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La Presse du Jour N° 2258 du 12/11/2014

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A moins d’un an et demi de la fin de son mandat : Yayi et ses rêves tardifs pour les Béninois
Publié le mercredi 12 novembre 2014   |  La Presse du Jour


Yayi
© Présidence du Burkina par DR
Yayi Boni au 20è anniversaire de l`Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA)
Dimanche 19 octobre 2014.Commémoration du 20 ème anniversaire de l`Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) : Le 20è anniversaire de l’UEMOA va être placé sous le sceau de la consolidation des acquis », affirme Yayi Boni


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Dans son message adressé aux Béninois le lundi 10 novembre 2014, le chef de l’Etat a émis de nouveaux rêves pour son pays. Des choses que Yayi n’est pas arrivé à réaliser en huit ans et qu’il compte faire pendant le peu de temps qui lui reste à la tête du pays.
Il est permis de rêver. Il est permis d’avoir des ambitions personnelles, même pour son peuple.

Mais le plus important est de les réaliser, surtout lorsqu’on est élu pour nourrir le peuple, l’habiller, le soigner, l’éduquer, lui garantir la liberté, la sécurité et lui permettre en toute quiétude de prendre part à des élections transparentes et crédibles, un peu pour paraphraser le chef de l’Etat. Seulement, quand on fait le bilan des huit ans et plus passés déjà à la tête du pays, on est loin du compte. Nourrir le peuple, sans doute que des choses sont faites depuis 2006.

Mais force est de constater que le panier de la ménagère des Béninois s’amenuise de plus en plus. La misère s’installe dans les ménages. Un tour dans les marchés est plus édifiant. Les bonnes dames ne vendent plus. Parce que les acheteurs se font rares. La cherté de la vie n’arrange rien des maigres moyens dont disposent le fonctionnaire béninois, les bénéficiaires des microfinances, les agriculteurs dont certains devront se confronter à la baisse du prix du coton graine, le « zémidjan » dont le chiffre d’affaire chute tous les jours en dépit des nombreuses réformes à l’endroit des motocyclistes, le chômeur qui cherche un emploi et qui ne le trouve pas…

Sans argent, le Béninois peut-il se nourrir correctement ? La réponse est non. Il se fait que sur toute l’étendue du territoire national, les populations souffrent du manque du nerf de la guerre. Habiller le peuple, c’est lui permettre d’abord de gagner de l’argent. Yayi en est loin après plus de huit ans de gestion du pays. Heureusement que le Béninois sait bien se débrouiller dans ce domaine. Par contre, pour se soigner, c’est encore la croix et la bannière. Point de débrouillardise à cet effet. Les gratuités du paludisme et de la césarienne n’ont pas amélioré les conditions sanitaires des Béninois.

Ils devront dépenser toutes les fois qu’ils sont malades. Des fois, c’est l’absence de centre de santé de proximité qui constitue le malheur du Béninois. Que de compatriotes ne sont pas passés de vie à trépas parce qu’ils n’ont pu se faire soigner à temps ! Ou alors, c’est l’effectif pléthorique du personnel soignant qui tue. Dans ce domaine, Yayi n’a pas gagné le pari. Peut-être il y parviendra avant 2016. Pour ce qui concerne l’éducation, le tableau n’est pas reluisant. Il est même noir. Très noir.

Malgré les efforts, il y a un manque criard d’école et d’infrastructures scolaires. Yayi a décrété la gratuité de l’école. Les parents d’élèves se demandent toujours en quoi elle est gratuite. Ce sont aussi eux qui sont obligés de payer les heures de vacation pour combler le manque d’enseignants dans les écoles. Il n’est pas rare de trouver dans un groupe de six classes seulement deux ou trois enseignants à la disposition des apprenants. Que pourraient apprendre les enfants dans ces conditions. L’opération 120 jours pour équiper les écoles n’a pu combler le grand déficit dans ce domaine.

Ça sent l’utopie
Pour la sécurité que Yayi veut garantir à son peuple, vivement qu’elle soit enfin une réalité un jour. Car, les faits ne militent pas en faveur du chef de l’Etat. Les gangsters ont pris le dessus sur la police et les forces de l’ordre. Yayi et ses ministres auront tout essayé, ils ne parviennent pas à arrêter la montée de l’insécurité au Bénin, surtout dans les grandes agglomérations comme Cotonou, Abomey-Calavi, Porto-Novo et Parakou. Ceci ne favorise pas la quiétude dans le monde des affaires.

Le Bénin aura fait tous les bonds au classement Doing Business, son environnement des affaires ne pourra prospérer avec la montée de l’insécurité. Cela ne rassure pas les investisseurs. Que dire du rêve de Yayi d’organiser enfin des élections transparentes, crédibles et à bonne date ! Le chef de l’Etat reconnait que «les élections constituent l’un des fondements de la démocratie». La tenue des élections, selon Yayi, permettra au Bénin de «poursuivre résolument sa marche vers le progrès et le bien-être de nos populations». Il fait de l’organisation à bonne date de ces élections une priorité. «Le temps nous est compté», a-t-il même martelé dans son message de lundi dernier.

Malheureusement, le constat est que depuis 2006, aucune élection n’a été organisée au Bénin dans la sérénité habituelle. «Nous avons besoin de travailler constamment pour asseoir des Institutions républicaines crédibles, fortes, animées par des hommes de qualité afin de construire l’émergence économique et politique de notre pays. A cet effet, il nous incombe collectivement de poursuivre avec succès la lutte contre la corruption et l’impunité. Voilà mon rêve pour notre Patrie commune, notre République commune, notre Nation commune et notre pays commun.

Et ce rêve pour se réaliser doit s’accorder à l’approfondissement de notre démocratie appelée à contribuer prioritairement à nourrir notre peuple, à l’habiller, à le soigner, à l’éduquer, lui garantir la liberté, la sécurité et lui permettre ainsi en toute quiétude de prendre part à des élections transparentes et crédibles», a réitéré Yayi. Seulement, nourrir ces rêves à moins d’un an et demi de la fin de son mandat paraît utopique. Ce qu’on n’a pas pu faire en huit ans est-il faisable en un an ? Peut-être que le chef de l’Etat a les recettes pour réaliser ses rêves pour son peuple. Ce peuple ne demande que ça.

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