RB, PRD, Plateforme du 29 octobre et autres, tous, absents du dialogue organisé par le chef de l’Etat le 05 décembre 2014. La rengaine est presque la même chez tous les déserteurs à savoir impréparation et absence de termes de référence. Les opposants y vont plus fort en prêtant à Yayi l’intention de chercher à ruser dans le but déjouer la mobilisation autour de la marche projetée pour le 11 décembre 2014, date anniversaire du référendum constitutionnel, fondateur du renouveau démocratique en 1990. Au finish, l’initiative s’est transformée en un conclave restreint entre la famille politique du chef de l’Etat et quelques petits partis sans grande envergure. N’eut été le sursaut d’orgueil observé à travers quelques grandes annonces notamment à propos de probables dates de convocation du corps électoral (25 mars pour les municipales et 26 avril pour les législatives), on aurait vite conclu à un non-événement.
Les absents peuvent toujours se vanter d’avoir réussi à mettre une pression supplémentaire sur le gouvernement par leur boycott contraignant les organisateurs à recourir aux révélations de dates de scrutin même s’ils se sont gardé de parler de convocation du corps électoral. Des annonces qui gardent cependant leur pesant en or puisque depuis près de deux ans, les Béninois attendent d’avoir une idée sur la date probable où ils pourraient retrouver le chemin des urnes. Il a fallu attendre un dialogue convoqué à la Pyrus suivi d’un refus poli de la plupart des grands partis politiques pour qu’enfin, l’horizon se dégage un peu. L’insistance sur le déblocage du processus électoral permet aussi de répliquer à la critique portant sur le défaut de termes de référence. De sorte à éviter que l’on dise que le 05 décembre a eu lieu pour rien.
Néanmoins subsiste au sein des l’opinion quelques questionnements sur la stratégie des boycotteurs. Jusque-là le Bénin ne s’est pas encore doté d’un décret ou d’une loi portant organisation et fonctionnement d’un dialogue. Difficile donc de prendre à défaut les organisateurs puisqu’ils n’ont en réalité violé aucun principe de la République. Aucun texte n’organise cette histoire à moins de leur faire un procès en manque de bon sens. Le manuel du parfait dialogue politique ne figurant pas dans le droit positif béninois chacun y va de sa conception du bon sens. Les boycotteurs évoquent "comité préparatoire", "termes de référence", "large concertation" etc... Pendant que les organisateurs excipent l’urgence de conjurer la tension, la volonté de céder à une vieille revendication des acteurs politiques ou le désir d’en finir, une fois pour toutes, avec les atermoiements au sujet des dates des prochains scrutins.
Peut-être que le recours à une sagesse locale bien connue pourrait aider à trancher définitivement cette guéguerre autour des préalables. L’appel ne se refuse pas, dit-on ; c’est la suite de l’appel qui peut être refusée. Sur cette base, on peut considérer que le dialogue a déjà commencé dès lors que les deux parties sont d’accords pour échanger. Au jour du rendez-vous les différents "bons sens" ainsi que la perception de chacun sur le parfait dialogue pourraient meubler les débats. Peut-être faudrait-il aller au dialogue (même mal organisé) pour faire le constat de l’impasse plutôt de ne pas y aller du tout. Le risque est grand en effet que les écueils à l’origine du rendez-vous manqué perdurent. De quoi faire manquer définitivement aux acteurs en présence une occasion de se parler, éventuellement jusqu’à ce que ne surviennent les échéances électorales. Le pays du dialogue et de la conférence nationale pourrait devenir le pays des blocages et des impasses insurmontables.