Adopté depuis environ trois ans, le Plan stratégique de relance du secteur agricole (PSRSA) au Bénin peine encore à être mis en œuvre. Et pour cause ! La réalisation de ses objectifs en 2015 qui nécessite globalement, selon les projections, 1808,9 milliards FCFA pour l’ensemble des acteurs, connaît des flottements.
La réalisation des objectifs du Programme stratégique de relance du secteur agricole (PSRSA) exige d’importants investissements. Ces derniers nécessitent, selon ce Plan, des actions de mobilisation des ressources par tous les acteurs. En effet, les besoins de financement du secteur agricole sont énormes et l’offre actuelle essentiellement basée sur la micro-finance avec des crédits à 80% concentrés sur le court terme, reste insignifiante. Les besoins d’investissements productifs en agriculture qui nécessitent des crédits à moyen et long termes sont aussi insatisfaits. La grande masse de petits producteurs gestionnaires d’exploitations de type familial, sont ainsi exclus du financement. En dehors de la filière coton où le recouvrement est plus ou moins assuré, les banques sont réticentes à financer les filières agricoles, car jugées à risques élevés. Selon le PSRSA, l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) dans le secteur de l’agriculture, comme dans tous les autres secteurs, nécessite une mobilisation de ressources financières sans précédent. Car, ceci requiert l’attention de tous les acteurs du développement aussi bien au niveau national qu’international. Aujourd’hui, les principes de la politique agricole nationale sont fondés sur une répartition claire des rôles et des responsabilités entre les principaux acteurs que sont l’Etat, les Organisations de producteurs agricoles, les acteurs privés, la Société civile y compris les ONG et les collectivités locales. Par ailleurs, la réalisation des objectifs du PSRSA doit être menée de manière participative compte tenu de l’importance des besoins de financement qu’a révélé l’évaluation des coûts. Ainsi, la stratégie de répartition des coûts distingue quatre catégories d’acteurs. Il y a les bénéficiaires des interventions qui sont les ménages ; le secteur privé y compris les Organisations des producteurs agricoles (OPA) et la Société civile; l’Etat et les Partenaires techniques et financiers (PTF).
Contribution des différents acteurs
Le PSRSA prévoit que les ménages doivent augmenter leur contribution dans une proportion moindre de l’accroissement de leur revenu en participant à hauteur de 10%, à la mobilisation desdites ressources. L’Etat contribuerait à hauteur de 25%, le secteur privé de 30% et les PTF 35%. Les ressources financières et techniques à mobiliser par l’Etat depuis 2009, selon le PSRSA, devraient être à la hauteur de l’ampleur des actions à entreprendre pour atteindre les objectifs qui ont été fixés. Face à l’enjeu, l’Etat entend depuis lors déployer l’effort nécessaire en contribuant au financement à hauteur de 25% sur la période 2009-2015, soit environ 64,6 milliards FCFA par an. Au regard des besoins évalués en vue de l’atteinte des objectifs du PSRSA en 2015, la contribution des PTF extérieurs au développement est d’environ 35% sur la période 2009-2015, soit environ 90,5 milliards FCFA par an. Cet effort demandé aux PTF devrait contribuer à renforcer les ressources des ménages bénéficiaires et du gouvernement dans les secteurs où la présence des partenaires n’a pas été significative ces dernières années et qui entrent dans le champ du PSRSA. Pour ce qui concerne le secteur privé, il est chargé de toutes les fonctions de production de biens et services agricoles générateurs de revenus ainsi que de la veille citoyenne. Les acteurs privés tout au long des chaînes de valeur s’associent entre eux pour la fourniture des biens et services requis à chaque maillon des filières. Ils contribuent à la production les biens et services publics en partenariat avec l’Etat par le biais de la contractualisation. Ainsi, sur l’ensemble des coûts estimés pour la période 2009-2015, le secteur privé devrait contribuer à hauteur de 30%, soit un montant moyen annuel de 77,5 milliards FCFA. Quant aux ménages qui sont les producteurs agricoles, ils sont bien sûr les acteurs fondamentaux du monde agricole. Les femmes constituent la principale source de main d’œuvre des exploitations agricoles. Selon la division traditionnelle du travail au Bénin, elles contribuent substantiellement à la production agricole et jouent un rôle prépondérant dans la transformation agro-alimentaire et le petit commerce. En ce qui concerne les ménages, ils prendront en charge les coûts évalués à 25,8 milliards FCFA en moyenne par an, soit 10% du coût total par année.
Les treize filières retenues dans le PSRSA
Le PSRSA a fait l’option de la promotion de treize filières agricoles sur la base des critères essentiellement économiques, permettant d’identifier celles qui contribuent non seulement à l’atteinte des deux objectifs spécifiques du plan, mais aussi qui ont un effet d’entraînement sur d’autres filières. Ces critères sont au nombre de cinq. Il s’agit de la contribution de la filière à la sécurité alimentaire ; la contribution de la filière à l’amélioration de la croissance économique ; la contribution de la filière à l’amélioration des revenus des ménages ; le degré d’intégration de la filière dans la structure de l’économie nationale et le développement équilibré et durable des régions. Ces critères permettent de classer les treize filières retenues en trois groupes. Le premier composé du manioc, du maïs, de l’igname et de la viande, est un groupe qui apparaît comme celui qui répond le mieux aux cinq critères ; atteint le plus grand nombre de ménages pauvres ; permet de maintenir le cap de la sécurité alimentaire et nutritionnelle ; offre plus d’opportunités pour la transformation agro-alimentaire et permet de réduire le déficit au niveau de la balance commerciale. Pour le deuxième groupe, il prend en compte le coton, le lait, les œufs, les cultures maraîchères, l’ananas et les poissons/crevettes. Ce groupe de filières permet d’atteindre les objectifs en terme d’amélioration de la qualité alimentaire et nutritionnelle des populations tout en réduisant la facture alimentaire (lait, poisson, cultures maraîchères) ; l’accès aux devises (ananas, crevettes, coton) ; puis l’utilisation optimale des unités agro-industrielles existantes pour le coton. Enfin le troisième groupe prend en compte le riz, le palmier à huile et l’anacarde. Ce groupe de filières permet de réduire la fracture alimentaire (riz et palmier à huile) ; puis de faire rentrer des devises.