Dans le cadre de la célébration de la Journée africaine de lutte contre les faux médicaments, s’est déroulée hier mercredi 12 novembre à Parakou une marche de santé pour la sensibilisation contre les faux médicaments. Initiée par le collectif des pharmaciens des départements du Borgou-Alibori/Atacora-Donga, elle se veut un nouveau départ dans le combat contre « la criminalité pharmaceutique et les trafiquants et les vendeurs de la mort ».
Scandant les slogans tels que «Les médicaments de la rue, ça tue», «Les faux médicaments, c’est la mort», les professionnels de la pharmacie ont battu le macadam hier à Parakou pour tirer une fois encore la sonnette d’alarme sur ce qu’ils appellent «la criminalité pharmaceutique» du fait de la prolifération des faux médicaments. La marche partie de la direction départementale de la Santé Borgou-Alibori a échoué à la Préfecture où les manifestants ont rendu publique une déclaration. Dans cette motion, le collectif des pharmaciens par la voix de leur porte-parole, Dr Pierre Nagoba, fait observer que les faux médicaments qui constituent de «véritables poisons», inondent les marchés Arzèkè de Parakou, Kandi, Natitingou, Djougou, Malanville et Tchaourou.
Plus de 6000 personnes exercent dans le commerce de faux médicaments au Bénin. Plus de 85 % de la population s’approvisionne sur le marché informel alors que, selon l’OMS, un médicament sur quatre utilisé dans les pays en développement, est un faux médicament. En dix jours, entre fin mai et début juin 2014, l’opération «Biyela 2» a permis d’intercepter 113 millions de faux antalgiques, anti-inflammatoires, antibiotiques et anticancéreux.
Un million de décès est imputable au trafic de faux médicaments. Tels sont les chiffres brandis pour montrer que les faux médicaments pullulent toujours dans les rues et les marchés, cinq ans après l’appel de Cotonou du 12 octobre 2009 à l’initiative de la Fondation Jacques Chirac. Constatant que cet appel semble se dissiper peu à peu et n’entendant pas cautionner cet état de choses, les professionnels de la pharmacie dans le Borgou-Alibori et l’Atacora-Donga ont tenu à attirer l’attention des autorités locales et des populations sur la criminalité pharmaceutique qui a la peau dure. Et pour cause ! Les mécanismes pour contrôler leur flux vers le Bénin sont, lorsqu’ils existent, inefficaces et inopérants, fait observer le collectif.
En fait, des produits pharmaceutiques illicites en provenance de la Chine et de l’Inde ont été découverts récemment dans les ports du Bénin, de la Tanzanie et de la République démocratique du Congo. De même, l’Organisation mondiale des Douanes vient de démanteler un trafic de faux produits vétérinaires au Bénin, au Mozambique et au Togo. Si l’urgence est désormais de remonter les filières et de sanctionner les trafiquants et de saisir leurs avoirs, les pays concernés ne font malheureusement preuve «d’aucune bonne volonté », selon Bernard Leroy de l’Institut de recherche d’anti-contrefaçon de médicaments (IRACM).Alors, les pharmaciens suggèrent que la volonté politique soit réelle, que les autorités politico-administratives s’engagent véritablement dans le combat contre la criminalité pharmaceutique et surtout que «les trafiquants et les vendeurs de la mort» soient punis et mis hors d’état de nuire afin que les rues et les marchés soient débarrassés de ces potentiels poisons. «Nous devons nous mobiliser nous tous pour constituer le corps de la contre-intelligence afin de combattre les faux médicaments», a laissé entendre le chargé de mission du préfet du Borgou-Alibori, Worou Djodi Sarè, en promettant de transmettre la motion des marcheurs à qui de droit.