Le Président du Mouvement populaire de résistance (Mpr) était l’invité de l’émission ‘’Cartes sur table’’ de la radio Océan Fm. A cette occasion, il a affirmé que le gouvernement a choisi de se réfugier dans un monologue en acceptant d’échanger avec les siens à un moment où les autres forces politiques et sociales analysaient l’offre de leur participation. Il trouve que le dialogue du vendredi passé, est une mascarade qui a accouché d’une souris.
Océan Fm : Le 6 avril 2014 vous étiez sur cette même émission dans la peau du Vice-président de Conscience citoyenne. A l’époque, vous disiez : « Yayi a réussi à installer la corruption morale. Nos rois sont devenus aujourd’hui des roitelets qui marchent pour Yayi. Au Bénin, il n’y a que l’Eglise catholique qui résiste encore. Ces mots vous ont coûté votre poste. Vous avez été démis de la Vice-présidence de Conscience citoyenne. Vous le regrettez aujourd’hui ?
Bruno Kangni : C’est une délivrance !
Dans un communiqué en date du 12 novembre dernier, vous invitiez le peule béninois à prendre ses responsabilités et à agir pendant qu’il est encore temps. Ce communiqué finissait par : « Peuple du Bénin debout ! Jeunesse debout ! C’est ton combat. Le Mpr t’offre le cadre pour agir ». Peuple debout, agir, combat, n’est-ce pas, des expressions un peu trop fortes dans un pays de paix ?
Ce peuple qui, en 2006, croyait bien faire en votant pour un candidat en la personne de Monsieur Yayi Boni qui a été normalement élu en 2006, s’est trouvé floué à partir de 2011, parce qu’il a compris qu’il s’est trompé.
Depuis lors, c’est un bras de fer entre le peuple et le président de la République, ce qui, normalement, dans les régimes démocratiques, n’est pas une bonne chose. Ce bras de fer se poursuit et, jusqu’aujourd’hui, nous entraîne dans une impasse. Ça ne va pas dans le pays. Si nous prenons le plan social, ce sont des crises. Si nous prenons le plan politique, pareil. Il en est de même pour le plan économique.
Tout ceci est corroboré par une volonté manifeste de ne pas vouloir organiser les élections démocratiques. Le peuple est le seul souverain. C’est seul le peuple qui décide de son sort et qui choisit ceux-là qui pourraient éventuellement le représenter. Je crois que ce peuple est floué et, la seule chose qui nous reste, c’est de nous mettre debout pour barrer la route à tout élan dictatorial, barrer la route à toute oppression.
De ce point de vue, la suite dépendra du comportement de Monsieur Yayi Boni et du peuple ; surtout DE la jeunesse qui a été flouée et à qui on a beaucoup promis, mais on n’a pratiquement rien fait. Si c’est pour aller jouer au football, la jeunesse n’a pas besoin du gouvernement. La jeunesse veut plutôt de l’emploi.
Mais, pas de l’emploi factice, improvisé. L’emploi se crée à travers des structures d’entreprise. Aujourd’hui, non seulement le pays est en crise économique, mais c’est qu’il y a une volonté manifeste de diviser le pays. Nous ne pouvons pas tolérer cela.
C’est pour cela que vous avez créé le Mpr ?
Oui ! Le Mpr est né par la volonté des jeunes. C’est eux qui ont eu cette initiative. Ils ont choisi ma modeste personne pour que je sois le porte flambeau de leur lutte. Parce qu’ils ont dit : « plus jamais ça ». Ils ont compris que la route que ce pouvoir est en train de prendre est une route qui va sacrifier le pays. C’est pourquoi les jeunes ont dit qu’ils doivent être résistants par rapport aux acquis démocratiques depuis 1990.
C’est pour cela qu’ils ont créé le Mouvement populaire de résistance pour contrer toutes dérives dictatoriales, non seulement aujourd’hui, mais aussi demain. Au cours de la marche du 29 octobre dernier, le maximum de ceux qui ont marché, c’est la jeunesse. Mais, est-ce que vous savez qu’après cette marche, ces jeunes sont restés encore sur la place Lénine pendant des heures ? Nous avons dû les contenir parce qu’ils ont dit : « trop c’est trop ». Le pouvoir s’amuse. Les jeunes sont déterminés à récupérer leur pouvoir.
