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Le Matinal N° 4477 du 17/11/2014

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Délaisser les compteurs ordinaires d’électricité pour les prépayés : Une réforme suicidaire pour l’Administration publique
Publié le mardi 18 novembre 2014   |  Le Matinal


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© APA par Saliou Amah
Visite d`amitié et de travail du président Yayi Boni à Abidjan
Mardi 11 Mars 2014. Abidjan. Dans le cadre de la visite d`amitié et de travail, qu`il effectue en Côte d`Ivoire, le président béninois Yayi Boni a été reçu en audience par son homologue ivoirien Alassane Ouattara. Ph : Yayi Boni


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Délaisser les compteurs ordinaires pour les prépayés dans l’Administration béninoise, c’est la nouvelle politique qui est entrée en vigueur depuis quelques semaines. Une réforme trop précipitée imposée par le gouvernement de Yayi Boni, qui n’arrive plus à payer ses factures d’électricité. Face à la nouvelle donne, des secteurs comme la santé et la sécurité tourneront sans doute au ralenti, dans la mesure où, ils seront confrontés à de nouvelles charges que leur trésorerie ne pourra pas supporter.

Le chef de l’Etat a fait passer en Conseil des ministres une réforme sans doute applaudie par ses collaborateurs. Il a décidé que toute l’Administration publique soit désormais alimentée en énergie électrique à partir des compteurs prépayés. L’idée est simple : chaque structure étatique n’a qu’à payer sa facture d’électricité. Dans cette perspective, la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) a déjà commencé par remplacer les compteurs ordinaires par de nouveaux appareils qui fonctionnent avec du crédit. L’objectif, c’est de lutter contre le gaspillage qui est monnaie courante au sein de l’Administration publique et surtout de renflouer les caisses de la Sbee. Si cette réforme peut permettre à la société d’avoir les moyens financiers nécessaires pour être en règle vis-à-vis du fournisseur, qu’est la Communauté électrique du Bénin (Ceb), elle ne soulèvera pas assez de critiques. De même, si son avènement contribuera à réduire le gaspillage, on ne trouvera pas beaucoup à lui reprocher. Mais quoi qu’il en soit, cette réforme provenant d’un chef de l’Etat et d’un gouvernement qui confond les ressources publiques comme leurs cassettes individuelles est mal tombée. D’abord, il faut qu’on demande au gouvernement de montrer le bon exemple en matière de gestion optimale et rationnelle de nos ressources. L’argent dépensé pour confectionner les affiches de propagande, le coût annuel des marches de remerciement, les meetings sans intérêt pour la nation, les missions par ci et par là, les investissements en ruines du fait de l’improvisation….Alors qu’il est toujours resté discret sur ces pratiques dont le coût aurait suffi à payer les dettes de la Sbee ( 10 milliards Fcfa au bas mot), le président de la République mène une campagne contre le gaspillage dans les services publics, prenant position contre l’utilisation des compteurs ordinaires. Il a autorisé la Sbee à enlever ces appareils et les remplacer par les prépayés. « Si la cour du mouton est sale, ce n’est pas au cochon de le dire », nous enseigne la sagesse africaine. Tout le monde sait que c’est au niveau du gouvernement que le gaspillage est plus criard, sans toutefois remettre en cause que le problème est réel dans l’Administration béninoise. Dès que sont abordées ces questions de dilapidation des ressources, le gouvernement n’a pas de leçons à donner aux fonctionnaires. C’est pour quoi cette réforme sur la consommation d’énergie n’est pas bien accueillie dans de nombreux milieux. Parce qu’en plus du fait que Yayi Boni et son équipe ne constituent pas des modèles sur le plan de la gestion du bien public, il y a aussi le caractère précipité de la réforme sans oublier qu’elle touche les secteurs qui devraient être écartés.

