A ce jour, l’économie africaine présente un faciès exsangue ne lui permettant pas de figurer au rang des nations développées ou émergentes du monde. Si des économistes et autres spécialistes du développement voient en l’Afrique le marché de demain, il faudrait s’attarder sur le type de marché dont il est question.
Aujourd’hui plus qu’hier certainement, l’Afrique est devenue le plus grand marché de consommation produits manufacturés du monde. Mais plus inquiétant, elle est devenue par effet induit, le plus gros marché poubelle du monde dans lequel tout et n’importe quoi est déversé. De nos jours, ce sont pêle-mêle des dessous des deux sexes, des montagnes de chaussettes, chaussures batteries des téléphones portables, téléphones portables, toutes sortes d’appareils électroménagers, toutes sortes d’appareils relevant des technologies de l’information et de la communication, des radios, chaînes hi-fi, …, des vélos et autres moyens de déplacement motorisés à deux, trois, quatre roues et plus ainsi que toutes les lignes de la friperie qui font le décor des marchés en Afrique au sud du Sahara. Profitant de la supposée misère des Africains, nombre de pays de la plus grande ceinture industrielle du monde ont trouvé l’idée géniale de se débarrasser de toutes sortes de produits les encombrant. Peu importe leur âge et leur état, sous le couvert d’activité licite, ils sont déversés par conteneurs lourdement chargés sur les marchés africains. Leur emboîte le pas dans ce scénario de pollution en exportation, des pays émergents asiatiques.
Insouciantes, les populations africaines illettrées dans leur majorité et qui ne comprennent rien au langage de la pollution peuvent s’offrir à peu de frais ces produits d’occasion dont grand nombre atteignent déjà la fin de leur durée de vie, après quoi, ils deviennent des produits dangereux pour la santé et pour l’environnement. Et tant que ces pays n’auront pas éliminé une bonne partie de « ces déchets encombrants » pour permettre aux leurs en toute quiétude de consommer les derniers produits conçus pour eux, il ne faudrait pas que l’Afrique dans cette planète mondialisée s’attende au miracle. Le marché de demain pour ainsi dire le marché juteux des économies développées qui ont savamment réussi à faire de l’Afrique ce qu’ils veulent : une source d’approvisionnement en matières premières dans le contexte de la détérioration des termes de l’échange, un marché de consommation de produits plus de basse gamme et que bonne qualité à des prix très concurrentiels et la poubelle du monde.
Repositionnement géostratégique
Si c’est à cette triste peinture que l’Afrique de demain est appelée à ressembler, autant mieux que les dirigeants africains responsables, nationalistes, pragmatiques et courageux unissent leurs efforts pour contre-attaquer en pensant déjà au repositionnement géostratégique du continent. Il leur faut repenser totalement le développement de l’Afrique en se posant la question suivante : quelle place et quelle chance pour le développement de l’Afrique dans la galaxie de la mondialisation ? Les pays développés et émergents du monde ont leur idée de l’Afrique que les africains ignorent. Les relations de coopération bilatérales ne sont que le piège à rat dans lequel tombent chaque jour les pays africains, surtout ceux au sud du Sahara. Le développement de l’Afrique n’est point leur préoccupation sinon que son appauvrissement et son asservissement économique. N’est-il pas honteux que ce soit encore ces pays dominant qui décident encore pour l’Afrique s’agissant de certains choix ? Il revient aux Africains le devoir citoyen de penser le développement de l’Afrique par les Africains et pour les Africains. Passerelle à partir de laquelle, le continent damné pourra aller à la conquête du monde. Mais pour cela, il faudra nécessairement avoir la maîtrise de l’énergie, des ressources minières, des stratégies de développement tout en étant ouverts à l’extérieur, la maîtrise de pôles de décisions sensibles par la création d’un centre de stratégie et de hautes études stratégiques qui épousent les normes et repères purement africains et desquels seront exclus toutes présences étrangères. Il est temps que les africains comprennent que les stratégies de développement du continent ne peuvent pas être pas ad vitae aeternam calquées sur les modèles occidentaux. Dans ce cercle vicieux d’échanges, l’Afrique a très peu de chance d’émerger à moins de faire sa révolution industrielle !