Irénée Agossa est le nouveau Directeur général de la Sonacop. Avec la bénédiction du chef de l’Etat, comme d’autres avant lui, il quitte la présidence pour diriger une des sociétés vitales de l’économie nationale. Sauf que pour les autres, cela s’est mal terminé. L’ex conseiller de Yayi devra s’éviter de connaître le même sort.
Irénée Agossa est rentré dans le rang des Directeurs généraux des sociétés d’Etat. Un poste qui n’est pas sans risque. Marius Hounkpatin a quitté la direction de la Société béninoise d’énergie électrique (Sbee) depuis mars 2014. Bien malin peut dire là où il a chuté. Expédit Houessou a échoué à la prison civile de Cotonou. Depuis mai 2013, l’ex directeur général de la Sonacop n’est plus libre de ses mouvements. Soumanou Toléba vient d’être débarquer de la Sobemap. Il est rappelé à la présidence de la République en qualité de conseiller technique. La liste n’est pas exhaustive. Mais les limogeages de ces trois directeurs ont un point commun : les affaires. On leur reproche une mal-gouvernance. Les ennuis de Expédit Houessou, que vient de remplacer Irénée Agossa, ont commencé par un bras de fer avec les syndicalistes de la Sonacop. Ils avaient beaucoup trop de documents contre leur directeur général. Une commission d’enquête a fini par corroborer les allégations des syndicalistes. De la Sonacop à la Brigade économique et financière, Expédit Houessou a fini par chuter à la détention provisoire qui n’en finit pas. Au regard des charges qui pèsent sur sa gestion, un conseil extraordinaire des ministres a décidé de son sort. «…le Conseil des ministres a pris acte des mesures prises par la Haute Autorité et a décidé : 1- de relever Monsieur Expédit Houessou de ses fonctions de Directeur général de la Sonacop ; 2- d’instruire le ministre de l’Intérieur de la sécurité publique et des cultes à l’effet de faire écouter celui-ci par la Brigade Economique et Financière sur les faits qui lui sont reprochés ; 3- de demander, le cas échéant, au Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, de la Législation et des Droits de l’Homme, d’engager des poursuites judiciaires à l’encontre de l’intéressé… ».
Toujours la même méthode
Tout comme Irénée Agossa, Marius Hounkpatin est passé de conseiller technique à l’énergie du chef de l’Etat au poste de Directeur de la Sbee. Il avait remplacé Godefroid Tchékété dont il était reproché une mal-gouvernance. Le 28 mars 2014, l’ex conseiller de Yayi était contraint, à son tour, de passer le témoin à son adjoint, Camille Kpogbémabou. Il avait été limogé en conseil des ministres. Marius Hounkpatin a été emporté par une affaire de deux milliards de francs Cfa. L’avenir dira la suite de cette affaire qui semble s’éteindre en même temps que le limogeage du Dg Hounkpatin. Il faut souligner que sa déchéance vient également d’une commission d’enquête diligentée à ses trousses. De la Brigade économique et financière au tribunal devant le procureur, Marius Hounkpatin, contrairement à Expédit Houessou, est sorti indemne. Il a réussi à se sortir d’affaire. Il est toujours libre de ses mouvements. Tout comme Soumanou Toléba. Pour le moment, il ne craint rien aussi. Mais il a quitté la direction de la Sobemap. Le conseil des ministres du 19 novembre dernier a scellé son sort. Seulement, l’affaire des 14 milliards est toujours pendante. A l’époque, nous écrivions que : «Contrairement à ce qu’on tente de faire croire par-ci, par-là, les jours à venir risquent de réserver de désagréables surprises au Directeur général de la Société béninoise des manutentions portuaires (Sobemap). Rien, pour le moment, ne le blanchit dans l’affaire des 14 milliards de passation de marché à la Sobemap. Le Directeur national du contrôle des marchés publics a rendu sa décision qui ne l’arrange pas. (…) Contactés, beaucoup de députés sont conscients que ce dossier est sulfureux et finira devant la justice. Le Directeur général Soumanou Toléba n’est donc pas encore sorti de l’auberge. Les jours à venir nous réservent certainement des rebondissements dans cette affaire».
Tirer des leçons de ces échecs
Bien qu’étant du sérail du régime au pouvoir, ces directeurs généraux sont tombés. Sans doute pas comme ils l’auraient souhaité. Ils ont été lâchés d’une manière ou d’une autre par le même sérail. Des réalités qui doivent édifier Irénée Agossa et d’autres qui seront promus à ces postes nominatifs. A sa prise de fonction, il a pris l’engagement de gérer la maison Sonacop dans la transparence et avec le personnel. Il propose au personnel une gestion axée sur les résultats et s’est condamné à réussir sa mission. «L’heure n’est pas à la parole mais aux actions concrètes », a-t-il souligné. Le nouveau directeur de la Sonacop en aura sans doute bien besoin afin de ne pas connaître le même sort que d’autres. Car, à tort ou à raison, le régime Yayi ne connaît plus les «siens» au moment venu.
