Toute stratégie de développement de toute société est basée sur la définition de politique de développement bien réfléchie et en rapport avec les réalités sociétales. Cet axiome est respecté au Bénin où on remarque cependant une politisation à outrance de la société.
Il y a de cela quelques années, un ambassadeur allemand en fin de mandat dénonçait ce qu’il considérait comme une forte politisation à l’Assemblée nationale. Cette réflexion avait en son temps paru comme une ingérence dans les affaires internes du Bénin et que ce n’était pas au plénipotentiaire allemand de le rappeler.
Inutile de se voiler la face, le constat est là, patent. Le politique a tellement pris le pas sur la politique au point que la fonction de politicien qui n’en est pas une en réalité s’est imposée dans l’univers des emplois au Bénin. Nombreux sont ces jeunes et moins jeunes qui, en quête d’emploi ou pour vite s’enrichir cherchent à se faire parrainer par un aîné proche du pouvoir ou d’un homme politique influent fût-il de l’opposition dans l’espoir de vite se voir offrir une place au soleil.
Ainsi va le Bénin d’aujourd’hui où, la politique politicienne s’impose comme un sport national. Dans les bureaux de la plupart des services publics et privés, des institutions nationales, dans les différentes structures commerciales, lieux publics, dans le rang des conducteurs de taxi-moto et même dans le milieu scolaire, c’est l’actualité politique qui prend le dessus. La chose est devenue si sérieuse que des mains obscures octroient des financements pour accentuer le clivage mouvance-opposition. Ce sont d’ailleurs ces schémas qui ont débouché sur les « quelques choses patriotes prêts à défendre aveuglément le bilan toujours positif du chef de l’Etat parfois dans la bagarre. Cette trouvaille savamment entretenue a pris tellement de l’ampleur que l’un des effets induits de cette stratégie a débouché sur un esprit régionaliste de plus en plus renforcé faisant opposer les ressortissants du nord à ceux du sud comme
si l’actuel chef de l’Etat est inamovible et celui qui capitalise le plus de réalisations à croire que tous les autres chefs d’Etat ayant été aux affaires n’ont pratiquement rien fait. En encourageant cette orientation politique, il est tout à fait normal que le politique prenne le pas sur la politique de développement. La belle preuve est l’impasse politique dans laquelle se trouve englué aujourd’hui le Bénin. C’est une déperdition d’énergie et un gaspillage de temps et d’argent qui aurait pu permettre de mieux se concentrer sur une meilleure politique de développement du Bénin qui n’est pas la propriété d’une frange de la population mais de tous les Béninois sans distinction.