Emportés par la ferveur populaire des marches contre le chef de l’Etat pour réclamer les élections, les députés de l’opposition se préparent à porter le coup de grâce à la gouvernance de Yayi Boni. En quoi faisant ? Mettre fin au mandat des maires par le vote d’une loi dérogatoire qui fixera en même temps la date des élections. Puis, ils enclencheront la procédure de désignation de leurs propres représentants dans les démembrements de la Commission électorale nationale autonome (Céna). Ce n’est qu’une question d’heure.
A l’Assemblée nationale, le chef de l’Etat ne peut plus compter sur sa majorité qui, aujourd’hui, a volé en éclats. Plusieurs députés soutenant ses actions, notamment ceux de la Renaissance du Bénin, d’autres alliés comme Valentin Aditi Houdé, Claudine Prudencio, Bani Samari, certains de son propre camp, Nicaise Fagnon, Djibril Débourou, Hélène Aholou Kêkê et bien d’autres ne lui sont plus obéissants. Beaucoup ont déjà claqué la porte. Ces revirements et les marches populaires de protestation organisées, avec succès, par l’opposition ont déjà affaibli son régime, mais il reste le coup de grâce qui viendra des opposants à l’Assemblée nationale. Rejointe par de nouveaux membres, l’opposition veut passer à l’offensive. Le plus urgent, comme le souligne-t-on dans les couloirs de l’Assemblée nationale, c’est de voter une loi dérogatoire pour mettre un terme au mandat prolongé des maires. Il existe déjà une proposition de loi déposée sur la table du président de l’Assemblée nationale, Mathurin Koffi Nago, pour régler la question. L’initiative permettra d’abroger la proposition de loi portant disposition transitoire et dérogatoire à l’article 86 de la loi N° 98-006 du 9 mars 2000 et aux articles 4 et 6 de la loi N° 2007-28 du 24 septembre 2007. La seconde étape, constituera à voter une autre loi dérogatoire pour fixer la date de la tenue des élections locales et communales. Dans cette dynamique, une proposition de loi portant institution d’une liste ad ‘hoc pour substituer la Lépi a été rédigée par l’opposition et transmise au président de l’Assemblée nationale. Ensuite, les députés enclencheront la procédure de désignation de leurs représentants dans les bureaux de vote de la Céna. L’opposition a aujourd’hui les moyens d’imposer sa loi au Parlement. Pour sortir de l’impasse, ils ont obligé d’asséner le coup dur au régime. Cela doit et ne peut que venir d’eux en premier lieu. Il faut passer à l’offensive pour arrêter la déliquescence démocratique et l’imposture politique qui sont devenues les références de la gouvernance sous Yayi Boni. C’est de plus en plus clair. Désormais, le vent tourne en faveur de l’opposition qui a aujourd’hui les cartes en main pour damer le pion à la mouvance. On attend seulement que la marche de colère légitime pour revendiquer la tenue des élections se termine ce jour pour voir le rouleau compresseur de l’opposition se dérouler. Yayi Boni ne sait pas encore ce qui va se passer dans les heures qui suivent. L’opposition veut, sinon, définitivement régler la question de la tenue des élections, du moins, lui porter un coup de grâce et le gouvernement Yayi n’a plus les moyens de l’empêcher, faute d’avoir perdu une bonne partie de ses soutiens à l‘Assemblée nationale.