Léhady Soglo fait feu de tout bois pour se positionner actuellement comme un candidat à la présidentielle de 2016 qui s’annonce à grands pas. Il travaille à occuper le terrain depuis peu comme d’autres prétendants sérieux. Mais contrairement à nombreux de ses adversaires, il porte de gros handicaps qui fragilisent ses chances de réussite.
Le candidat de la Renaissance du Bénin (Rb) briguera après l’expérience de 2006, la magistrature suprême. Léhady Soglo sera dans les starting-blocks en 2016. Mais avec peu de chances de faire grand-chose tant sa personnalité n’inspire pratiquement rien aux Béninois. Pluiseurs facteurs réduisent davantage les chances de réussite de ce candidat qui n’a jamais pu se faire remarquer par de hauts faits politiques dans notre pays.
A part son patronyme, le Premier adjoint au maire de Cotonou n’a pas un passé de combattant politique au vrai sens du terme. Aucun mouvement syndical, aucun activisme à son actif. Son parcours politique ne fait pas de lui un vrai leader politique.
A part le poste de chargé à la communication au Palais de la Marina sous son père, et deux mandats électifs obtenus sans grande difficulté dans les fiefs naturels de la RB, l’histoire retiendra que Lehady Soglo doit sa présence à la tête des Houézéhoué à ses géniteurs.
Absent au front, Lehady Soglo n’a jamais mené un débat contradictoire sur les chaînes de radio et de télévision. A quand remonte son dernier passage sur l’émission "Zone Franche" de Canal 3 Tv ou sur l’émission "Ma part de vérité" de Golfe Tv, devenues le passage médiatique obligé pour les acteurs publics en République du Bénin ?
En tant que membre de la majorité présidentielle, combien de fois est-il allé en personne présenter le bilan du Conseil Municipal de Cotonou dont il est ordonateur du budget, à la télévision nationale (Ortb) ?
La politique, c’est du réalisme. Et au Bénin, les réalités politiques ont toujours démontré comme d’autres cieux d’ailleurs que le vote est encore ethnique. Léhady Soglo est Fon. Il est originaire du Plateau d’Abomey comme son géniteur Nicéphore. Il vient d’une ethnie laquelle, historiquement, porte un héritage assez lourd au Bénin. Les Fon ne sont pas les plus admirés de la République car l’histoire renseigne que les atrocités commises par l’ancien royaume de Danxomè sur d’autres ethnies ont laissé des stigmates et de vieilles querelles. Pire, les leaders Fon très nostalgiques n’ont jusque-là pas encore réussi à défaire le complexe de supériorité qui les dessert trop souvent lors des échéances électorales. Et en cela, Léhady Soglo n’est pas sûr de bénéficier des suffrages des membres de plusieurs ethnies ou autres groupes socioculturels du Sud-Bénin (Nago, Sahouè, Goun par exemple).
En cinquante quatre années d’indépendance, le temps de passage cumulé des leaders Fon et assimilés à la magistrature suprême de notre pays n’atteint pas dix ans. En réalité c’est sept années 5 mois 18 jours.
Feu Justin Ahomandégbé malgré sa ruse a été certes président de l’Assembléé nationale, premier ministre etc...mais n’a été président du Dahomey que du 8 mai au 26 octobre 1972. Soit 5 mois 18 jours. Feu Général Christophe Soglo auteur du putsch de 1963, est devenu président de la République de 1965 à 1967 après avoir renversé le gouvernement de Apithy Sourou.
En 1991, le consensus réalisé autour du président Nicéphore Soglo, après la banqueroute du régime révolutionnaire s’est effondré. Malgré un bilan socio-économique acceptable ses adversaires politiques ont eu" sa peau" en 1996 sur le terrain du vote ethnique.
Pour avoir hérité de son père, le Lehady Soglo ne pourra même plus compter sur le carnet d’adresses de son président de papa pour faire des scores honorables tant Nicéphore Soglo voue aux gémonies les acteurs de la Françafrique qui contrôlent, malheureusement encore la désignation des Chefs d’Etat en Afrique. Ou tout au moins, ils y jouent un rôle très influent. Tout candidat sérieux doit donc composer avec eux : c’est de la realpolitik. Ce qui exclut le candidat Léhady Soglo.
L’autre facteur qui amincit les chances du candidat de la RB, c’est que ce dernier gère aujourd’hui un parti qui se réduit de jour en jour comme une peau de chagrin. Le parti s’est vidé de tous ses barons. Une réalité qui fait perdre à la Renaissance du Bénin, ses fiefs électoraux. De 27 députés en 1999, la Renaissance du Bénin se retrouve aujourd’hui au Parlement avec moins de 10 députés. Et n’eut été son passage dans Wologuêdê et dans l’Union fait la Nation, on pourrait dire que cette formation politique ne pèse au plus que six députés ( Cotonou- Abomey-Bohicon).
Il faut aussi noter que le parti est membre de la mouvance présidentielle. Ce qui veut dire que Léhady Soglo est comptable de la gestion de Boni Yayi. Il doit donc assumer en 2016 le lourd passif de la refondation, sans oublier les attaques personnelles dont il fait objet au sein de la majorité présidentielle. Lehady Soglo doit aussi affronter la candidature éventuelle de son propre frère. Galiou Soglo, le rebelle de la famille sera en effet à nouveau candidat. Et il partagera avec Léhady le peu de citoyens qui lui accordent encore aujourd’hui de la crédibilité.
Léhady Soglo que personne ne connaît dans le septentrion, devra aussi affronter l’Union fait la Nation dans le Zou. Or, elle ne dispose d’aucune assise dans le Plateau de l’Ouemé, dans l’Atlantique, dans le Mono et le Couffo, sans compter l’Ouéme qui reste et demeure la chasse gardée du Prd. En clair, lehady Soglo n’aura que les suffrages d’Abomey-Bohicon et une partie de Cotonou. C’est dire qu’il ne fera pas plus que 6% en 2016. Si rien n’est fait, Lehady Soglo risque de faire de la figuration en 2016.