Depuis 2011, la démocratie béninoise est confrontée à de sérieux soucis mettant en jeu sa survie dans le temps et dans l’espace. Et la question de la Liste Electorale Permanente Informatisée (LEPI) en est pour beaucoup. Dans les prochains mois, le pays est censé organiser des élections, mais la version corrigée du fichier électoral utilisée en 2011 semble refuser de montrer sa disponibilité. Conséquence : aucune idée sur la date réelle des élections, rien que des projections truffées d’incertitudes.
La LEPI serait-elle un piège pour la démocratie béninoise ? En effet, en scrutant les maux dont souffre actuellement cette démocratie, on peut bien noter que la LEPI est leur dénominateur commun. Qu’est ce qui est à la base du report sine die des élections municipales, communales et locales ? Qu’est ce qui est à la base du débat à propos d’un éventuel complot contre la démocratie béninoise que préparerait la mouvance Yayiste ? Qu’est ce qui a provoqué la marche du 29 octobre 2014 ?... La LEPI d’une manière ou d’une autre est la raison. Depuis son incursion dans les textes régissant les élections au Bénin, que de doutes ont été enregistrés. Tenir à bonne date une élection, est devenue une vraie équation. On se souvient encore de la tension qui régnait dans le pays lors de l’organisation de l’élection présidentielle de 2011. On se souvient encore des contestations qui ont suivi la tenue effective de cette échéance électorale et qui d’ailleurs se poursuivent. Plus de trois ans après cette échéance, les mêmes problèmes sont de retour. La LEPI pose toujours problème. Le Conseil d’Orientation et de Supervision de la LEPI mis en place pour corriger les erreurs contenues dans l’ancienne liste source de contestations, peine à sortir le résultat du travail qu’attend de lui tout le pays. Des dates repoussées pour diverses raisons, imputables peut-être au gouvernement d’une part, mais peut-être imputables au COS LEPI selon d’autres sources.
L’enregistrement complémentaire et ses soucis
Après plusieurs tergiversations, la phase de l’enregistrement complémentaire prévue pour durer dix jours au départ, connaît déjà un prolongement qu’a annoncé hier, Sacca LAFIA sur le plateau de canal 3. Ce prolongement est-il sans effet sur le calendrier préétabli ? Certainement non. Puisque les dates se resserrent, et promettre la LEPI pour le « 17 décembre » ou le « 24 décembre » 2014 au plus tard devient de plus en plus difficile à croire. Sacca LAFIA serait-il en train de ’’tricher’’ l’ancien président de la CPS LEPI, Arifari BAKO ? En effet, ce dernier ne faisait que rassurer les différents acteurs politiques sur la qualité du travail que lui et son équipe abattait. Or qu’à la fin, après plus de 40 milliards F CFA de dépenser ? Il s’est bien avéré que la LEPI à proprement parler, n’avait jamais existé. Sinon pourquoi n’a-t-elle pas été publiée comme l’a recommandé la loi ? Avec la pression des circonstances, ne serait-on pas en train de préparer un fichier électoral corrigé qui risque de manquer d’être à la hauteur des attentes ? De l’information circule, on retient que ce qui se fait actuellement serait mieux que ce qui avait été fait par la CPS LEPI de Arifari BAKO. Seulement, cette liste, si elle était livrée à date promise par Sacca Lafia, permettrait-elle d’organiser les locales et les législatives sans contestations ? Pourra-t-elle être utilisée pour la présidentielle de 2016, sans qu’on ne retourne dans une série de corrections qui pourrait refuser d’afficher leur fin si c’est le cas actuellement ?
Nécessité de repenser la LEPI
La LEPI telle que conçue à l’origine vise à assurer la crédibilité et la fiabilité des élections au Bénin. Mais la pratique des textes ayant institué cet instrument, ont montré certaines limites. Dans sa conception, le Bénin pouvait-il vraiment réaliser un tel instrument pour organiser ses élections ? Vu toute la technique et les compétences nécessitées pour sa réalisation ? Pour atteindre les objectifs de transparence et de fiabilité visés, n’est-il pas possible d’adopter une conception beaucoup plus souple mais efficace ? Car en effet, dans la précipitation, peut-on sortir un instrument électoral pouvant dignement porter le nom LEPI comme l’a indiqué la loi portant correction de la LEPI ? Cette situation d’interrogations autour de la LEPI, doit pouvoir susciter un débat de fond. Doit-on continuer à entretenir autant de pressions et de suspicions autour des élections, qui par finir peuvent si on ne prend empiéter sur la démocratie en vigueur depuis 1990 ? Déjà, pour la première fois, le Bénin n’a pas pu organiser à bonne date des élections (élections locales)...