Bamako - Le Mali a enregistré sur son sol trois décès d'Ebola sur quatre cas testés positifs liés à un vieil imam venu de Guinée et décédé fin octobre à Bamako, selon un communiqué vendredi du ministère malien de la Santé, qui fait état de plus de 250 personnes sous surveillance.
Ces quatre cas sont indépendants du tout premier cas dans le pays, une fillette de deux ans ayant voyagé par la route depuis le sud de la Guinée et décédée le 24 octobre à Kayes (ouest du Mali).
Les services sanitaires maliens "ont mené ces dernières 72 heures des investigations suite au décès du vieux Guinéen reçu en traitement dans une clinique privée de Bamako et dont le corps a été rapatrié pour être enterré", et jusqu'à vendredi, sur six échantillons testés en laboratoire, quatre ont été positifs, "tous liés au vieux patient décédé à la clinique privée, et deux négatifs, sans rapport avec les cas de la clinique privée", affirme le
ministère de la Santé.
"Sur les quatre cas positifs, trois sont décédés, et un (est) en traitement par des services spécialisés", ajoute-t-il, sans plus de précisions.
Le ministère fait également état de "plus de 256 "personnes-contacts (ayant été en contact direct ou indirect avec les cas d'Ebola, NDLR) suivies par les services de santé". Toutes ces personnes sont "en observation pour contrôle sanitaire".
Ces mêmes chiffres avaient été communiqués peu auparavant à l'AFP à Conakry par la secrétaire d'Etat française chargée du Développement Annick Girardin, en visite officielle en Guinée d'où elle se rendra samedi au Mali, déplacement initialement non prévu à son programme.
"Il y a 4 cas confirmés (d'Ebola), dont 3 à Bamako et 256 personnes suivies" au Mali, avait déclaré Mme Girardin. "La situation au Mali est inquiétante. J'ai décidé de me rendre demain (samedi) à Bamako pour rencontrer les autorités maliennes pour voir comment on peut changer d'échelle", avait-elle dit.
- Contrôles "sans complaisance" -
Selon une enquête de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), l'imam guinéen décédé à Bamako, âgé de 70 ans, était venu de la localité guinéenne de Kourémalé, à la frontière entre les deux pays (une localité du même nom existe au Mali).
Admis le 25 octobre à la clinique privée, le septuagénaire est décédé le 27 octobre. Après son décès, son corps a été lavé rituellement dans une mosquée de Bamako - pratique proscrite en cas d'Ebola, les cadavres étant particulièrement contagieux - avant d'être ramené à Kourémalé pour les funérailles, d'après l'OMS.
Un infirmier de la clinique ayant soigné l'imam guinéen est mort le 11 novembre. Un ami de l'imam lui ayant rendu visite à la clinique est également décédé.
Vendredi, un responsable au ministère de la Santé avait affirmé à l'AFP qu'un médecin malien ayant été en contact avec l'infirmier décédé était "positif" et suivi "dans une unité de soins intensifs".
"Par ailleurs, des prélèvements ont été effectués sur deux autres patients décédés qui sont considérés comme des cas très suspects", avait dit ce responsable, laissant entendre que ces deux décès sont survenus dans un domicile de Bamako où a transité le corps de l'imam guinéen.
A la suite de l'arrivée de malades d'Ebola de Guinée, le Mali a décidé jeudi de regrouper toutes les entrées de ce pays voisin en un seul point de passage "à partir duquel les contrôles (sanitaires) seront accentués", "des plus rigoureux et sans complaisance, a affirmé vendredi le ministre malien de l'Information et de la Communication, Mahamadou Camara, lors d'une conférence de presse.
Les autorités maliennes ont choisi "de ne pas fermer la frontière avec la Guinée parce que nous savons que les frontières sont relativement poreuses", a ajouté M. Camara.
Il a annoncé l'installation "dans les 72 heures d'un site d'isolement dans le village de Kourémalé, côté Mali", et exhorté les chefs religieux de toutes confessions à "véhiculer les messages de prévention, de sensibilisation, d'appel au calme, à la sérénité, sans pour autant banaliser la maladie".
Selon le dernier bilan de l'OMS diffusé vendredi, l'épidémie a fait 5.177 morts sur 14.413 cas dans huit pays.