Nous sommes assez déterminés. Nous avons le cœur chaud et la tête froide. Nous attendons avec beaucoup d’ardeur la date fatidique du 11 décembre qui représente un symbole. La Constitution du Bénin a été votée le 11 décembre. Cette Constitution a permis que Monsieur Yayi Boni soit président de la République.
Pour rien au monde, personne ne voudra donner des coups d’assaut et remettre en cause cette Constitution. C’est pourquoi cette journée du 11 décembre est une journée de détermination parce que nous avons des souvenirs. Le Chef de l’État a intérêt à écouter ce peuple qui ne réclame que ces élections. Car, nous ne pouvons présager de tout ce qui peut advenir le 11 décembre. De toute façon, la détermination est là. Le combat est là. L’enjeu aussi est de taille.
Les jeunes cherchent à récupérer le pouvoir. C’est vous qui le dites, mais pas par la rue
Que comprenez-vous par la rue ? La Constitution est claire. La souveraineté appartient au peuple. Le peuple est où ? Il est dans la rue. Il n’est pas dans les maisons. Le peuple, ce n’est pas à la Présidence de la République. Ce n’est pas dans les institutions. Le peuple, c’est dans la rue. C’est le seul moyen dont le peuple pour manifester son ras-le-bol.
Lorsqu’Hitler prenait le pouvoir en 1932, le peuple américain a marché contre la prise de pouvoir d’Hitler. C’est pour vous dire que lorsqu’on parle du peuple, le vrai peuple, c’est dans la rue. Tout le reste, ce sont des délégations de pouvoir. Si ceux à qui on délègue ce pouvoir ne savent pas manœuvrer, le peuple est obligé de reprendre ce pouvoir. Le seul moyen que le peuple a de reprendre son pouvoir, c’est la rue.
Avez-vous rempli les formalités administratives auprès des autorités compétentes ?
C’est le Maire, l’autorité administrative, qui nous donne le quitus pour la marche. La marche fait partie des manifestations publiques. La Constitution nous garantit cette marche. A partir de là, nous ne faisons qu’informer l’autorité. Nous informons aussi la Police pour l’encadrement de la marche.
Comme les autres forces politiques, le Prd partagera avec vous les artères de Cotonou. Est-ce que cela ne vous inquiète pas ?
Pourquoi voulez-vous que cela nous inquiète ? Lorsqu’en 2002, aux élections présidentielles, le Président du Front national s’est retrouvé au second tour avec Monsieur Jacques Chirac, vous avez vu toutes les manifestations spontanées qu’il y avait eues dans les rues. Est-ce que cela a gêné le Pouvoir français ?
Nous avons plusieurs artères à Cotonou. C’est même très bien que le Prd aussi manifeste ses intentions ce jour-là. Cela fera une pluralité de manifestations. L’une n’est pas dirigée contre l’autre. Nous menons des actions complémentaires. De ce point de vue, c’est une très bonne chose que notre itinéraire soit défini. Le Prd aussi a défini son itinéraire. Je ne vois pas en quoi cela gêne.
Au contraire, ce n’est qu’une très bonne chose. Cela veut dire que le pays, sera en ébullition populaire le 11 décembre. Ce serait une véritable manifestation de la population. Qu’est-ce que nous voulons d’autres ? Ce n’est que cela. A partir de là, je crois que ceux qui veulent opposer le Prd à la Plate-forme se trompent de combat.
Nous œuvrons tous pour que la démocratie, ce bijou que nous avons obtenu en 1990, nul ne puisse le remettre en cause, quelque soit les prouesses de celui-là. De ce point de vue, en plus du Prd et de la Plate-forme, j’invite tous les Béninois à se joindre à nous dans le cadre de cette marche qui vise à sauvegarder notre démocratie.
Reprécisez un peu l’itinéraire de votre marche
Nous partirons de la Place Lénine. On passera par le marché Dantokpa, l’Etoile rouge et nous allons aboutir à la Place Bulgarie.
Il paraît que les Fcbe et les Fous du roi seront également dans les rues pour une contre marche. Ne craignez-vous pas une collision ?