Une décision précipitée

Sans demander à la Sbee si elle dispose suffisamment de compteurs à cartes pour mettre en œuvre la réforme, le gouvernement s’est lancé son aventure. Or, nos enquêtes ont révélé qu’il n’y a pas suffisamment de stocks pour répondre à cette politique. De même, il n’a pas cherché à savoir au préalable les souffrances que rencontrent les citoyens utilisateurs des compteurs prépayés. Dieu seul sait qu’ils n’arrivent toujours pas à trouver le crédit au moment où ils en ont besoin. Ces recharges de la Sbee ne se vendent pas partout et sans interruption comme, c’est le cas des produits Gsm. C’est maintenant qu’un appel d’offres a été lancé pour recruter des masters distributeurs qui se chargeront de revendre les recharges de la Sbee, tel que cela fonctionne avec les sociétés Gsm. Le gouvernement aurait dû s’informer. L’autre chose, c’est la façon dont la réforme a commencé. Elle a surpris beaucoup de fonctionnaires. Yayi Boni a pris sa décision le 23 juillet 2014, mais n’a pas laissé le temps aux services publics de se préparer en conséquence. Il a imposé son calendrier à tout le monde, sans se soucier des conséquences de son application dans des secteurs comme la santé et la sécurité. Selon nos informations, si sa nouvelle politique devrait être appliquée à la lettre à une structure comme le Centre national hospitalier Hubert K. Maga, l’hôpital se serait retrouvé déjà dans le noir, puisque ne disposant pas de moyens pour recharger un compteur prépayé en crédit suffisant à la hauteur de ses exigences. Sur l’ensemble de l’ardoise de l’Administration, le Cnhu est l’un des plus gros débiteurs qui détient également des créances sur l’Etat. Avant que le chef de l’Etat ne demande à la Sbee de couper toute l’Administration et de la mettre sur des compteurs prépayés, il doit d’abord mettre la main à la poche pour payer ses dettes vis-à-vis de certains hôpitaux. Quand on fait le tour d’autres structures, on se rend compte qu’elles ne s’adaptent pas encore à cette réforme. C’est le cas des structures policières. Nombreux sont les commissariats d’arrondissement et des unités spécialisées de la Police nationale qui sont restés dans le noir après l’installation des compteurs prépayés. Dans des structures sous tutelle, du ministère de l’Economie et des finances, la Sbee a dû être clémente pour ne pas mettre en difficulté les régies financières. Y appliquer la réforme, comportait un grand risque : difficulté dans le recouvrement des ressources de l’Etat, perturbation dans le paiement des salaires, des pensions et des prestations offertes aux structures publiques. Le président de la République doit réaliser qu’il fait une erreur en voulant aller trop vite pour une réforme qui nécessite du temps, des préalables et avant toute chose une préparation. S’il ne revoie pas sa copie, son action qui ne se soucie pas de bien faire, peut être comparée à un rouleau compresseur qui cherche à maquiller son incapacité à assumer ses missions régaliennes.

A revoir à la Police nationale

Au milieu de ce flot d’inquiétudes, la situation est tout aussi préoccupante à la Police nationale. On a déjà évoqué les cas des commissariats qui sont contraints au délestage. Cela interpelle les autorités centrales et les élus locaux. En ce moment où, la Police nationale a du mal à sortir la tête de l’eau, la priver de l’énergie électrique signifie tout simplement, qu’elle est fragilisée et pénalisée. Elle n’arrivait pas à secourir les citoyens en détresse qui la sollicite. La cause est qu’il n’y a pas du carburant dans les véhicules de patrouille et d’intervention. Incapable de surmonter cette difficulté mineure, il n’en sera pas autrement quant il s’agit d’approvisionner le compteur d’électricité en crédit. Si le ministre de l’Intérieur, de la sécurité publique et des cultes, Simplice Codjo, n’a pas les couilles pour poser les vrais problèmes de la Police nationale à Yayi Boni, il peut importer n’importe quoi de l’Israël ou d’ailleurs, les agents ne pourront rien faire. Depuis longtemps, on évoque le manque de moyens, ce qui n’est pas réglé. Et, subitement, on demande aux flics de sortir de l’argent de leur poche pour payer l’électricité consommée dans l’exercice de leurs fonctions. Ceux qui imposent cette réforme à la Police nationale, ne doivent pas lui demander des comptes si, un jour, un détenu s’évade parce que les lieux ne sont pas éclairés. Ils ne peuvent en aucun cas mettre un fonctionnaire de police aux arrêts de rigueur parce qu’il s’est retrouvé en délicatesse avec la déontologie dans l’accomplissement de sa mission. Car, à vrai dire, et c’est ce qu’ils ne veulent pas dire clairement, le fait d’imposer cette réforme dans les structures policières a une seule signification : racketter et rançonner les citoyens pour faire face à ces nouvelles donnes. Dans ces conditions, que reprochera-t-on aux policiers en cas de méfaits de leur part ? C’est le gouvernement qui doit porter l’entière responsabilité. Rappeler lui que la sécurité n’a pas de prix et que le droit à la sécurité est un droit constitutionnel, n’est que bon sens et patriotisme.

Fidèle Nanga

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