La situation d’accalmie n’aura pas duré. Le consensus retrouvé autour de la correction de la LEPI (Liste Electorale Permanente Informatisée) depuis la marche du 29 octobre 2014 s’est révélé précaire. A sa convention nationale les 21 et 22 novembre dernier, l’UN (Union fait la Nation) avait déjà annoncé les couleurs en invitant le peuple béninois à la veille pour des élections à bonnes dates.
Le ton est encore monté hier mercredi 26 novembre à Cotonou. La coalition des forces politiques et sociales de l’opposition était face à la presse pour se prononcer sur la question des élections bloquées au Bénin. A l’arrivée, hommes et femmes politiques et de la société civile dénoncent le manque de dialogue entre les acteurs politiques pour sortir de l’impasse. L’annonce d’une concertation entre le Président de la République et l’ensemble de la classe politique ne s’est pas encore traduite dans les faits. Les responsables d’Alternative citoyenne, de l’UN, de l’alliance ABT, des femmes baromètres et d’autres forces politiques et sociales impatientes exigent la convocation de ladite concertation dans les brefs délais. D’après eux, les acteurs politiques sont les seuls interlocuteurs indiqués pour trouver un consensus autour des élections. C’est pourquoi, ils demandent la "dissolution" du comité de soutien mis en place pour suivre les travaux de correction de la LEPI. Ce comité n’aurait aucune légitimité à côté des structures légales chargées de préparer les élections. La conférence des Présidents des institutions de la République est aussi dénoncée. Cette conférence qui avait annoncé l’impossibilité d’organiser les élections locales et communales avant 2015, avant de se voir contredite par le gouvernement, est toujours sujet à polémique.
Maintenir la pression
A quelques jours de la fin de l’enregistrement complémentaire sur la LEPI, l’opposition et la société civile veulent faire pression sur le gouvernement afin de prendre les mesures nécessaires pour l’organisation des élections. Le financement des travaux du COS-LEPI "doit être automatique et sans chantage", avertit le député Candide Azanaï. Pour davantage forcer la main au gouvernement, l’opposition et la société civile appellent à nouveau à une nouvelle marche dans les rues de Cotonou le 11 décembre 2014, date anniversaire de la Constitution du Bénin qui aura ce jour-là 24 ans. Le choix de la date est sans doute lié au projet de révision constitutionnelle. Si la question n’agite plus l’opinion, elle demeure quand même à l’ordre du jour à l’Assemblée nationale.
Le gouvernement attend la LEPI
Dans le même temps, un compte rendu du conseil des ministres tenu le mardi 25 novembre était rendu public. Selon le Secrétaire général du gouvernement qui en faisait le compte rendu ce mercredi soir, l’exécutif est disposé à convoquer le corps électoral pour les élections locales et communales à condition que la LEPI, soit finalisée. Cette LEPI, "épine dorsale, élément déclencheur de tout le processus électoral" n’est pas encore apprêtée. Le gouvernement veut donc pas se hasarder à fixer une date pour les élections au risque de devoir la reporter en cas de d’indisponibilité de la LEPI. Or d’après le code électoral, "tout report de la date des élections est interdit". Cette disposition invite "toutes les parties concernées par la fixation de la date des élections à la prudence et la circonspection et à ne s’engager que si les conditions matérielles sont réunies", a déclaré Alassani Tigri.