Si c’est vraiment des fous, la Police s’occupera d’eux. Parce qu’on ne peut pas permettre que des fous marchent. Juridiquement, on ne doit pas permettre à un fou de marcher. Par contre, si les Fcbe (Forces cauris pou un Bénin émergent Ndlr) veulent marcher, libre à elles. J’espère que si les Fcbe veulent manifester aussi pour célébrer la démocratie, c’est une bonne chose. Cela veut dire qu’ils sont en train de marcher contre leur chef. Tout le monde voit aujourd’hui que le Président de la République ne veut plus de la démocratie béninoise. Donc, ce serait une très bonne chose que nous voyons aussi les Fcbe marcher pour scander les gloires de la démocratie. Le chef doit en tirer les conséquences.
Et si vos itinéraires s’entrechoquaient ?
Nous avons déjà rempli les formalités administratives. Quand aux itinéraires, c’est la Police qui doit régler cette question. A l’heure où je vous parle, je ne sais pas si les Fcbe veulent marcher. Je ne sais pas par où ils veulent prendre. Comme ce n’est pas nous qui gérons l’administration territoriale, ils doivent informer l’administration territoriale et la Police de leur itinéraire. Nous avons rempli nos formalités. Aux autorités de faire leur travail. Encore qu’elles ne nous effraient nullement. Du tout pas ! Ces derniers temps, les Fcbe sont beaucoup tétanisées. Vous avez vu à l’Assemblée nationale ? Il a suffi du vote secret et, le budget de 2014 a été rejeté. C’est un signe. Cela veut dire que les membres des Fcbe sont tétanisés par qui de droit.
Mais plusieurs marches dans une même ville, n’y a-t-il pas un risque de trouble à l’ordre public ?
Qu’est-ce que vous appelez trouble ? Le peuple veut magnifier sa démocratie et, vous appelez cela trouble ? Je ne vois pas le problème. Il n’y a aucun trouble. Le trouble serait lorsque les gens vont commencer par tirer en l’air. J’espère que la Police ne va pas faire cela. C’est cela qui sera le trouble alors. Nous marchons pacifiquement pour réclamer la tenue des élections communales dans les meilleurs délais. Parce que, pour nous, le Cos-Lépi a bel et bien dit que le 17 décembre, la fameuse Lépi doit être disponible. Pour nous, il n’y a plus de date en dehors du 17 décembre. Nous voulons manifester notre mécontentement face à cela et magnifier notre démocratie. A la plate-forme, nous n’avons aucune intention de troubler l’ordre public. Nous voulons manifester. Il y a une disposition constitutionnelle et, nous voulons agir par rapport à cela.
Pourquoi les forces politiques et sociales ont-ils brillé par leur absence au dialogue qui a eu lieu à la Présidence de la République ?
Je dois dire que nous n’avons pas brillé par notre absence. Nous n’y sommes pas conviés. D’abord, c’est nous qui l’avions réclamé, suite au silence de l’Exécutif par rapport à notre marche du 29, où nous avions des exigences. Nous remarchons le 11 décembre parce que, jusque-là, le Chef de l’État n’a pas ouvert le dialogue pour que les élections communales aient lieu à bonne date, et la bonne date pour nous ne doit pas dépasser fin décembre. C’est suite à cela que le gouvernement a encore réagi. Le Ministre Sonon s’est d’abord rapproché du Président Amoussou. Ce dernier lui a demandé d’aller vers la Plate-forme et de nous saisir officiellement. Donc, il y a eu échanges de courriers entre nous. Le courrier qu’on nous a adressé, c’était pour la réunion préparatoire du dialogue. Nous nous sommes retrouvés. On leur a dit de nous préciser l’objet du dialogue. Dialogue suppose l’élaboration des termes de référence. On parlera de quoi ? L’objet ne va pas par élimination. Peut-être par addition. Donc, chacun pose ses conditions du dialogue. Nous convenons ensemble. C’est sur cela que nous allons nous baser pour discuter et aussi convenir de ceux qui vont assister au dialogue. C’est ce que nous avons prévu dans notre courrier. En retour, ils ont demandé d’arriver à cette réunion préparatoire du dialogue. C’est à cette réunion préparatoire du dialogue qu’à travers nos exigences, le ministre n’a pas voulu reconnaître. On s’est dit que s’il en est ainsi, on n’a plus notre place, puisqu’ils veulent que cela soit à la rencontre du dialogue que les thèmes soient choisis. Nous ne sommes pas quand même des enfants. Nous avons dit que nous sommes désolés. Quel est ce monologue ! Nous ne voulons pas de monologue. Le vrai dialogue, c’est le compromis entre deux forces. C’est ainsi qu’à la réunion préparatoire du dialogue, ne s’étant pas fait comprendre, nous avons rebroussé chemin. Est-ce que c’est nous qui avions refusé le dialogue ? La preuve. Dites-moi, de manière concrète, ledit dialogue du vendredi a accouché de quoi ? Vous voyez comment on s’amuse avec ce peuple ! Donc, ne dites plus qu’on était absent au dialogue. On n’a pas été convié parce que, dans la préparation, il n’y avait pas eu compréhension entre nous. Nous sommes face au peuple. Il faut qu’il soit objectivement informé. Mais c’est nous qui voulons le dialogue. Mais vous savez que c’est un secret de polichinelle que le Chef de l’Etat ne veut pas des élections communales. Pour lui, ce qui le préoccupe, c’est d’aller aux élections législatives. Vous savez pourquoi ? Parce que le rêve de la révision est toujours en train de le tarauder.
