L’affaire Icc-Services se complique. A entendre Mme Sévérine Lawson en charge du dossier hier jeudi 20 novembre, à sa sortie d’audience avec le chef de l’Etat, le désespoir peut s’emparer des citoyens béninois qui ont déposé leurs épargnes dans cette structure illégale de placement. Pourtant, Boni Yayi leur avait promis contre sa réélection en 2011, plus ou moins l’entrée en possession de leur argent.
Désespoir. C’est le mot qui peut le mieux exprimer l’état d’âme des Béninois ayant déposé leurs épargnes à Icc-Services et consorts. Hier jeudi 20 novembre 2014, à sa sortie d’audience au Palais de la Marina, les déclarations de Mme Sévérine Lawson expriment une complication du dossier. Les maisons qui ont été identifiées comme appartenant aux personnes impliquées dans cette affaire et qui pourraient êtres mises en vente aux fins de satisfaire des déposants manquent d’actes d’authenticité pouvant favoriser la poursuite. On en déduit que les mutations nécessaires n’ont pas été faites après acquisition des immeubles par exemple. A partir de cet instant, la saisie est difficile à faire. Après plusieurs années d’attente, les citoyens déposants qui s’estiment spoliés n’ont pas manqué de commencer par réagir. Trois ans sont passés et le chef de l’Etat n’a pu obtenir le règlement de cette ténébreuse affaire de placement illicite d’argent.
Mme Sévérine Lawson qui s’occupe du dossier n’a malheureusement pas pu apporter des informations satisfaisantes tant pour le chef de l’Etat que pour les populations. Certes, le dossier suit son cours, mais une situation majeure se pose. Cette situation complique la poursuite du dossier. Même Mme Sévérine Lawson ne sait plus visiblement où donner de la tête et semble être embarrassée à toujours venir parler du dossier sans pouvoir proposer de choses concrètes. Depuis trois mois d’ailleurs que le chef de l’Etat demande un point sur le dossier, ce n’est qu’hier qu’elle a pu apporter des explications sans pour autant satisfaire le chef.
On peut dès lors se demander si le chef de l’Etat va laisser le dossier sans suite favorable alors que les populations ont déjà voté pour sa réélection en 2011 sur la base, entre autres du règlement de l’Affaire Icc-Services et consorts.
Ce que Yayi avait promis en 2010 et 2011
Le 30 décembre 2010, dans son discours de fin d’année sur l’Etat de la Nation, le chef de l’Etat déclarait à l’Assemblée nationale que «le gouvernement veillera à ce que les fonds illégalement pris soient restitués aux déposants». Il parlait des structures douteuses de collecte d’argent, notamment de Icc-Services. Le samedi 29 janvier 2011, lors de sa déclaration de candidature au stade de l’amitié pour l’élection présidentielle de 2011, le président candidat à sa propre succession a réitéré sa promesse : «…En réponse à la situation déplorable créée par les structures illégales de collecte de l’épargne et de placement de fonds, j’ai pris des mesures hardies pour mettre un terme aux activités illicites et immorales des fraudeurs et me suis employé avec l’appui de mon Gouvernement à faire réparer par les auteurs, les préjudices financiers causés aux populations. Les actions menées ont déjà permis de faire rembourser à 63 000 épargnants un montant de plus de 6 milliards de FCFA. Si je suis élu, je renforcerai le dispositif actuellement à pied d’œuvre afin de contraindre les structures illégales à restituer les fonds indûment perçus. J’en ferai alors une grande priorité dès le début du deuxième mandat sollicité et je renforcerai le rôle de facilitateur du Gouvernement dans le dénouement de la crise des structures illégales de placement». La commission administrative ad hoc a été alors mise sur pied par le gouvernement. Elle a pour mission de gérer les actifs des structures de placement d’argent et de procéder au remboursement des épargnants. Commencent les aller et retour de Mme Sévérine Lawson, Agent judiciaire du trésor et présidente du comité de suivi de cette commission, au Palais de la Marina. Elle y va faire le point de ses activités au président de la République. A la sortie de l’une de ses nombreuses audiences, Mme Lawson affirmait que seul le processus judiciaire peut permettre le remboursement des spoliés. «L’instruction est déjà achevée. Conformément à la procédure, le dossier devra revenir au juge d’instruction qui prendra une ordonnance de clôture définitive avant l’ouverture du procès ». Mais après ses déclarations d’hier, les épargnants qui ont placé tout leur espoir en eux devront se rendre à l’évidence que le remboursement tiendra d’un miracle. Yayi est rattrapé par ses promesses.