Gérer un pays n’est vraiment pas une sinécure. On peut s’en convaincre facilement devant le triste spectacle dans lequel le gouvernement s’empêtre tous les jours. En témoigne le dernier Conseil extraordinaire des ministres en date du 25 novembre 2014 et l’intervention du ministre en charge des Relations avec les institutions, Gustave Sonon. En effet, le jeu politique peut parfois être pervers, cynique, mais surtout pernicieux.
Tel qui croyait prendre, se retrouve souvent pris à son propre piège.
Ainsi, l’étau se resserre un peu plus, chaque jour, sur le pouvoir Yayi. Visiblement dépassé par les événements, le chef de l’Etat multiplie initiatives et rencontres pour reprendre la situation en main. En vain. Heureusement, avec les municipales, les législatives et la présidentielle, la page « Refondation » et l’ère du « Changement », ou on ne sait quel sobriquet, seront tournées. Définitivement. On conjuguera au passé les scandales, les éléphants blancs, les sautes d’humeur du Chef d l’Etat, la guéguerre avec les opérateurs économiques, les tentatives de révision de la Constitution pour s’éterniser au pouvoir, les tentatives de bâillonnement de la presse, les communiqués sibyllins de la Haac, le report des élections, Icc et consorts, Dangnivo, et les cafouillages électorales répétés, pour ne citer que ceux là. En attendant, il faut sortir de l’impasse. Mais, malgré l’incessant appel au dialogue de la société civile, et d’une partie de la classe politique, le gouvernement, désespérément, et presque à son corps défendant, s’accroche à son chronogramme et s’enferme dans sa logique. Dans son conseil du mardi 25 novembre 2016, et dans une sortie sur la Télévision nationale, le ministre Gustave Soton, chargé des Relations avec les institutions, a rappelé la date du 17 décembre 2014. Selon lui, le gouvernement attend le dépôt d’une liste à cette date pour convoquer le corps électoral. C’est un nouveau dialogue de sourds qui s’installe, ou ce qui rassemble, à un bras-de-fer entre le gouvernement et la classe politique. La faute, on ne cessera de le ressasser, incombe en grande partie au président de la République, et ses conseillers pour avoir tergiversé dans l’organisation de ces élections, qui, on le sait désormais, n’étaient pas pour eux, une priorité. Mais, depuis la psychose qu’a ressentie le gouvernement avec l’insurrection ouagalaise, les données ont évolué. Yayi Boni tente désormais de se faire voir comme un « vrai démocrate ».
Savoir quitter les choses
Malheureusement, la confiance avec le peuple est rompue. Et plus le temps passe, sans que ces élections ne soient organisées, plus la tension va monter. L’impatience est d’ailleurs perceptible. Et les invites à la patience du ministre et du gouvernement n’y feront rien. Apparemment, le Chef de l’Etat, qui ne veut pas partir « par la rue », cherche toujours une formule adaptée. Mais, jusqu’à quand ? Comme quoi, pour paraphraser Mitterrand, « il faut savoir quitter les choses, avant qu’elles ne vous quittent ». Surtout en politique.