Les dernières nominations en Conseil des ministres mettent en mal la cohésion sociale du pays. Comment ? La majorité des cadres promus dans trois différents ministères sont de la même région géographique que leur ministre de tutelle. Il n’est pas exagéré de dire qu’il s’agit des actes qui participent à la partition du pays. Cela ne date pas d’aujourd’hui. Il faut que ça cesse.
34 nominations au Ministère de l’Urbanisme, de l’habitat et de l’assainissement, 24 au Ministère de la Jeunesse des sports et loisirs et 14 au ministère de la Famille, des affaires sociales, de la solidarité nationale, des handicapés et des personnes du troisième âge. Ce sont les chiffres des portefeuilles distribués à ceux qui servent le régime de Yayi Boni au cours du Conseil des ministres du 25 novembre 2014. Il s’agit de nominations à polémique parce qu’elles sapent les bases de l’unité nationale. Le constat est là.
Au ministère de l’Urbanisme, dirigé par Christian Sossouhounto, à peine 4 sur les 34 cadres nommés sont d’une autre région géographique que le ministre qui est originaire d’Abomey, dans le zou, zone méridionale du Bénin. Dans les deux autres départements ministériels gérés par des ministres qui se reconnaissent du Nord ou tout au moins du Centre, c’est-à-dire à partir de la lisière de Dassa, la majorité des personnes promues sont également de la même région géographique. Au département de la Famille, sous la direction du ministre Naomie Azaria, à une ou deux exceptions près, tout le reste n’échappe pas à la règle.
Au ministère des Sports, le maître des lieux Safiou Idrissou Affo s’est aussi conformé à la règle. Chacun des ministres du gouvernement de Yayi Boni préfère composer avec tel ou tel de son village de sa Commune, de son département ou aire géographique. Ce tableau déplorable qui reflète l’image de l’Administration publique béninoise est plus grave lorsqu’on y ajoute la préférence ethnique et religieuse, comme critère pour être nommé à un poste de responsabilité ou pour être pris en compte lors du partage du gâteau étatique.
Le mot régionalisme ne suffit peut-être pas pour exprimer suffisamment l’ampleur de la situation. Quand on sait que la question de régionalisme évolue à un rythme ahurissant, sous la gouvernance actuelle, cela pose un problème plus difficile à résoudre. Ces dernières années de gouvernance Yayi ont progressivement détruit le tissu social du pays. Les profondes fractures observées et qui ont des causes profondes dans le caractère régionaliste des comportements du pouvoir central, constituent des menaces pour l’intégrité nationale. Et, l’on prévient d’un plus grave danger qui plane : c’est la partition du pays. Dans un Bénin déjà affaibli par la crise économique, la disparité dans l’Administration, la mauvaise répartition des revenus, la lutte des pouvoirs, la discrimination lors des concours de recrutement, le danger évoqué, inquiète et mérite qu’on s’en préoccupe.