La sortie médiatique effectuée le lundi 17 novembre 2014 par des députés de l’Assemblée Nationale sur l’affaire Pvi-Nouvelle génération n’a pas manqué de susciter des réactions. Hier, mardi 18 novembre 2014, soit 24 heures après, le gouvernement a apporté la réplique à cette sortie à la faveur d’une conférence de presse co-animée par le ministre Komi Koutché de l’économie et des finances et son collègue Valentin Djènontin de la justice.
D’entrée de jeu et sans langue de bois, le ministre Komi Koutché a reconnu que dans la vie de toute nation, il se présente des événements comme celui de l’avènement du Programme de vérification des importations de nouvelle génération qui en fait est un programme du gouvernement auquel des opérateurs privés ont été associés pour sa mise en œuvre. « Lorsqu’on met une réforme en place, c’est des résultats qu’on attend. Plutôt que ce programme booste les recettes de l’Etat et les porte à 600 milliards de F Cfa comme cela a été annoncé, c’est malheureusement à un effet de massue qu’on a assisté. L’embellie attendue au niveau des recettes n’était pas au rendez-vous. Constat, l’Etat était appauvri au profit des privés qui menaient l’activité », a déploré le ministre des finances qui a rappelé l’option qui a été faite par le gouvernement de rompre le contrat qui le lie à Bénin Control SA, société recrutée après appel d’offre pour conduire cette réforme et de relancer courant janvier 2014, un nouveau processus de recrutement d’autres sociétés pouvant l’aider à mettre en œuvre les réformes engagées.
Pourquoi le gouvernement a-t-il choisi de relancer ce processus de recrutement alors que le contentieux né de la rupture du contrat signé avec Bénin Control SA est pendant devant la Ccja ? La réponse apportée par le ministre Komi Koutché et son collègue Valentin Djènontin à cette question posée par l’honorable Léon Ahossi et ses 12 collègues signataires d’une question orale avec débat au gouvernement, a été on ne peut plus claire. « La certification des valeurs est une réforme majeure pour booster les recettes et pour atteindre les niveaux de performances que nous souhaitons. C’est une réforme qui est un indicateur de performance majeure sur la base duquel les partenaires du Bénin nous évaluent. C’est une réforme sur laquelle le Bénin a un délai pour pouvoir obtenir l’effet de levier qui est attendu au niveau des recettes. Le gouvernement se trouve dans le droit de pouvoir relancer cette réforme-là qui en ce moment précis est en train de faire son petit bonhomme de chemin. Ce n’est pas parce que la Ccja a été saisie et qu’elle a prononcé des sentences contre lesquelles nous avons émis des réserves que nous allons arrêter l’important programme que nous avons mis en place pour réformer les activités douanières et portuaires. Cette réforme est pour nous au gouvernement, irréversible », ont clairement déclaré les deux membres du gouvernement. « Nous sommes et resterons dans la droite ligne de la dynamique du gouvernement d’œuvrer pour le développement de notre pays dans un climat apaisé », a martelé le ministre Komi Koutché, appuyé par son collègue Valentin Djènontin.
Pour Komi Koutché, ce n’est pas avec tous les dossiers de la Nation qu’il faut faire de la politique. « Quand il est question des problèmes d’enjeu et d’intérêt national, nous devons pouvoir faire la part des choses », a conseillé le ministre des finances pour qui, les intérêts du peuple doivent être au-dessus de tout. « Pour le Béninois que je suis, lorsque je me positionne devant cette affaire, je ne cherche pas à savoir qui a fait quoi. Je m’intéresse plutôt à la question de savoir pourquoi doit-on encore collecter auprès du peuple qui souffre déjà des impôts pour payer 169 milliards de F Cfa à une seule personne. Je pense que si on me donnait quelque chose comme ça et qu’on m’ajoutait la vie éternelle, je n’accepterais pas », a dit le ministre Komi Koutché qui pense que les Béninois s’unissent pour construire le Bénin dans un climat apaisé et dans la défense des intérêts du peuple.
Par rapport à l’interpellation des députés, le ministre Komi Koutché a dit que c’est de leur droit. Il les rassure d’ores et déjà que le gouvernement ne se déroberait point face aux différentes questions posées.
Des révélations troublantes
Appuyant son collègue de l’économie et des finances, M. Valentin Djènontin a fait de troublantes révélations. Il a en effet attiré l’attention des uns et des autres qu’entre le Pvi-Nouvelle génération et le Programme de certification des valeurs en douanes pour lequel un processus de recrutement de prestataire de services a été lancé, se trouve une grande nuance. Mieux, il a informé l’assistance que des procédures ont été engagées pour résilier le contrat du Pvi parce qu’il a été entaché d’irrégularités relevées par l’autorité de régulation des marchés publics et autres. « L’Etat n’a jamais morcelé le PVI. Il s’agit de deux programmes différents », a martelé le ministre Djènontin. Tout comme son collègue des finances, le ministre Djènontin est revenu sur la supposée imminence de la décision de la Ccja qui ferait perdre des milliards de F Cfa aux contribuables béninois. Avant d’aborder le sujet, il a précisé que les sentences prononcées par la Ccja ne sont pas suspensives des réformes engagées dans la certification des valeurs en douanes. Et, parlant d’imminence d’une autre décision émanant de cette juridiction, il a dit ne pas être dans le secret des Dieux.
En somme, le gouvernement ne refuse pas d’aller à la table de négociations si cela préserve l’intérêt supérieur de la Nation. C’est du moins ce qu’ont précisé les deux ministres qui ont rappelé les différentes concertations, lesquelles ont eu lieu avec le promoteur de Bénin Control pour trouver un terrain d’entente.