Dans son intervention en marge du vote de son 7è rapport d’activités, le président de l’Assemblée nationale, Mathurin Nago, a comparé le chef de l’Etat à un mauvais « chauffeur » qui nous conduit dans le décor… Un chauffeur qu’il se dit prêt à arrêter. Décryptage.
Mathurin Nago n’est pas tombé dans le piège de Yayi Boni. Caressé dans le sens du poil par le chef de l’Etat la veille dans son message à la Nation, le président de l’Assemblée nationale s’est encore montré plus incisif en marge du vote de son 7è rapport d’activités. Comme pour lui montrer qu’il ne se laissera plus manipuler… En fait, Nago tenait à répondre aux députés de la mouvance parlementaire qui disent avoir voté son rapport d’activités malgré eux, parce qu’il n’est plus docile à Yayi. Et la réponse à ces députés est foudroyante. « Quand on choisit de dire la vérité, ce n’est pas encore un problème. S’il y a un chauffeur, avec des passagers, qui commet des fautes, il faut que quelqu’un puisse dire qu’il est en train de nous amener quelque part qui n’est pas bien. Et le dire, ce n’est pas pissé sur le chauffeur. Nous sommes des parlementaires et nous devons faire l’effort de participer aux débats. Et participer au débat, ce n’est pas être contre le fétiche (…) », a-t-il déclaré. Ainsi, Nago considère que Yayi est un mauvais chauffeur. Un chauffeur qui nous conduit dans le décor et qu’il se doit d’arrêter. Ceci n’est qu’une caricature pour faire allusion à la situation difficile que traverse le pays sous Yayi Boni. Suivant la logique de Nago, le véhicule ici, c’est le Bénin, et le chauffeur, c’est le chef de l’Etat Yayi Boni. Par déduction, on peut conclure que Nago dit ainsi que Yayi est un mauvais chef d’Etat à la tête du Bénin, un pays qu’il s’efforce à enfoncer chaque jour. Et ce n’est pas tout. Il poursuit : « … ce que je dis, c’est mûrement réfléchi et ce n’est dirigé contre aucun individu, aucune personne. C’est d’abord dans l’intérêt supérieur de la Nation. Nous disons ‘’faisons en sorte que les choses se poursuivent bien et se terminent bien’’. Le dire, ce n’est pas uriné sur un fétiche ». A travers cette séquence, Nago dit clairement qu’il assume ses propos, rappelle que la fin est déterminée pour 2016. Puis, il confie qu’en disant la vérité, il ne fait du mal à personne. Surtout pas au fétiche dont il a tant parlé. Mais qui est le fétiche ici ? C’est toujours Yayi Boni. Si Nago compare le chef de l’Etat à un fétiche, c’est qu’il sait de quel fétiche il parle. Il le prend sans doute pour un « petit dieu » des députés de la mouvance parlementaire, une mouvance avec laquelle il a pris ses distances depuis peu.
Plus de réunion avec les députés de la mouvance
Justement, certains députés de la mouvance parlementaire ont fait remarquer qu’ils n’ont pas compris ce pourquoi il n’y a pas eu de concertation avant la séance plénière de ce mardi. A cette préoccupation, Nago a répondu avoir décidé de ne plus participer à ce genre de rencontre. « Depuis quelque temps, je n’assiste plus à ça parce que cela a été décidé. J’ai échangé avec le député Débourou. Il a dû vous dire cela. Donc, il ne faut pas faire d’amalgame. S’ils m’invitent à un débat, je suis prêt. Je vais au débat. Je n’ai pas l’habitude de fuir les débats », a-t-il laissé entendre. Décidément, ce Nago n’a plus peur de rien.