C’est un entraîneur triste qu’on a eu au téléphone. Manuel Amoros regrette les ingérences de son ancien président Anjorin Moucharafou qu’il accuse d’être derrière son départ. L’ancien joueur de l’équipe de France, qui est pressenti pour prendre en main la barre technique de la Js Kabylie, parle dans cet entretien des contacts avec les Canaris et de ce qui s’est passé au Bénin.
Confirmez-vous l’information faisant état de votre démission de la barre technique de la sélection béninoise ?
Non, ce n’est pas une démission, il ne faut pas confondre. Il y a eu une séparation à l’amiable. Je pense que ce n’est pas la même chose.
Qu’est-ce qui vous a poussé à prendre cette décision ?
Vous savez, travailler ici en Afrique est très difficile. Il y a des divergences et une contradiction entre ma vision et celle des dirigeants du football béninois, notamment le président de la Fédération (Ndlr : Anjorin Moucharafou).
La presse béninoise avait évoqué l’ingérence du président de la Fédération Anjorin Moucharafou dans le volet technique. C’est ce qui a beaucoup influé sur votre décision…
(Il hésite un moment). Oui, c’est vrai. Le président de la Fédération s’ingère dans tous les domaines. Il veut être le chef partout. Dans de telles conditions, c’est vraiment difficile de travailler avec lui. Je ne vous cache pas que j’ai rencontré d’énormes difficultés à travailler avec le président de la Fédération. C’est ce qui m’a poussé à prendre la décision de partir.
Après la deuxième journée, le Bénin était un des favoris de ce groupe, surtout après avoir réussi à battre le Mali, mais l’équipe a régressé. Est-ce que cela est dû à votre conflit avec la Fédération et son président ?
Ecoutez ! Il faut dire les choses telles qu’elles sont. Le Bénin n’a jamais été favori de ce groupe. Avant même le début des éliminatoires, on savait tous que dans ce groupe, il y a deux équipes favorites pour se qualifier à la Coupe du monde 2014 : l’Algérie et le Mali. Après, nous avons voulu réaliser de bons résultats pour essayer de bousculer cette hiérarchie. Finalement, on n’est pas parvenus, dans la mesure où on a chuté lourdement face à l’équipe algérienne en aller-retour. La double confrontation face à l’Algérie était vraiment compliquée.
Vous aviez souhaité être sur le banc dimanche à Bamako, à l’occasion du match Mali-Bénin. Pourquoi avez-vous été écarté ?
Au départ, il était prévu que je dirige le match du Mali, finalement, ça a changé. En effet, au cours d’une réunion avec le président Moucharafou, il avait décidé que je ne dirige plus l’équipe étant donné que j’avais demandé une séparation à l’amiable avec la Fédération. Donc, je n’ai pas fait le déplacement avec l’équipe au Mali. C’est simple. Désormais, je ne suis plus l’entraîneur du Bénin.
Aujourd’hui, n’avez-vous pas le sentiment d’avoir été victime d’un complot ourdi par certains cadres de la sélection, à l’instar de plusieurs sélections du continent ?
Non, pas du tout. Honnêtement, je n’ai jamais eu ce sentiment. J’ai confiance en mes joueurs. J’ai toujours été correct avec eux et vice-versa. Je pense que même eux, ils voulaient que je reste. Finalement, l’environnement de la Fédération n’était pas propice pour que je reste. Dommage.
On parle de vous en Algérie, précisément à la Js Kabylie, pour prendre en main l’équipe. Est-ce que vous pouvez nous dire comment ça se passe actuellement avec le président de ce club ?
Oui, j’ai entendu dire que les responsables de la Js Kabylie voulaient s’attacher mes services. D’ailleurs, un agent m’a appelé au téléphone pour me faire part de l’intérêt de la Jsk.
C’est dire qu’il y a eu pour le moment un simple contact...
Probablement qu’il y aura du nouveau à partir de la semaine prochaine. Sincèrement, sur ce point-là, je ne peux rien vous dire.
Il paraît même qu’un entraîneur local serait bien parti pour prendre l’équipe.
Bah, écoutez ! Il n’y a que les présidents qui savent qui sera l’entraîneur de leur équipe et ceux qui seront contactés. Après, si ça va se concrétiser, ce sera avec un grand plaisir car je veux découvrir votre pays. Dans le cas contraire, il n’y a aucun souci, car ça se passe comme ça pour les entraîneurs, c’est tout à fait logique.
On parle d’une discussion téléphonique entre vous et le président de la Js Kabylie, Moh Chérif Hannachi, qui aurait eu lieu il y a quelques jours…
Non, non. Je n’ai jamais eu une discussion avec le président de la Jsk. Il y a un agent qui s’occupe de ça. Au départ, j’étais concentré sur le voyage de mon équipe au Mali, mais sachant que je ne suis plus l’entraîneur du Bénin et que je ne suis pas concerné, je verrai dans les jours à venir.
Propos recueillis par Hamza Rahmouni (Coll-Le Buteur)