Le 11 décembre 2014, nous fêtons le 24e anniversaire de notre Loi fondamentale. Et il n’y a pas meilleur cadeau d’anniversaire que cette marche organisée par l’opposition pour réclamer des élections crédibles et la consolidation de la démocratie. C’est l’un des rares moments où je suis fier d’être Béninois. Le Bénin ne périra jamais s’il conserve cette extraordinaire capacité d’indignation et de sursaut patriotique.
Je viens ici apporter ma caution à ce mouvement de salut national. Au-delà de l’Océan Atlantique, je joins ma voix à ce ras-le-bol général démocratiquement hurlé par tout un peuple fatigué d’une gouvernance à risque pour notre pays. Regrettant que cette marche soit organisée quelque peu sur fond de divisions au sein des forces de l’opposition, je salue tout de même la détermination de tout un chacun à résister à l’arbitraire. Oui, c’est le moment plus que jamais de dire au régime de Boni Yayi que la gestion d’un pays n’est pas un jeu vidéo : en créant la pagaille qui y prévaut actuellement, il ne faut pas croire qu’on aura la possibilité d’appuyer sur la touche ‘’REPLAY’’.
Les Béninois tiennent à leur démocratie comme à la prunelle de leurs yeux. Ils veulent des élections bien organisées, transparentes sur la base d’une liste électorale rigoureuse et consensuelle. La LEPI est devenue un piège sans fin : en outre d’avaler, comme un ogre, nos milliards, il nous divise et ne garantit pas forcément la transparence. Sur la confection de cette liste, gouvernement et COS-LEPI nous ont pris en otage. Et sur fond de délation, de chantage et de dissipation des deniers publics, on prolonge douloureusement notre désir de sanctionner nos dirigeants par le vote.
Tout cela montre que notre processus démocratique est encore fragile. Après avoir relevé, en 24 ans, le défi de l’échafaudage normatif et institutionnel, il reste à gagner le pari de la culture démocratique par laquelle il importe d’avoir plus de démocrates que de démocratie.
L’enjeu, pour le Bénin aujourd’hui, est de trouver le verrou fondamental qui empêcherait tout féru du pouvoir d’avoir des envies de 3e mandat et de vouloir faire des attouchements indécents à la Constitution.
Ce 11 décembre, le Bénin, pour une fois, va vivre une marche sur ses macadams comme une fête démocratique. Cette fois, on n’aura pas à subir le chaudron de foules incontrôlées venant braire, sur nos pavés, un chœur inepte à la gloire d’un personnage.
Le Bénin a tellement organisé d’élections avant le régime actuel qu’on se demande comment on a pu se retrouver aussi dans cette galère et cette impasse ! Sincèrement, un régime tombe dans l’indignité quand il refuse de déposer la clé à la fin de son bail. Face à un tel régime, il n’y a pas de concession, pas de répit dans la veille citoyenne pour consolider nos acquis de pays libre.
A tous je dis bonne marche pour que le Bénin retrouve le souffle de ses 24 ans de maturité démocratique !