Le renvoi du projet de révision de la Constitution à l'Assemblée nationale par le Chef de l'Etat, a fait ressurgir le débat sur la réforme constitutionnelle. Hommes politiques et membres de la société civile s'organisent donc désormais pour barrer la route à cette réforme à polémiques. A l'allure où vont les choses, on peut s'attendre à ce que les révisionnistes soient confrontés à un front contre la révision de notre loi fondamentale.
Alors qu'on le croyait découragé, après l'échec de sa première tentative, le Chef de l'Etat, Boni Yayi a confirmé depuis la semaine écoulée avec le renvoi à l'Assemblée nationale du projet de révision de la Constitution sa ferme détermination à modifier la loi fondamentale de notre pays. Son engagement, ses discours et la configuration politique de l'Assemblée nationale portaient bien à croire que le canal le plus favorable et le plus indiqué était tout trouvé par le n°1 des Béninois. Mais les derniers développements de l'actualité nationale laissent entrevoir une fronde aussi bien au parlement que dans le pays en général En effet, des hommes politiques de tous bords perçoivent la loi qui actuellement en étude au parlement comme une atteinte grave à notre démocratie. Ceux-ci se succèdent donc dans les médias où ils dénoncent un " complot contre la République ".
Séquences
Le premier à annoncer les couleurs est l'honorable Candide Azannai de la mouvance présidentielle. Il a profité du congrès constitutif du parti de l'Union pour la Solidarité et le Progrès (Usp-Alléluia) de son collègue Jonas Gbènamèto pour se prononcer sur le sujet. " Une virgule de la Constitution ne sera modifiée ", a déclaré Candide Azannai avant d'indiquer que ceux qui soutiennent la révision de la Constitution complotent contre la démocratie béninoise par des manœuvres pour s'éterniser au pouvoir après 2016. Pour le député Fcbe élu dans la 16ème circonscription électorale, le projet de révision envoyé à l'Assemblée nationale par le Chef de l'Etat ne sera pas voté car il comporte des pièges contre le peuple béninois. C'est d'ailleurs pourquoi, il invite tous les Béninois à se mobiliser comme un seul homme pour barrer la route à ceux qu'il appelle " fossoyeurs " de la démocratie béninoise chèrement acquise à la conférence des forces vives de la Nation de février 1990. Il sera soutenu par son collègue Sacca Fikara de l'Union fait la Nation(Un) qui était aussi présent à cette manifestation. Il a laissé entendre qu'un front anti-révision qui va comprendre aussi bien des politiciens que la société civile se mettra bientôt en place. Dans le même week-end, sur une radio de la place, le député Louis Vlavonou de l'Un appelait ses compatriotes à la mobilisation générale pour dire " non " à une révision opportuniste de la Constitution. Selon des sources dignes de foi, ces trois(03) députés ont le soutien ferme de certains de leurs collègues de la majorité présidentielle qui gardent pour le moment l'anonymat à cause des éventuelles représailles.
Les anciens députés aussi…
A ces trois personnalités que les Béninois saluent pour leur courage, il faut ajouter d'autres anciens députés qui ont également donné de la voix contre le projet de révision de la Constitution. Il s'agit de Janvier Yahouédéhou. Dans une lettre ouverte adressée au Chef de l'Etat, le président du parti " Réveil Patriotique " et député de la cinquième législature a évoqué les trois(03) raisons pour lesquelles, il n'est pas opportun de procéder à une quelconque révision constitutionnelle. Aussitôt après la publication de sa lettre ouverte, les panneaux " Touche pas à ma Constitution, un message de " Réveil patriotique " sont posés dans la ville de Cotonou et s'étendront bientôt à d'autres villes du Bénin. De son côté, l'ancien ministre et ancien député Ismaël Tidjani Serpos a choisi la toile pour appeler les Béninois à la vigilance afin de faire échec à la révision de la Constitution.
La société civile
Même s'ils ne sont pas encore visibles sur le terrain, certains membres de la société civile s'activent de leur côté pour dire également " non " à la révision de la Constitution. Il s'agit entre autres des personnalités comme Urbain Amégbédji, Orden Alladatin, Joël Atayi-Guèdégbe, Séraphin Agbahoungbata, Me Joseph Djogbénou, Me Zakari Sambaou et Martin Assogba de l'Ong Alcrer. A tous ceux-ci, il faut ajouter l'association dénommée " Stop ". Dirigée par Aboubacar Takou qu'on ne présente plus, cette association entend mobiliser les Béninois pour barrer la voie à une telle entreprise. Comme on peut le constater, le front anti-révision se met progressivement en place comme ce fut le cas en 2005 avec à la clé, des hommes politiques et la société civile qui s'organisent pour dire " non " à la révision de la Constitution du 11 décembre 1990.