Chers amis, le week-end dernier en quittant Cotonou pour me rendre à Ouidah, je n’ai pas eu d’autres choix que de faire 4 heures de route. Dix jours avant cela, j’ai été désabusé par l’état de la voie Parakou-Kandi. Et que dire alors de l’état de la route Cotonou-Bohicon ? Plusieurs autres axes routiers de notre pays sont dans des états de dégradation avancée comme Comè-Lokossa-Dogbo, Dassa-Savalou-Djougou, Parakou-Kandi, … Combien de décès et de blessés devrions-nous encore enregistrer sur nos routes avant que le gouvernement ne prenne la mesure de la situation ? A quand la fin des terribles désagréments subis par les usagers de la route ?
Pourtant, je n’ai pas manqué d’interpeller le gouvernement à maintes reprises à travers des questions orales ayant trait à nombre de nos axes routiers. Malheureusement, le constat reste le même. Le gouvernement reste arcbouté dans sa stratégie cocasse qui consiste à lancer des travaux dont le financement est loin d’être bouclé. La situation qui prévaut actuellement au niveau de la voie Cotonou-Ouidah en est une illustration parfaite. Vous n’êtes pas sans savoir que les travaux sur ce tronçon évoluent à pas de tortue. Personne n’est en mesure de nous dire quand est-ce que la construction de cette voie prendra fin. Mieux, l’impréparation a été poussée si loin à tel enseigne que rien n’a été prévu pour organiser, un tant soit peu, la circulation sur ce tronçon. Pis encore, les voies de déviations n’ont pratiquement pas été prévues. Résultat, c’est le calvaire que nous endurons tous sur cette voie qui est supposée être une route inter-état.
Des milliers de nos compatriotes qui habitent Cocotomey, Cococodji, Atropocodji, Pahou, … et qui viennent travailler à Cotonou sont soumis à un stress quotidien qui impacte négativement leur rendement. Les tronçons Pahou-Tori, Tori-Allada, Kétou-Savè, Kandi-Ségbana-Frontière du Nigéria sont logés à la enseigne de l’impréparation. Malgré son importance économique et social, la route Allada-Bohicon est toujours dans un état de dégradation avancée. Elle est tout simplement une menace grave pour les usagers qui osent encore l’emprunter ainsi que pour les marchandises allant ou venant de l’hinterland. Pourtant, cela fait 4 ans que le Gouvernement a annoncé (pendant la campagne pour les élections présidentielles de 2011), un don de 144 milliards de FCFA fait par la Chine pour la réalisation de ladite route. Le même Gouvernement, face à l’évidence, a dû solliciter et obtenir du Parlement, la ratification d’un accord de prêt d’un montant de 64,8 milliards de FCFA environ, signé le 23 août 2013, entre la République du Bénin et Exim Bank de la Chine dans le cadre du financement partiel du tronçon Allada-Bohicon. Plus d’un an après cette ratification, et malgré le lancement des travaux à Bohicon, depuis décembre 2013, nous constatons tous, la lenteur avec laquelle les travaux évoluent sur cette route. Seuls les téméraires continuent encore de l’emprunter, la grande majorité préférant faire le détour par Porto-Novo et Dangbo ou Kétou. On pourrait encore citer bien d’autres routes.
En réalité, tout cela dénote de la navigation à vue de ce gouvernement passé maître dans l’art d’improviser. Peut-on faire du Bénin un pays émergent sans une politique cohérente de développement des infrastructures de transport ? Je pense que non. Du changement à la refondation, le régime actuel a montré notoirement ses limites dans le domaine des infrastructures routières. Nous devons nous souvenir que les infrastructures jouent un rôle moteur dans la croissance économique, et constituent le socle du développement. Le manque d’infrastructures routières en quantité et en qualité suffisantes ne peut qu’entraîner des coûts de production et de commercialisation élevés pour un pays comme le Bénin. Il constitue aussi un obstacle majeur aux échanges entre le Bénin et ses voisins affectant par conséquent la compétitivité de notre économie.
Nous ne cessons de louer la position géostratégique de notre pays, voisin d’un marché de près de 177 millions d’habitants. Si nous devons capitaliser cette localisation géographique, nous devons travailler à faire du Bénin un hub en matière transport et logistique. Cela signifie qu’il faut mailler le pays d’infrastructures routières adéquates et bien pensées. Pour en arriver là, l’Etat devrait se baser, de plus en plus, sur le partenariat public-privé (PPP). La participation du secteur privé est primordiale pour augmenter de façon substantielle les investissements dans les infrastructures routières. Tous les spécialistes s’accordent à reconnaitre, aujourd’hui, que l’énorme écart entre les infrastructures existantes et les besoins de la population d’un pays comme le Bénin ne pourra être comblé par les seules ressources publiques. Pour diversifier les investissements, le gouvernement doit faire des PPP, un élément de réussite durable et viable du développement des infrastructures routières. Cela induit naturellement l’instauration d’un climat de confiance et une offre de garanties suffisante en direction des opérateurs économiques nationaux et africains qui doivent être prioritaire.
En attendant, le gouvernement doit s’investir dans une meilleure planification des chantiers routiers afin de réduire au maximum les désagréments subis par les populations. Les services techniques du ministère en charge des transports doivent mieux travailler en amont avec les entreprises qui ont gagné les marchés de construction des routes non seulement pour identifier les meilleures voies de déviation, mais aussi pour mettre en place une méthodologie de travail et un planning rigoureux sur les chantiers. Si d’autres le font si bien, nous sommes aussi capables de le faire. Croyons en nous. Ayons foi en l’avenir.