Mais vous dites que vous n’avez pas été invités, mais les Béninois ont quand même vu défiler sur la Télévision nationale des bandes pour vous convier !
Vous avez dit la Télévision nationale. Est-ce que c’est la seule télévision sur la place ? Avez-vous vu des bandes sur les autres chaînes ? Cette télévision, c’est dommage ! Parce qu’il y a d’éminents journalistes à cette télévision. Je ne sais pas ce qui se passe au niveau de cette chaîne pour qu’elle devienne la caisse de résonance du Pouvoir en place où on ne fait que voir Monsieur Yayi Boni, Président de la République. Si ce sont des choses qui parviennent de cette télévision, prenez cela avec des pincettes. C’est leur monologue. Cette propension à tout envahir au niveau de la Présidence de la République n’est pas une bonne chose. C’est quand même le symbole de l’Etat. Ne doivent aller à la Présidence de la République que les conclusions et les démarches des diverses concertations qu’il y a eues. Le Président de la République veut toujours prendre d’assaut tout. Notre constitution est quand même claire. On sait dans quoi il peut se mêler. Il prend le devant de tout. Quelle est cette omniprésence là ? Cela devient quand même envahissant.
C’est quand même le Président de la République
Je reconnais qu’il est mon Président. Je lui dois ce respect.
N’est-ce pas que pour mieux faire ?
Non ! Qui trop embrasse mal étreint. Il se met trop devant. Pourquoi cette mascarade du vendredi ? Cela a donné quoi alors que les sérieux problèmes sont sur la place. Nous avons déjà violé la Constitution en n’organisant pas les élections communales depuis bientôt deux ans. Vous pensez que cela fait bonne image ? Les gens croient que nous sommes dans un régime dictatorial. Ce sont les signes des régimes dictatoriaux. La bonne santé de la démocratie, c’est l’organisation à bonne date de toutes les consultations électorales. Depuis près de deux ans, on n’a pas organisé les élections et on continue de nous amuser. Le peuple aura son dernier mot à dire.
Lorsque les forces politiques et sociales se sont faites absentes, finalement ce n’est pas l’opposition qui est perdante ?
En quoi on est perdant ? D’abord, qu’est-ce qui est arrêté dans leur dialogue ? Ne dites plus que l’opposition est absente. C’est le Pouvoir qui n’a pas voulu de notre présence à ce dialogue. Nos propositions n’ont pas été prises en compte. Voulez qu’on aille assister en temps qu’observateur ? On n’a pas besoin. Nous sommes gênés en quoi ? Le pays ne se résume pas à la Présidence de la République.
Mais le Ministre a regretté votre absence au Palais !
