Les magistrats ont décidé d’aller en grève à partir de mardi 25 juin 2013. Une décision qui découle de deux situations. D’abord, il y a l’affaire du juge Angelo Houssou au sujet de laquelle les esprits s’échauffent toujours dans le rang des magistrats. L’Unamab l’a si bien évoqué dans sa déclaration en mentionnant que malgré les dispositions prises pour lui assurer sa sécurité, le magistrat est toujours filé par des individus en civil.
Depuis le déclenchement de cette affaire, c’est pour la première fois qu’un mouvement de grève a été motivé par l’insécurité autour du juge, dont le seul péché est d’avoir rendu en toute liberté et indépendance un non-lieu général sur les affaires nommées, tentative d’empoisonnement et préparation de coup d’Etat. En clair, on se rend compte que les inquiétudes de l’Unamab sont toujours d’actualité et elle se sent dans l’obligation d’utiliser les moyens dont elle dispose pour attirer l’attention du gouvernement sur une anomalie, une pratique malveillante. En effet depuis le 17 mai, le juge Angelo Houssou est devenu l’homme le plus espionné par le régime qui soupçonne des accointances entre ce dernier et certains milieux. Jusqu’à quand cela va durer ? Seuls ceux qui s’adonnent à ce jeu nous le diront. Quand aux magistrats, ils n’entendent pas lâcher prise. Jusque-là, ils ont fait preuve d’une solidarité agissante à l’endroit de leur collègue. Cela devrait pousser le gouvernement à revoir sa copie. Il doit faire pareil en ce qui concerne les dernières nominations intervenues le 28 mai 2013 dans les juridictions et à la chancellerie. Une préoccupation qui ne date pas d’aujourd’hui, mais qui se révèle de plus en plus comme la principale pomme de discorde entre le gouvernement et les magistrats. Ceux-ci accusent l’Exécutif de ne pas opérer les corrections attendues et de vouloir déstabiliser le Pouvoir judicaire. Une telle dénonciation révèle que le gouvernement n’a pas tenu promesse une nouvelle fois. Comme c’est le cas au début de ce bras de fer, cette situation a servi de motif à l’Unamab pour appeler ses membres à observer un mouvement de grève de protestation de 72 heures. L’objectif final est d’amener le gouvernement à revoir sa note. Il faut souligner que dans ses récriminations, l’Unamab a interpellé le Conseil supérieur de la magistrature en l’occurrence son vice-président Ousmane Batoko, président de la Cour suprême afin qu’il procède aux corrections exigées. Seulement, on se demande si cette doléance pourra enfin produire ses fruits. Une question qui est parfaitement d’actualité parce que, le gouvernement et le Conseil supérieur de la magistrature n’arrivent toujours pas à faire baisser la colère des magistrats.