Sous Yayi Boni, toutes les occasions sont bonnes pour singer… Même devant des blessés en souffrance extrême sur leur lit d’hôpital, la comédie se déroule allègrement… Après le grave accident qui s’est produit le 3 décembre à hauteur du village Wassa, localité située à 9 km de Djougou, quelques acteurs étaient sur scène dimanche... Le représentant du ministre du Développement était à l’hôpital de l’ordre de Malte de Djougou. Sur place, échanges avec le directeur de l’hôpital, messages d’encouragement adressés à quelques blessés… Puis, il leur a transmis une enveloppe de 200.000 francs Cfa. Heureusement, il n’en a pas trop fait. D’autres ont néanmoins pris le relais.
Le ministre de l’Enseignement secondaire, le maire de Djougou, et le responsable de la compagnie Amaga Transport dont le bus est impliqué dans le drame sont arrivés à l’hôpital. Ils ont échangé avec quelques blessés à qui des enveloppes financières ont été transmises. Après, les spéculations ont commencé sur le nombre de morts enregistrés. Le directeur a finalement annoncé 17 morts. Comme les autres membres de la délégation, le maire de Djougou était tout heureux quand il a entendu le chiffre 17 : « Dieu merci car nous avons eu le résultat final qu´il y a eu 17 morts et plusieurs blessés.
Entre-temps, les gens disaient 30, 40, 60 morts… Qu´Allah nous éloigne de ces graves accidents sur nos routes (…). A tous les chauffeurs, nous demandons prudence sur nos routes. Nous disons du courage à El Hadj Amaga, sans oublier tous les blessés de l´accident et les familles éplorées ». Mais de quoi se réjouit-il en réalité ? 17 morts dans un accident, c’est léger comme bilan ? Doit-on d’abord enregistrer 100 morts avant que le maire et les autres membres de la délégation se préoccupent de la situation ?
En réalité, le maire de Djougou devait être plus préoccupé que quiconque. Il devait chercher à savoir comment l’accident s’est produit. Sans commanditer une expertise pour déterminer les causes de l’accident, il devait s’abstenir de jubiler… Si c’est l’état de la voie inter-état, il doit pouvoir interpeller l’Etat. Mais il ne le fera jamais si c’était le cas ! Si c’est de la faute du chauffeur de Amaga, il doit interpeller le responsable de la compagnie.
Mais, il ne le fera non plus ! Entre proches de Yayi Boni, ce n’est pas possible !!! Et pourtant, on parle d’un bilan qui fait 17 morts… Trop peu, selon les envoyés du chef, pour situer les responsabilités. Le comble, c’est qu’ils se présentent à l’hôpital en bons copains, sans se soucier de la douleur des personnes accidentées. Pourquoi le ministre et le maire ne se demandent pas pourquoi c’est la même compagnie qui est souvent impliquée dans les accidents de circulation ? Pourquoi ne cherchent-ils pas à savoir si effectivement les chauffeurs de cette compagnie font la vitesse sur nos routes ?
Il ne sert à rien de se présenter en bons samaritains, après un drame, sans se poser le minimum de questions. Il est aussi clair que la prière organisée, dans la foulée, au siège de la compagnie ne sert à rien ! Il est très facile d’aller s’asseoir pour jouer aux pieux alors qu’on n’est pas gêné de compter des morts. En plus, la prière ne suffit pas pour ramener en vie, les personnes décédées.
La démarche est juste calquée dans le marbre ! Un grave accident se produit. Des ministres, des maires et des responsables qui s’ennuient dans leur bureau, se précipitent sur le terrain… Ils jouent avec la souffrance des blessés et les familles éplorées. Ils leur jettent des miettes. Ils assistent, si possible, à une prière organisée en mémoire des victimes… Puis, c’est fini. Rendez-vous au prochain accident grave.