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Le Matinal N° 4476 du 14/11/2014

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Imprudence des ministres : le zèle de trois ministres du gouvernement
Publié le samedi 15 novembre 2014   |  Le Matinal




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Le Bénin organisera les élections locales et communales dans la période allant du 15 au 22 février 2015. Mais ce n’est pas un décret présidentiel qui l’a précisé. Ce n’est pas non plus une proposition de la Commission électorale nationale autonome (Cena). C’est le zèle de trois ministres du gouvernement, Marcel de Souza, Fulbert Géro Amoussouga et Isidore Gnonlonfoun.


A maintes fois, on a surpris le gouvernement en train de mettre la charrue avant les bœufs. C’est actuellement le cas dans la convocation du corps électoral pour les élections locales et communales. Sans consulter la Céna et en l’absence d’un décret présidentiel, trois ministres du gouvernement en tournée de sensibilisation sur l’enregistrement complémentaire des citoyens pour le compte de la Lépi, ont indiqué que les élections locales et communales auront lieu entre le 15 et le 22 février 2015.
Selon, Marcel de Souza, Fulbert Géro Amoussouga et Isidore Gnonlonfoun,c’est au cours de cette période que le corps électoral se rendra aux urnes pour renouveler les membres des conseils de villes et de villages. Cette annonce a fait l’effet d’une grande surprise au sein de l’opinion publique. La question de la convocation du corps électoral est organisée par l’article 46 de la Constitution qui stipule que : « La convocation des électeurs est faite par décret pris en Conseil des ministres ». Et à l’article 68 du Code électoral d’être plus explicite sur la question en évoquant la personnalité du chef de l’Etat, comme l’auteur du décret : « le corps électoral est convoqué par le Président de la République, par décret pris en conseil des ministres quatre vingt dix (90) jours avant la fin du mandat en cours ». C’est ce que disent les textes. La question qui vient à l’esprit de nous tous, c’est de demander si ce préalable a été respecté avant que les trois ministres n’avancent ces dates. A la date d’aujourd’hui, le président de la République n’a pas encore pris le décret convoquant les électeurs. Tant que Yayi Boni ne s’est libéré de cette obligation constitutionnelle, il ne revient à aucun ministre de son gouvernement de s’amuser avec le sujet. Il s’agit des prérogatives du chef de l’Etat et surtout de la responsabilité de tout le gouvernement. En aucun cas, les trois ministres ne peuvent pas se substituer au chef de l’Etat. De même, il est hors de question de transformer une tournée gouvernementale en un cadre du Conseil des ministres. A voir le comportement des trois ministres, ils ont été plus loin qu’on le leur a demandé. L’objectif de la tournée portée sur la sensibilisation des citoyens à sortir massivement pour l’enregistrement complémentaire au sujet de la Lépi. Mais faisant souvent preuve de zèle, ils n’ont pas attendu le décret du président avant de faire des projections. L’information étant déjà lâchée, elle ne plus être rattrapée. Si l’on considère que les propos de Marcel de Souza, de Fulbert Géro Amoussouga et de Isidore Gnonlonfoun sont à attribuer à l’ensemble du gouvernement, cela revient à dire qui s’assemblent se ressemblent et par conséquent, tous les ministres font du zèle.

La charrue avant les bœufs, …..

Dans cette situation certains trouveront que ces ministres sont trop vite allés en besogne et d’autres opinions soutiendront qu’ils ont mis la charrue avant les bœufs. Ces deux positions sont justifiées. Et c’est là où le gouvernement risque de se retrouver dans une situation plus grave qu’il en existe aujourd’hui. Il fallait nécessairement que la Céna soit associée à ces projections de dates. Plus précisément, c’est sur proposition de la Céna que le gouvernement peut retenir une date à laquelle les électeurs seront convoqués. Jusque-là la Céna n’a pas fait de propositions concrètes, et elle ne souhaite pas en faire sans avoir la Lépi à disposition. Au regard des déclarations faites par le président de la Céna, Emmanuel Tiando, il s’agit tout simplement des projections qui avaient été faites lors des discussions en tenant compte de la livraison de la Lépi pour le 17 décembre 2014. Alors que le Cos-Lépi est encore sur le terrain, cette échéance peut être à nouveau décalée. « Il n’est donc pas prudent d’avancer des dates pour convoquer le corps électoral », telle est la position de Emmanuel Tiando. Les ministres n’ont pas pris en compte les leçons tirées des annonces de dates faites précédemment par le Cos-Lépi et qui n’ont pas été respectées. La Céna en est consciente. Sans, toutefois, prendre à contre- pied les ministres, Emmanuel Tiando a habilement signifié que sa structure n’est pas dans ce schéma. A supposer que la Lépi n’est pas livrée le 17 décembre prochain ou qu’après sa livraison à bonne date, la Céna constate qu’elle comporte de graves irrégularités à corriger, un exercice qui prendra du temps sans doute, on se retrouvera en face d’une situation de grande incertitude pour la tenue des communales avant les législatives. Dans un tel cas de figure, toutes les projections du gouvernement tombent à l’eau. En cherchant à comprendre pourquoi, le chef de l’Etat n’a pas encore pris le décret, on se rend compte qu’il veut jouer sur deux tableaux. Le premier, c’est de faire par ses ministres que les élections se tiendront aux dates indiquées. En cas de changement, il dira que les propos de ses ministres ne l’engagent pas. Le second tableau, le plus rassurant pour lui, c’est d’aller au même rythme que la Céna qui joue la carte de la prudence. Car, si le président s’aventure à convoquer le corps électoral, il ne peut plus faire marche arrière. La loi le lui interdit, notamment l’article 49 du code électoral : « Tout report de la date des élections est interdit ». Mais, En cas de force majeure, le report de date ne peut être fait qu’après une consultation de toutes les forces politiques engagées dans l’élection concernée.

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