Dakar, Le premier Forum international sur la Paix et la Sécurité en Afrique s’ouvre lundi à Dakar avec pour objectif d’accroître l’implication des Africains dans leur défense face aux défis qui secouent le continent.
"L’ambition est de créer une culture sécuritaire commune en Afrique (..) L’impératif sécuritaire doit être considéré par les Africains comme une priorité", insiste le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, qui s’est beaucoup impliqué dans l’organisation de ce forum.
Le forum de Dakar a vocation à devenir un rendez-vous annuel à l’image des conférences sur la Sécurité de Munich en Europe, Manama au Moyen-Orient, Halifax au Canada ou celle du Shangri-La à Singapour, axée sur les questions géostratégiques en Asie du Sud-Est.
"Il était quand même surprenant qu’il n’y ait pas un lieu de réflexion sur ce que doit être la sécurité de ce continent alors qu’il est le théâtre d’interventions militaires significatives, de conflits violents et que les menaces sont persistantes", relève M. Le Drian dans une interview lundi à l’hebdomadaire Jeune Afrique.
Le ministre français donnera le coup d’envoi de ce forum dans la matinée avec le Premier ministre sénégalais Mohamed Dionne, avant une série de discussions en présence de ministres, ONG et experts, axées notamment sur le défi du jihadisme au Sahel et la menace grandissante de la secte islamiste nigériane Boko Haram.
Les dirigeants ouest-africains de la Cédéao se réunissent aussi en sommet lundi à Abuja pour faire le point sur la sécurité dans la région, de la menace du virus Ebola à la lutte contre la secte islamiste Boko Haram qui a signé une série d’attentats sanglants ces dernières semaines.
Mardi, plusieurs chefs d’Etat - dont le Sénégalais Macky Sall, le Malien Ibrahim Boubakar Keïta et le Tchadien Idriss Deby - viendront clôturer le forum.
"J’espère que nous allons renforcer notre vision commune des menaces
auxquelles l’Afrique est confrontée et identifier une base pour coordonner notre réponse à ces menaces", a déclaré dimanche le président du conseil d’administration de l’Institut Panafricain de Stratégies (IPS), le Zimbabwéen Strive Masiyiwa, également PDG du groupe de télécommunications Econet Wireless.
- Manque de coordination -
Depuis la fin de la Guerre froide, l’Afrique a connu une diminution notable des conflits interétatiques, terrain de confrations Est-Ouest, mais a vu émerger nombre de crises intra-étatiques, alimentées par le radicalisme religieux et la criminalité organisée.
Elle dispose par ailleurs d’un potentiel économique considérable, avec plus de 5% de croissance en moyenne par an, doublé d’une explosion démographique - 1,1 milliard d’habitants en 2014, 2 milliards attendus en 2050 - annonciatrice de nombreux bouleversements.
La France, très impliquée dans la lutte contre le jihadisme au Sahel avec sa force Barkhane (3.000 hommes), mise parallèlement sur un plus grand effort régional de sécurité.
"La sécurité de l’Afrique est devenue une composante importante de la sécurité internationale qui nécessite des réponses communes et des formes rénovées de partenariats", résume Hugo Sada, expert à la Fondation pour la Recherche Stratégique (FRS) à Paris.
Le continent a certes connu la plus forte progression des dépenses
militaires dans le monde en 2013, soit 8,3% à 44,9 milliards de dollars, selon les données de l’Institut de recherche sur la paix internationale de Stockholm (Sipri).
Mais de nombreux problèmes de formation et de modernisation des armées
demeurent alors que plusieurs pays africains sont engagés dans des missions de paix régionales. Les budgets militaires, conséquents en Algérie, en Angola ou au Nigeria, restent en outre très modestes en Afrique de l’Ouest.
Les pays peinent également à coordonner leurs réponses face aux défis communs. Le Nigeria, le Niger, le Cameroun et le Tchad tardent ainsi à déployer 2.800 hommes à leurs frontières pour contrer la menace de Boko Haram.
Dans le golfe de Guinée, la piraterie maritime (vol de pétrole, pêche illicite..) reste aussi des plus actives malgré les engagements pris au sommet de Yaoundé en juin 2003 pour coordonner la lutte contre ce fléau.