A l’Office de radiodiffusion et de télévision du Bénin (Ortb), le journaliste Henri Zinwota, en service à la Télévision nationale, est dans de beaux draps. Tous ses collègues méconnaissent désormais son sens de professionnalisme dans le traitement de l’information. A travers une lettre ouverte adressée au Directeur général de l’Ortb, le vendredi 12 Décembre 2014, le personnel dudit office a exprimé son indignation face au compte rendu fait de la marche populaire du 11 Décembre 2014 pour exiger le dialogue politique et la tenue des élections en République du Bénin.
Pour une première fois, les journalistes de l’Ortb se démarquent publiquement des manouvres de manipulation souvent organisées au niveau de la chaîne nationale. Ils ne sont pas d’accord avec leur collègue Henri Zinwota qui a couvert la marche organisée récemment par le peuple béninois, à travers la Plate-forme pour dénoncer l’embargo de Yayi Boni sur les élections et la démocratie au Bénin. A l’unanimité, ils rejettent le contenu du compte-rendu fait de cet évènement et ont renvoyé leur premier responsable vers les autres organes du même office qui ont aussi couvert ladite marche. Les professionnels des médias en fonction à l’Ortb refusent cette manière de traiter l’information et estiment que, non seulement cela constitue de l’opprobre jeté sur la maison mais, expose également les travailleurs à la colère populaire.
Dans leur message, ils ont dit ‘’non’’ à ce comportement de leur collègue dont ils ont ignoré la source d’inspiration. Ils n’ont pas compris comment et là où il a pu trouver les images (place de l’Etoile rouge clairsemée) et les commentaires faits. Les collègues de Zinwota ont publiquement dit que la notion du traitement de l’information qui consiste à séparer les faits des commentaires (1er cours de l’écriture journalistique de la 1ère année dans toute école de journalisme) a été foulée au pied. Pour eux, ce mot de passe universel du métier de journalisme a échappé à Henri Zinwota. Les journalistes de l’Ortb, se sont demandé si leur collègue était en mission commandée. Ils ont même été jusqu’à faire référence à l’évènement du Burkina Faso au cours duquel l’Office de radio et télévision du service public a subi la colère populaire.
Henri Zinwota ternit l’image de l’Ortb
C’est désormais clair que l’Ortb est tenu et manipulé par le Pouvoir en place. Même s’ils ne l’ont pas officiellement dit, cette lettre ouverte des journalistes en fonction dans cet office vient témoigner de ce que leur collègue a, soit, été manipulé, ou a méconnu les règles de la profession. sans l’un ou l’autre cas, rien n’arrange cet organe du service public. Le journaliste mis en cause dans cette affaire est un des anciens de la maison. Il totalise plusieurs années d’ancienneté à l’Ortb et venait de démissionner de la Cellule de communication de l’Assemblée nationale où il a travaillé pour le compte du président Nago pendant près de sept ans. Il a fallu que celui-ci change de veste politique pour que celui dont les qualités professionnelles sont désormais remises en causes le lâche. Le reportage pointé du doigt n’est pas un sujet initié mais, plutôt, une commande (couverture médiatique) de la rédaction. S’il a osé le traiter de cette manière et que, sans censure, l’élément est passé, c’est qu’il y a certainement plusieurs complices. A ce niveau, il revient à Pélagie Soloté, Rédactrice en chef, et Wabi Boukary, Directeur de la Télévision nationale, de dégager leur responsabilité. Ils devront dire au peuple béninois, comment ils ont pu laisser un tel élément être diffusé alors qu’à la radio et sur la toile (Ortb), le traitement a été irréprochable. S’ils ne sont pas comptables de l’acte posé par Henri Zinwota qui expose l’Ortb et tous ses travailleurs, ils doivent le dire.
Stéphane Todomè, Directeur général de l’Ortb, a déjà reçu la lettre ouverte et sa réaction permettra de connaître sa position.
La sanction doit suivre
Les dispositions du Code de déontologie et de l’éthique dans les médias au Bénin sont claires : « Le journaliste est tenu de respecter les faits, quoi que cela puisse lui coûter personnellement, et ce, en raison du droit que le public a de connaître la vérité » (art 1er). « Le journaliste est libre de prendre position sur n’importe quelle question. Il a l’obligation de séparer le commentaire des faits » (extrait de l’article 8). La loi organique sur la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) dispose aussi qu’on peut retirer à tout journaliste, sa carte de presse, en cas de dérives graves. Dans le cas précis, non seulement plusieurs dispositions sont violées mais, il y a aussi le Bénin qui sera désormais mal vu par le monde entier à travers l’Ortb ! Si, pour un évènement que tous les autres médias ont couvert et traité correctement, l’organe du service public a eu le culot de faire de la désinformation, il n’aura plus de crédit aux yeux de personne. Les journalistes ont déjà joué leur partition en se démarquant. Que celui ou celle qui ne veut pas que l’Ortb reste crédible, se taise. La Haac, l’Odem et les autres instances sont désormais mis à l’épreuve dans ce dossier.
Cette lettre ouverte vient remettre en cause les images et commentaires diffusés par l’Ortb au sujet de la marche du 11 décembre 2014.Comme tous les médias nationaux et internationaux ont pu le constater, ce fut une marche à succès.