La concertation avec la classe politique souhaitée par Boni YAYI a été un échec. Les invités attendus pour que le dialogue porte dignement son nom, ont en effet, brillé de par leur absence le vendredi dernier.
Cette politique de la chaise vide, quoique surprenante pour une opposition pourtant demandeuse, permet, à l’analyse, à celle-ci, de surmonter un obstacle que visiblement tendait à créer le gouvernement pour faire perdre à la marche pacifique du 11 décembre 2014, ses raisons.
Comme à l’accoutumée, Boni YAYI a gardé l’air et la physionomie très innocents. La paix, l’amour, Dieu etc., ont agrémenté son discours le vendredi dernier, à l’occasion de la rencontre souhaitée par le gouvernement avec toute la classe politique.
Mais cette allure innocente présentée et propre à séduire et rallier, n’a apparemment plus d’effets. L’opposition politique absente à cette rencontre, n’a pas caché ses raisons.
L’Honorable Eric HOUNDETE et les autres membres de la plate forme organisatrice de la marche pacifique du 11 décembre 2014, ont en effet compris que loin de comprendre le problème qu’ils posent et de chercher à trouver les voies et moyens pour les résoudre, Boni YAYI voulait une fois encore se jouer d’eux. Le contexte et les circonstances sont évocateurs.
L’idée d’un dialogue politique n’a visiblement germé dans l’esprit de Boni YAYI que lorsqu’il a eu écho de la marche pacifique du 11 décembre, qui il faut le souligner, avait aussi un itinéraire assez particulier.
Ce qui voudra-t-il dire que si l’idée d’une marche n’avait pas été remise sur tapis, Boni YAYI serait resté peinard dans son discours accusateur des institutions républicaines, et des acteurs politiques, notamment ceux de l’opposition, qui seraient auteurs de la crise grandissante autour de la LEPI en correction, sans laquelle, aucune élection ne peut plus se tenir au Bénin. A priori, le gouvernement ne devrait pas être accusé de tous les maux actuels.
Mais c’est en faisant une analyse de la situation que l’on se rend compte que sa sincérité est fortement remise en cause. L’idée d’un troisième mandat, malgré les assurances présidentielles continue de susciter des polémiques.
Outre la révision de la Constitution redoutée, s’est greffée, l’idée d’un complot contre la démocratie et dont la trame serait l’inorganisation à bonne date des élections. A la lecture des évènements qui se succèdent, de plus en plus, cette idée se renforce, avec la situation chaotique qu’affiche le processus de correction de la LEPI.
La marche pacifique du 11 décembre, même si son objet dans sa formulation reste diplomatique, il est clair que c’est un deuxième avertissement que veut donner l’opposition politique et la société civile à Boni YAYI, après l’historique marche du 29 octobre passé. Cette invitation précipitée au dialogue, ne pouvait donc être valablement interprétée. Et son échec est bien cuisant.
Le dialogue est devenu un monologue, permettant ainsi à l’opposition de ne pas prêter flanc, à une manipulation politique à peine voilée, pour faire échec à l’initiative de la marche pacifique du 11 décembre 2014.