L’Université d’Abomey-Calavi (Uac) est, depuis quelques jours, un champ d’affrontement entre étudiants et policiers. Et pour cause. Les organisations estudiantines à savoir la Fneb, l’Uneb et l’Unseb ont déclenché un mouvement de grève illimité pour protester contre le payement de la double inscription au titre de l’année universitaire 2014-2015. Pourtant, la mise en œuvre d’une telle mesure par le rectorat est en conformité avec le décret n°2008-802 du 31 décembre 2008 portant prise en charge par l’Etat des frais d’inscription des étudiants béninois non boursiers, non secourus, non salariés dans les universités nationales du Bénin. Par ailleurs, l’article 4 de ce décret dispose : ‘’qu’au titre d’une année académique, cette prise en charge des frais d’inscription est valable pour un seul établissement’’. Une restriction que rejettent les organisations estudiantines, qui contestent la légalité de ce décret, rendu public des semaines après le départ du gouvernement du ministre signataire, le professeur Vicentia Boco.
Faire parler la raison
Une gratuité sans restriction aucune des inscriptions dans les universités publiques du Bénin. C’est de ça que rêvent les étudiants. Mais entre le rêve et la réalité, il faut savoir raison garder. Il est un secret de polichinelle que les universités nationales du Bénin peinent à faire face aux effectifs sans cesse croissants d’étudiants qui sortent, chaque année, des lycées et collèges. Pourtant, presque personne ne se soucie des charges que génère la mesure de la gratuité des inscriptions, instituée par le décret n°2008-802 du 31 décembre 2008, qui heureusement a aussi encadré cette volonté politique de faciliter l’accès au haut lieu du savoir. L’administration est une continuité et les actes posés par un ministre en fonction ne sauraient être forcément remis en cause, après qu’il a été relevé de ses fonctions. Ainsi, l’ex-ministre pourrait bel et bien signer un décret avant son départ du gouvernement, et que le chef de l’Etat y appose sa signature en dernier ressort. D’ailleurs, le débat autour de la légalité du décret n’est aujourd’hui pas utile. Il y a une évidence. Chaque année, l’Université d’Abomey-Calavi reçoit environ trente mille nouveaux bacheliers, ceci sans tenir compte des anciens étudiants, tous bénéficiaires de la gratuité de l’inscription. Et, à court ou à long terme, une mesure de gratuité sans restriction, pourrait porter de graves préjudices à la continuité de la formation dans les universités nationales du Bénin, un pays aux ressources limitées. Il serait donc plus judicieux de dialoguer pour parvenir à un consensus sur l’encadrement de la mesure de gratuité. L’université est par excellence le haut lieu de savoir où les divergences doivent se régler selon les normes. Il serait peut-être temps de corriger le triste spectacle qu’offre l’Uac depuis plusieurs générations en matière de lutte estudiantine. Les actes de vandalisme portent beaucoup plus de préjudices aux étudiants qu’à l’administration rectorale. Les organisations estudiantines devraient le savoir et éviter l’extrémisme.