Est-ce que le Ministre a la décision ? Il a agi par rapport aux consignes reçues. Les Ministres eux-mêmes savent qu’ils ne sont pas responsables. Rappelez-vous le Ministre Moudjaïdou quand il avait pris la décision de combattre l’essence frelatée. A son retour, il a dit : « allez demander au Premier ministre Koupaki et il vous dira si les paroles des Ministres ont une valeur pour le Président de la République ». C’est pour vous dire que je comprends la souffrance de monsieur le Ministre. Ce qu’il fait n’est pas la traduction de sa pensée. Il est aux ordres et agit selon les desiderata de celui qui lui commande ce travail. Oubliez cela ! Nous n’avons pas d’état d’âme par rapport à ce dialogue. Nous avons voulu un dialogue franc, d’ouverture pour aller aux élections. Le pouvoir n’en veut pas. L’élection n’est pas du bon vouloir du Président Yayi Boni. C’est une disposition constitutionnelle qui s’impose à tout le monde. De ce point de vue, nous sommes des citoyens de ce pays. Nous réclamons les élections et nous l’obtiendrons. Rassurez-vous ! Nous aurons des élections contre le gré de Monsieur Yayi Boni. Mais, c’est le peuple qui décide. Le peuple aura ces élections-là avant les législatives. Le reste, dans quelles conditions, on ne sait pas encore. Ce qui est sûr, nous aurons cette élection. La Cour s’est fourvoyée. Elle a été complice d’un jeu dangereux. Je crois, de toute façon, que l’histoire jugera chacun de nous. Nous avons déjà eu deux élections communales. Il reste la troisième. Tout le monde sait que depuis que monsieur Yayi Boni est devenu Président de la République, nous avons des élections éprouvantes jusqu’à ce qu’aujourd’hui nous ayons complètement oublié une élection capitale. Nous aurons ces élections coûte que coûte avant les législatives et la présidentielle.
Parlant toujours de cette rencontre au Palais de la République, le Président de la Céna a montré une certaine satisfaction. Il a aussi regretté l’absence des forces politiques et sociales que vous êtes
D’abord, la présence du Président du Cos-Lépi à cette rencontre est déjà quelque chose qui n’est pas bien. Le Cos-Lépi est constitué de membres d’horizons divers. A la limite, on pourrait avoir la présence du bureau du Cos-Lépi. Mais, on a eu la présence du Président du Cos-Lépi seul. Vous connaissez son bord politique. ‘’Le pauvre’’ ! Aujourd’hui, il est pris en sandwich. Qui sont ceux qui critiquent le président du Cos-Lépi le plus ? Ce sont les membres de son obédience politique. Donc, ce que monsieur Sacca Lafia a dit n’engage pas la Plate-forme. D’ailleurs, le Cos-Lépi a légalement une durée de six mois. Depuis 2013, faites le compte. Donc, ils sont dans l’illégalité. Même le Cos-Lépi est dans l’illégalité parce que les députés n’ont pas voté la prorogation de son mandat. Mais, c’est le jeu flou du pouvoir pour ne pas financer les élections. On dilapide les fonds du contribuable. Nous avons d’énormes problèmes dans le pays. Aujourd’hui (7 décembre Ndlr) c’est le dernier jour pour l’enregistrement complémentaire. On ne fera pas un jour de plus. Il ne faut pas que demain on nous dise que c’est parce que l’enregistrement complémentaire a duré que, le 17 décembre on ne pourra plus. Non ! Pour nous, la date buttoir, c’est le 17 décembre. A partir du 17 décembre, on ne s’engage plus dans les histoires de Cos-Lépi. C’est fini ! Le peuple réclame ses élections.
Allez-vous forcer la main au gouvernement au cas où cela ne se ferait pas ?
Nous avons bien dit que nous irons, par des actions, à intensité progressive.
Cela veut dire quoi ?
Le pays est à nous tous. Je suis un citoyen de ce pays. J’ai des enfants qui ont fait de hautes études. J’ai le devoir d’agir pour qu’eux aussi vivent bien demain. De ce point de vue, je dois mener la lutte qu’il faut pour leur garantir cet avenir-là. Sinon, nous aurons toujours une caste, une classe qui sera toujours une oligarchie pour opprimer les autres. Non ! La liberté s’arrache. C’est au prix de luttes. La lutte, aujourd’hui, est une lutte pour la sauvegarde des intérêts. Il faut que les jeunes comprennent que c’est leur lutte. Il faut qu’ils sachent que leur avenir est en train d’être hypothéqué. Ce qui se fait n’est pas bon. Plus jamais nous n’allons accepter de dictature dans ce pays. Le bourreau tourne toujours deux fois. La seconde fois, n’est pas l’oubli. Ce que nous avons cautionné en 2011, c’est cela qui donne cet élan là. C’est pourquoi on se permet aujourd’hui de faire ce qu’on a fait-là. Mais, je crois que le peuple a déjà pris conscience et sais qu’il faut agir. En ce qui nous concerne, on n’a pas d’état d’âme. Mais une chose est claire. Le Cos-Lépi, le Pouvoir, la Cour constitutionnelle ont floué le peuple. Il faut qu’ils se ressaisissent pendant qu’il est encore temps. Parce que les élections constituent la préoccupation majeure du peuple béninois.
