Le Parti du Renouveau Démocratique (PRD) a toujours prôné un dialogue politique Mouvance/Opposition. L’Union fait la Nation (UN) et le Front n’en voulaient pas : ils voulaient "les Assises Nationales" sans le pouvoir exécutif. Yayi Boni n’en
voulait pas non plus : il préférait affaiblir les partis d’opposition en les divisant, en débauchant en leur sein et en les écartant complètement de la gestion des affaires de l’Etat. Le PRD a payé un lourd tribut à cette politique. Les exemples abondent : par exemple, le nombre de nos Maires est passé de 9 à 2 sans élection ; les cadres supposés proches du PRD sont marginalisés dans l’administration publique pendant que nos hommes d’affaires sont, soit écartés des marchés publics, soit harcelés fiscalement ; etc.
Notre politique de dialogue n’a trouvé d’échos qu’au sein de l’Assemblée Nationale où, sans
jamais céder sur aucune de nos valeurs, nous avons réussi à faire avancer les dossiers sensibles, évitant à notre pays des blocages inutiles. Ex: loi sur la correction de la LEPI, sur la CENA, le Code Électoral. Nous tenons à remercier encore toutes les composantes de l’Assemblée Nationale pour leur ouverture d’esprit.
Aujourd’hui comme hier, les faits nous donnent raison. Ceux qui ne voulaient hier que des
assises, demandent maintenant au Gouvernement de dialoguer avec eux. Le Gouvernement qui hier ne se livrait qu’à des monologues, supplie aujourd’hui tout le monde de s’asseoir pour discuter.
Les temps ont donc changé ! Et le PRD, conforté par les faits, ne peut que maintenir sa ligne.
Dans notre communiqué du 12 novembre, nous avons dénoncé le cadre de concertation des institutions mis en place par le Gouvernement ; nous avons dit qu’il ne peut pas être
considéré comme un cadre de dialogue Mouvance/Opposition et qu’il est inefficace pour
résoudre les problèmes auxquels le Pays est confronté. Nous avons dit que ce cadre est
inefficace pour régler les difficultés rencontrées par le COS-LEPI dans les tâches qui lui restent à accomplir pour que nous ayons une bonne liste électorale. Dans ce communiqué, nous avons sévèrement mis en garde le Gouvernement contre les faux-semblants, les subterfuges qu’il manigance depuis le départ pour faire échouer le COS-LEPI.
Nous avions vu juste ! Faute de concertation avec toutes les forces politiques et sociales pour une grande mobilisation populaire et pour une bonne disponibilité des outils de travail et du
personnel, le COS-LEPI n’a pas pu réaliser dans le délai, les performances attendues en phase
d’enregistrement complémentaire. Malgré la nouvelle prolongation d’une semaine décidée il y a quelques heures par le COS-LEPI, la plus grande incertitude continue de peser sur la tenue à bonne date des élections locales et bientôt, des législatives.
Face à cette situation, le PRD entend protester. Protester au nom des populations humiliées qui n’arrivent pas à se faire enregistrer, et qui redoutent plus que tout, d’être encore flouées comme elles l’ont été en 2011.
La démocratie consiste à faire des élections à bonne date, avec une liste électorale complète, transparente, fiable et juste. L’instrument que constitue la loi est bon. C’est le Gouvernement et ses prolongements dans l’exécution de la loi qui ne veulent pas jouer le jeu de l’efficacité et de la transparence.
Le complot contre la démocratie se poursuit. Nous avons été les premiers à le dénoncer et les
seuls à proposer à temps, la solution pour le déjouer : c’était notre proposition de loi instituant
une liste électorale ad’ hoc déposée le 6 février 2014, curieusement enterrée dans les arcanes parlementaires et dont tout le monde regrette maintenant qu’elle n’ait pas été examinée
et adoptée à l’époque. Huit mois après, nous avons été les premiers à alerter l’opinion publique
du danger qui nous guette de voir même l’Assemblée Nationale disparaître, parce que nous
n’aurions pas pu organiser les élections législatives à bonne date, faute de liste électorale :
c’était le dimanche 21 septembre dernier au cours de l’émission « Zone Franche » de Canal3.
Nous remercions le peuple béninois tout entier pour sa prompte réaction : partis politiques,
société civile, confessions religieuses, syndicats. A l’unisson, comme un seul homme, chacun
dans son registre, ils ont reconnu l’imminence du péril, appelé à la vigilance et invité le
gouvernement à prendre les mesures qui s’imposaient pour des élections à bonne date.
Le point d’orgue du mouvement fut la marche pacifique du 29 octobre qui fut un succès et
dont le PRD félicite ici encore, les initiateurs et les participants.
Deux mois se sont écoulés depuis l’intervention du Président Houngbédji sur Canal 3, et un mois s’est écoulé depuis la marche pacifique du 29 octobre. Que constatons-nous ? Nous constatons que malgré les fonds injectés à retardement par le Gouvernement, malgré la mise sur pied par le Gouvernement d’un comité de suivi, lui même émanation d’un cadre de concertation des Institutions, les travaux du COS-LEPI piétinent : l’enregistrement complémentaire prévu pour être achevé le 30 novembre, n’a pas atteint les objectifs qui lui sont assignés ; la date butoir du 17 décembre fixée pour la remise du fichier électoral sera probablement repoussée.
L’incertitude perdure. Et le Gouvernement persiste dans sa politique d’enfermement sur soi-
même, au lieu du dialogue avec toutes les forces concernées.
Pour l’ensemble de ces raisons, le PRD organisera:
- le mercredi 10 décembre à Porto-Novo, Capitale du Bénin, une marche pacifique ;
- le jeudi 11 décembre à Cotonou, une autre marche pacifique de protestation.
Nous disons bien une marche à Cotonou le jeudi 11 décembre. Nous n’emprunterons pas
l’itinéraire de la marche prévue le même jour à Cotonou par les responsables du mouvement dit de "LA PLATE FORME". Cotonou est une grande ville et il est de pratique courante que plusieurs marches se déroulent suivant des itinéraires différents dans une même ville. Donc pas de provocation en vue.
Nous demanderons aux Autorités Publiques de bien vouloir inviter les 2 organisations politiques pour délimitation des itinéraires, ainsi qu’il est également de pratique courante en régime démocratique. Ce faisant, nous n’inventons rien. On peut être plusieurs partis d’opposition sans forcément penser et dire la même chose à propos de tout, sans penser et faire la même chose au même endroit. Et nous comprenons parfaitement que certains dans l’opposition ne veuillent pas travailler avec d’autres ; c’est leur droit. Au PRD, nous avons et nous aurons toujours une culture de liberté et non une culture de secte.
Fait à Cotonou, le 1er Décembre 2014
La Direction Exécutive Nationale du PRD