A l’initiative du gouvernement, les assises du dialogue politique consacré à la tenue des élections se sont déroulées le vendredi 05 décembre 2014 à la présidence de la République sans les partis de l’opposition. La majorité au pouvoir ne s’en est pas embarrassée pour tracer le chemin qui mènera aux élections avec la Lépi. Un schéma à l’opposée des actions de lobbying que déploient les forces politiques et sociales de l’opposition.
Au prix de quel sacrifice les différents protagonistes de la crise préélectorale vont s’accorder sur le minimum pour aller aux élections ? Jusque-là, l’horizon ne s’éclaircit pas. Le dialogue politique lancé par le chef de l’Etat et son gouvernement pour permettre de trouver un compromis est encore loin d’atteindre un tel objectif. D’abord, on ne saurait se prêter aux assises qui ont eu lieu vendredi dernier au Palais de la présidence, en l’absence de l’opposition, l’expression « dialogue ». Il s’est agi d’un conclave qui a regroupé les gens qui pensent de la même façon et, sans doute, qui réfléchissent tel que le chef de l’Etat gouverne le pays. Au sortir de cette parodie, la majorité au pouvoir s’est bornée sur le scénario, « pas de Lépi, pas d’élection », lequel continue de porter préjudice à la démocratie avec la complicité de la Cour constitutionnelle.
Après avoir écouté la communication du président du Cos-Lépi, Sacca Lafia, les partisans du chef de l’Etat espèrent que la Lépi sera prête au plus tard fin janvier 2015. Du coup, ils ont fait des projections sur les dates des élections. Les communales pour le 25 mars et les législatives pour le 26 avril 2015. Tout le monde sait qu’en matière de projection, tout ce qui a été annoncé jusqu’ici n’a pu être respecté. A commencer par les promesses du Cos-Lépi pour livrer la Lépi. De même, le gouvernement n’est pas à son premier coup d’essai dans l’annonce des dates pour la tenue des élections. On ne saurait compter, au risque de perdre du temps, le nombre de fois, des dates ont été projetées par les ministres ou par certains présidents d’Institutions de la République qui servent le chef de l’Etat.
De contradiction en contradiction, de report en report, le processus n’avance pas. Tout le monde est bloqué et n’attend que le Cos-Lépi. Le président de la Commission électorale nationale autonome (Céna), partisan du président Thomas Yayi Boni est devenu un Saint Thomas, tellement édifié et prudent après les nombreux rendez-vous ratés du Cos-Lépi. Plus que quiconque, il se refuse à avancer des dates. Lorsque les partisans de Yayi Boni se sont enfermés au Palais de la présidence vendredi dernier, ils n’ont pas pensé à un scénario électoral sans la Lépi. Cette attitude éveille sans doute des soupçons, surtout quand on sait que tous sont dans la logique de leur chef qui ne songe pas à organiser les élections en utilisant comme prétexte, la non-disponibilité de la Lépi.
Les mêmes manœuvres sont en cours pour que le but soit atteint. Ils ont parlé de modification des délais clés qui garantissent la sécurité et la fiabilité du processus. Mais, à la date d’aujourd’hui, aucune loi électorale ne peut plus être modifiée si le Bénin veut rester un bon élève dans l’application des accords communautaires, notamment le protocole additionnel de la Cedeao qui interdit tout tripatouillage des textes à moins de six mois du scrutin. Pour sauter ce verrou, il faut un consensus de la classe politique.
D’accord, mais divisée
Toute la classe politique est d’accord pour aller dans ce sens, mais elle est divisée sur ce qu’il faut modifier. L’opposition milite pour que la Lépi dont l’écheveau est difficile à démêler et à la remplacer par une liste qui en sera extraite pour organiser les élections. Comme quoi, avec la lenteur et surtout l’incertitude qui gouvernent le processus de correction, il est préférable de trouver une solution plus sûre pour sortir de l’impasse. Ça, c’est le combat de l’opposition composée de la Plate-forme, du Parti du renouveau démocratique (Prd), des organisations syndicales et des forces de la société civile. A partir de là, les intérêts ne sont plus les mêmes. Car, d’un côté, la majorité au pouvoir ne mise que sur la Lépi, pendant que de l’autre côté, l’opposition demande de la mettre entre parenthèses.
La classe politique, totalement en proie à de profondes divergences, n’est pas prête à parler d’une même voix pour la tenue des élections. Beaucoup pensaient que le dialogue appelé de tous les vœux par l’opposition aidera à concilier les positions, mais les indices déjà disponibles ne permettent pas de rêver. Sur cette initiative prise par le gouvernement, on reproche à l’Exécutif d’avoir écarté les organisations de la Société civile, d’avoir imposé sa ligne directrice à l’opposition et de vouloir agir dans la précipitation.
Invitée de dernière minute, l’opposition refuse l’offre et suggère qu’il soit mis en place un cadre préparatoire. On ne connaît pas encore la réponse du Pouvoir. Et comme cela, le temps passe. Dans l’attente d’une réponse, les opposants ont préféré descendre dans la rue ce mercredi 10 et demain jeudi 11 décembre, jour anniversaire de la Constitution béninoise, pour réclamer les élections sans délai, comme ils l’ont fait le 29 octobre 2014. Les partisans du chef de l’Etat organisent également leurs marches, les mêmes jours et dans les mêmes villes, Porto-Novo et Cotonou. Cela dans la provocation.