décision de justice et raisons valables. Il y en a qui se détériorent déjà et un constat d’huissier est régulièrement fait. Une facture d’environ 16 milliards de FCfa attend d’être payée par la Serhau-Sa. Son laboratoire est là et ses autres entreprises fermées pour cause de détention. Le séjour carcéral de son responsable n’a pas encore d’explication et il est clair que ses avocats ne se tairont pas à cet effet. Tous ces aspects seront certainement pris en compte dans l’évaluation des dommages. Pour ce qui concerne les autres entrepreneurs, ils se basent sur les clauses du contrat qui insistent sur le paiement d’un dommage en cas de suspension des travaux par une partie pour une raison non fondée.
La bouffe continue chez les cadres
Pendant que le contribuable béninois garde le souffle et attend de connaître ce qu’il devra débourser pour dédommager les entrepreneurs, des cadres et ministres tirent leur profit. Le peu d’argent réservé dans le compte destiné à alimenter ledit projet se vide au jour le jour. Le 17 octobre 2014, Christian Sossouhounto, ministre de l’Urbanisme a pris un arrêté pour mettre en place une pléthore d’organes. L’article 1er de son arrêté indique : "dans le cadre de la reprise des travaux, il est créé les organes ci-après : les Groupes thématiques (juridiques, finances et techniques) ; l’Equipe de coordination et enfin, le Comité interministériel". L’article 11 recommande que « les moyens nécessaires au fonctionnement des différents organes sont imputables sur la ligne du budget national : 59376001 72600 02 du projet de construction du siège de l’Assemblée nationale, gestion 2014. Et à l’article 12 (le plus important d’ailleurs) de préciser que « les membres des différents organes bénéficient dans le cadre de leur mission d’un repas par jour, conformément au décret n°2007-155 du 03 Avril 2007 portant régime des frais de mission à l’intérieur du territoire national ». Les organes composés de 29 personnes dont cinq ministres du Gouvernement, des conseillers du chef de l’Etat, des responsables du génie militaire etc. ont travaillé pendant deux semaines sans rien pondre de concret mais ont perçu de l’argent sur la ligne d’un chantier mourant.
Ils sont conscients de ce que ce chantier ne pourra plus prospérer tout de suite. Selon des techniciens, « il n’y a rien à faire pour achever ces travaux en un an ». Mieux, les moyens qu’il faut pour sa relance n’existent pas et le gouvernement en est conscient. Et pourtant, on continue de créer des charges pour vider le peu d’argent disponible sur le compte avant de partir en 2016. A suivre…