Justement le dialogue a fixé la date des élections législatives au 26 avril 2015. Cela vous convient-il ?
Je l’ai suivi hier sur Golfe Tv et il s’est ravisé en disant que c’est une proposition. Au niveau de la Plate-forme, c’est le rejet catégorique. Nous n’irons pas au 2 avril. Ce n’est pas possible. Parce que cela fait un décalage d’un mois entre les élections communales et législatives. La ruse est que, jusqu’au 25, la Lépi ne sera pas encore dans les conditions pour pouvoir servir aux élections communales. La Cour constitutionnelle va revenir pour dire : « attention ! Les élections législatives sont du domaine de la Constitution ». Elle va se lever pour dire « non, attention ! Il faut que les élections législatives aient lieu le 26 avril ». On se mettra dans sa préparation et, de manière sibylline, lâcher les élections communales. Nous disons « non ». Pour nous, les élections communales doivent impérativement avoir lieu, au plus tard, fin décembre, début janvier.
Mais le Ministre a dit que les législatives ont valeur constitutionnelle
C’est lui qui le dit. Les élections communales émanent de la Constitution en ses articles 150 et 151. C’est de cela qu’on s’est inspiré pour faire les lois qui organisent les élections communales et locales. A partir de cet instant, les lois sur les élections communales et locales tirent leur source de la Constitution. Par voie d’entraînement, est-ce que les élections communales ne sont pas constitutionnelles. Deuxième chose, nous avons déjà eu deux élections communales. Donc, il y a eu jurisprudence. A partir de là, c’est entré dans les habitudes. C’est entré dans le registre des lois de la République que les élections communales ont lieu tous les cinq ans. C’est une blague de mauvais goût. Cela ne passe pas.
S’il arrivait qu’il y ait des tirs pendant la marche, qui serait responsable ?
Des tirs ? Ce serait une audace. Aujourd’hui, le monde évolue. Ceux qui auraient tiré savent ce qui les attend parce que, sur le plan de l’Onu, il y a des dispositions qui prévoient que lorsqu’un militaire ou un agent en uniforme tire sur les citoyens, il doit répondre personnellement devant la Justice internationale. Deuxième chose, celui qui osera tirer une seule balle sur un Béninois, il sait ce qui l’attend. Il ne faut même pas envisager cela, parce que nous avons les mains nues. Nous voulons marcher. Nous avons nos voies pour scander ce que nous voulons. Nous n’avons pas cette tradition ici. Il ne faut pas évoquer cela. Attention ! Ce peuple a une tradition de lutte. La plupart des lutteurs sont encore en place. Vous constaterez le 11 décembre prochain. Vous verrez le vrai peuple manifester. Je crois que si le Chef de l’État n’en tire pas les conséquences, ce serait dommage. Parce qu’il n’est pas question que les législatives passent avant les communales. Les maires ont commencé par être arrêtés de part et d’autres. Cela ne donne pas une bonne image de notre pays. On aurait organisé ces élections depuis que, ces gens qui sont arrêtés, c’est en tant qu’individus qu’ils vont se présenter devant la Justice. N’évoquer même plus cela. Jusque-là, il n’y a pas d’éléments encore puissant à part cette décision de la Cour constitutionnelle qui est une hérésie juridique. Est-ce que la Cour constitutionnelle peut nous dire où se trouve la Lépi. La Cour même ne connaît pas. On nous dit que sans cela, on n’ira pas aux élections. Le peuple est le seul souverain.
Abordons le projet de révision de la Constitution encore à l’Assemblée nationale. Comment expliquez-vous que le gouvernement ne retire pas son projet de révision
C’est une question intéressante. Cette tentative de révision solitaire du Président de la République a reçu l’opposition farouche de la société parce que la démarche n’avait pas requis le consensus. Souvenez-vous, en 2006, lorsque l’Assemblée a respecté toute la procédure pour réviser la Constitution en prolongeant leur mandat, la Cour a inventé un nouveau concept pour dire que la révision ne peut pas se faire sans le consensus.
