Après une cohabitation décevante avec un pouvoir champion toutes catégories en fourberies, duperies et coups bas, la Renaissance du Bénin qui a cédé le terrain à ses concurrents, est de retour dans l’opposition. Le parti des Soglo, dirigé depuis septembre 2010 par Léhady Vinagnon, reprend ainsi son flambeau d’antan pour jouer le rôle de contre-pouvoir qui l’avait beaucoup servi sous le régime Mathieu Kérékou. Ce qui lui garantit des succès et de la notoriété dans les mois et années à venir.
Enfin, Léhady Vinagnon Soglo a pris ses responsabilités, en sortant de l’enfer du régime. Après avoir participé à la grande marche organisée par l’opposition, le 11 décembre 2014 à Cotonou pour dénoncer la gouvernance Yayi, il n’y a pas d’autres mots que ça pour qualifier l’attitude de Léhady Soglo et de sa troupe. Même Rosine Vieyra Soglo dont l’état de santé est fragile était de la partie. Vous vous rendez compte à quel point la gouvernance Yayi Boni n’est plus loin de réveiller de leur tombe ceux qui ont versé leur sang pour ce pays. La grande messe des forces politiques et sociales à laquelle ont pris part d’importantes figures de l’histoire du pays, marque l’isolement du président de la République, mais aussi le réveil de Léhady Soglo, le président de la Rb. Engagé aux côtés des traditionnels partis et des leaders incontestés de l’échiquier politique national, il donne un nouveau souffle à son parti, en proie à de sérieuses difficultés pour s’imposer dans ses fiefs traditionnels. C’est l’une des rares fois qu’il pose un acte louable et totalement conséquent pour l’avenir du parti. Le 1er adjoint au maire de Cotonou a enfin compris que l’avenir n’est pas garanti en composant avec ce régime incompétent, provocateur, belliqueux et sans vision. Les motifs principaux de l’impopularité de Yayi Boni, sont : la renonciation à la parole donnée, les promesses non tenues, le culte de la personnalité, le mensonge au sommet, la dilapidation des ressources du pays, la violation des libertés démocratiques, le régionalisme, la mauvaise répartition des ressources du pays, l’instrumentalisation des Institutions de contre-pouvoir, le harcèlement contre les opérateurs économiques sous diverses formes, le non-respect des décisions de justice. Avec autant de maux qui minent la gouvernance sous Yayi, comment comprendre que la Rb qui, pour moins que tout cela sous le régime Kérékou, était un parti de contre-pouvoir, pactise avec le pouvoir Yayi Boni, couronné de toutes sortes de médailles de contreperformance, de médiocrité, d’impunité, de corruption, d’amateurisme et de complot contre le peuple. Durant les 10 ans de gouvernance de Kérékou 2, le Bénin n’est pas tombé aussi bas qu’aujourd’hui. Et pourtant, la Rb était de tout temps en verve contre ce régime. Malgré les moyens déployés par l’ancien système pour arracher aux Soglo, leur plus grande richesse au monde, le parti a résisté et est resté résolument dans l’opposition en jouant pleinement son rôle. C’est ce qui fait défait aujourd’hui. Malgré que certains barons des Houézèhouè, comme Nathanaël Bah, Charles Juste Guédou et consorts ont été recrutés par le régime Kérékou pour permettre à ce dernier de confisquer la Rb, les couleurs de cette formation n’ont pas pâli pour autant, tel qu’on le constate aujourd’hui. Si, à l’époque (1996 à 2006), il faut mettre au service du charisme du couple Soglo, les belles pages écrites par le parti, pourquoi la Rb dégringole-t-elle après chaque élection et ce, depuis huit ans, bien que Rosine et Nicéphore n’ont jamais cessé de prêter main forte à leur dauphin Léhady ?
Objectif : tuer la Rb
En effet, le 1er adjoint au maire de Cotonou, et président de la Rb qui doit donner une nouvelle dimension à son parti, subit une implacable concurrence imposée par les partisans du président de la République à travers une campagne de déstabilisation et de dénigrement orchestrée par les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) et d’autres alliés du régime. Du coup, les compétitions électorales au Bénin et les sorties politiques, au lieu d’être des moments de parfaite harmonie entre les forces soutenant les actions de Yayi Boni, deviennent des occasions de virulentes critiques dirigées contre la Rb. Des ténors du parti mordant à l’appât du gain facile que leur fait convoiter Yayi Boni, claquent la porte et se repositionnent dans de nouvelles formations qui se réclament proches du pouvoir. Les fiefs de la Rb deviennent de plus en plus les conquêtes de luttes politiques entre les renaissants et les apprentis du chef de l’Etat. Conquérir l’hôtel de ville de Cotonou, chasse gardée de la Rb depuis l’avènement de la décentralisation, est l’une des obsessions du roi du Palais la Marina. Après la mairie d’Abomey-Calavi en 2008, c’est une nouvelle ambition que les lieutenants de Yayi Boni expriment avec enthousiasme. Le but du chef de l’Etat, c’est de réussir à réduire complètement l’influence du parti et d’affaiblir son président, Léhady Soglo.
D’allié loyal à l’opposant
Le président de la Rb s’était résigné dans son rôle d’allié loyal qui se montre moins sur les questions qui préoccupent les Béninois, de peur de désavouer ce régime qui n’a fait que creuser sa tombe. Ce n’est pas que la mort du dauphin des Soglo qui est programmée, mais aussi celle de tout le parti, la Rb. Devenue la cible de nombreuses critiques après son entrée au gouvernement de Yayi Boni, sous prétexte de préserver la paix et de participer à l’apaisement de la tension politique provoquée par les élections chaotiques de 2011, la Rb a affronté de nombreuses tempêtes provenant, à la fois, de la majorité au pouvoir et de ses anciens alliés de l’opposition. Mais les tempêtes les plus dévastatrices étaient l’œuvre des hommes du pouvoir. Une situation qui l’a toujours desservie depuis son appartenance à ce gouvernement. Critiquée par l’opposition et acculée par la mouvance présidentielle, la Rb renvoie l’image d’une formation en déliquescence, en perte de valeurs et de référence. Son rapprochement avec le régime n’est pas bon pour son image. De même, cela n’aidera pas Léhady Soglo à améliorer sa cote de popularité. Pour beaucoup, il est inadmissible d’imaginer la Rb et son président dans le rôle « d’élèves » attentifs, obéissants aux leçons de Yayi Boni et passifs à ses dérives. Parce que cela n’augure rien de bon pour un parti qui rêve de conquérir le pouvoir d’Etat. Or, aujourd’hui où les vieux ténors, Mathieu Kérékou, Nicéphore Soglo, Adrien Houngbédji, Bruno Amoussou, et Yayi Boni sont interdits par la Constitution de briguer la magistrature suprême, Léhady Soglo se voit comme le dauphin naturel de l’ensemble de ces personnalités qui, chacune à sa manière, a écrit l’histoire du Bénin. Loin de nous, l’idée de pronostiquer que le président de la Rb sera le successeur de Yayi Boni au Palais de la Marina.