Donc, le consensus aujourd’hui rentre dans les normes constitutionnelles pour la révision de la loi fondamentale. A partir de là, à l’heure où nous sommes, le consensus ne s’est pas très bien fait au tour de cette révision. Cela dit, je remercie le Président de l’Assemblée nationale. Actuellement, c’est la guéguerre. Si au sein de la mouvance, il n’y a pas dialogue, comment voulez-vous qu’il y ait dialogue entre la mouvance et l’opposition.
Tout ceci veut dire que nous ne sommes plus dans un système où la confrontation des idées est acceptée. Le ‘’roi’’, tout ce qu’il dit est la Constitution. Je suis désolé. Cela ne marchera pas. Le Président de l’Assemblée nationale nous a bien fait comprendre que le projet de révision de la Constitution est encore sur la table de l’Assemblée nationale. Cela veut dire quoi ? Ce n’est pas pour rien que le Pouvoir fait des pieds et des mains pour qu’il n’y ait pas les élections communales.
La plupart des maires dans le projet Fadec ont certainement des choses à se reprocher. Le Président saisit cette occasion pour les mettre sous s réglées. Ce n’est pas pour rien que vous entendez que, presque tous les Maires sont d’obédience du Pouvoir.
A partir de là, ces maires en place ont des rôles à jouer lors des législatives, parce que, actuellement, le Chef de l’État n’a pas pu faire passer le projet. La Commission des lois l’a bloquée. Donc, ce n’est pas passé en plénière.
Mais le Chef de l’État, à la recherche d’une majorité, rêve au lendemain des élections législatives, d’avoir une majorité écrasante à l’Assemblée nationale. Je ne sais pas quels sont les députés qui seront là. A partir de là, il aura les cartes en mains pour manœuvrer.
Donc, ce projet qui est encore sur le bureau de l’Assemblée n’a plus besoin de toutes les formalités administratives avant que cela ne passe. Il suffit que la Commission des lois étudie et, on le programme.
Comme il croit que la prochaine Assemblée sera monocolore, ils vont voter le projet de révision et, à la limite, voter le référendum pour qu’on consulte le peuple. Vous savez très bien. Vous croyez que si on va à un référendum avec la Lépi qu’on ne veut pas qu’on rectifie, cela ne va pas marcher ? Je vais vous dire aujourd’hui ce que c’est.
Ne nous trompons pas. Le Président Yayi Boni, en 2016, aura 64 ans. A partir de là, cela veut dire que même si on laisse les dispositions constitutionnelles en place, l’article 44 ne le frappe pas, parce qu’il aura moins de 70 ans. Mais l’article 42 pourrait le frapper. La Constitution qu’on veut mettre en place, a tout d’une nouvelle constitution. Il y a de ces juristes qui se sont déjà préparées pour venir faire du juridisme.
Vous les connaissez ?
Ce pays est encore une maison en vert. Tout se sait. Il y en a qui se sont déjà préparés pour venir défendre que le Président actuel peut encore être candidat, parce que la loi n’édite pas pour le passé. Il pourrait même faire deux mandats. Le Président Kérékou en 1991, bien qu’il ait été plusieurs fois Président, n’avait pas 70 ans. Il a bénéficié de la Constitution. C’est pour cela qu’il est venu en 1996. C’est le même schéma.
Les marches vont accompagner et, la Cour en place va valider sa candidature. C’est pour vous dire que nous devons nous lever pour barrer la route à ce qui est en préparation.
Pour ne pas réviser la Constitution, il faut que nous organisions les élections communales pour déjouer le plan en élisant de nouveaux maires qui n’ont aucun engagement avec le Président actuel. Ensuite, les élections communales vont nous servir d’apurement de la Lépi. Parce que, c’est une élection de proximité.
Nous saurons dorénavant qui est qui. Les 2 millions qui sont sans jugement, les magistrats sont prêts à faire en sorte pour qu’ils aient des jugements. Ainsi, nous aurons une liste qui va nous afficher le vrai visage de la population béninoise.