C’est fait ! Les députés ont adopté hier 16 décembre 2014 le budget général de l’Etat gestion 2015. Ce budget s’équilibre en recettes et en dépenses à 1506 milliards de F Cfa. Pour en arriver à son adoption dans un délai record, beaucoup de concessions ont été faites tant par les députés que par le gouvernement.
75 pour, 0 contre et 01 abstention. C’est le résultat qui a sanctionné le vote de la loi N° 2014-25 portant loi de finances gestion 2015. Contrairement à ce qui s’est passé l’année écoulée, le gouvernement n’a pas fait de la résistance. Il a accepté dans un esprit consensuel l’essentiel des amendements pertinents faits par les députés. A cette réalité s’ajoute l’important travail d’appropriation du contenu de ce budget fait par le ministre Komi Koutché à travers les séminaires, ateliers de réflexion, concertations diverses et autres organisés à l’intention des députés. Pour l’honorable Rachidi Gbadamassi, rien ne pouvait bloquer l’adoption de ce budget. Et c’est à juste titre qu’il a salué l’esprit de consensus adopté par l’opposition. Il n’a pas manqué aussi de mettre en évidence les qualités managériales du ministre Komi Koutché. « Le Parlement béninois a démontré que la République est au-dessus des intérêts égoïstes. Il a démontré que ce qui est important, c’est le Bénin et rien que le Bénin. C’est le lieu de dire merci aux députés de l’opposition qui ont mis de côté les querelles politiciennes et ont priorisé l’intérêt général. Mon souhait est que cette prise de conscience se pérennise », a dit l’honorable Rachidi Gbadamassi.
A la suite de l’honorable Gbadamassi, le Président Valentin Aditi Houdé a lui aussi salué la dextérité du ministre Komi Koutché. Il a par ailleurs expliqué les raisons qui l’ont conduit à voter ce budget. « Le gouvernement béninois a transmis à bonne date le projet de budget au Parlement. Ce projet de budget a fait objet d’étude par la commission budgétaire. Nous avons estimé au niveau du Parlement qu’il est nécessaire de donner les moyens à l’Etat pour réaliser les projets de développement prévus au titre de l’année 2015. Nous voulons que les élections soient organisées. Sans moyen, on ne peut pas le faire. Il est donc normal que la représentation nationale puisse donner les moyens financiers au gouvernement pour pouvoir organiser les élections locales, municipales, communales et législatives. L’organisation de ces élections nous tient sérieusement à cœur…Nous sommes dans une période critique et il n’est pas bon que le chef de l’Etat soit contraint à exécuter le budget par ordonnance. Nous ne sommes plus dans cette logique et c’est pourquoi la représentation nationale, toute tendance confondue a cru devoir donner les moyens au gouvernement pour bien conduire sa politique de développement au titre de l’année 2015. La balle est désormais dans le camp du gouvernement et il a l’obligation de mobiliser les ressources inscrites dans cette loi de finances », a expliqué l’honorable Houdé.
Déclarations de quelques députés avant le vote
Raphaël Akotègnon : « Le budget est un élément important dans la vie d’une nation. C’est un budget de transition. Nous saluons les efforts qui ont été faits pour se conformer à la nouvelle loi organique. Dans la forme, il y a des gymnastiques à faire pour comparer ce budget à celui de 2014. Dans le décret de transmission, j’ai noté que les innovations au nombre de 8, mais c’est seulement 3 qui ont été mentionnées. Je considère cela comme une négligence»
Eric Houndeté : « Je voudrais faire avec vous le constat simple. Premièrement je fais le point du budget 2014 avec un taux d’exécution en recettes qui est en baisse par rapport à 2013. Ce taux est évalué à 12 %. En dépenses, il est en hausse de 12 % en fin septembre 2014. Le constat est là. Il est navrant. On n’a pas de maitres, de construction de salles de classe, les usines de transformation de tomate, d’orange…. Sont là. Les infrastructures sont insuffisantes. Ce budget nous indique qu’il s’agit d’une aventure et c’est dommage »
Louis Vlavonou : « Je pense que je ne peux que remercier les deux commissions qui ont statué. Je voudrais exprimer quelques inquiétudes sur trois points. Premièrement les études nous permettent d’avoir de bonnes recettes. Ensuite avec les recrutements en marche, quel est le ratio masse salariale sur ressources internes ? Enfin au niveau de Kouandé et Kérou, il n’y a pas un seul mètre de goudron. Le pont de Tovègbamè, qu’est ce qui est prévu en 2015 ? Je donnerai ma voix à ceux qui voteront ce budget »
Gabriel Tchoccodo : « Je m’intéresse au développement du Couffo car le taux de pauvreté est très élevé dans ce département. Au plan éducation, c’est la catastrophe. L’exécution des Pip est une tristesse. Je voudrais inviter le gouvernement à assurer une couverture équilibrée du développement national »
Rachidi Gbadamassi : « Je salue la rigueur budgétaire dont a fait preuve le gouvernement et l’esprit managérial de son ministre des finances qui a su innover dans plusieurs sens. D’abord, la nouvelle mouture est en phase avec l’Uemoa. Tant qu’il reste à faire, on se mettra à l’œuvre. Il nous revient de faire le point de nos besoins et de travailler auprès du gouvernement. Opposition et mouvance doivent se mettre tous ensemble pour faire revenir les Danois, les Hollandais pour qu’on bénéficie de leurs fonds. Je demande la clémence de nos amis. Je remercie également le gouvernement qui a pris en compte les préoccupations des communes car le développement à la base passe par là »
Youssouf Bida : « Je voudrais ajouter ma voix à ceux qui ont félicité le gouvernement. Je félicite le gouvernement particulièrement surtout avec les dernières performances réalisées au plan de la bonne gouvernance. Je voudrais demander au ministre de continuer les réformes surtout au Port et au niveau des régies financières pour la réussite du Tec »
Bani Samari : « Je voudrais féliciter la commission des finances pour le bon rapport. Je voudrais émettre quelques préoccupations. Dans le secteur de l’alimentation en eau potable, je suis resté sur ma soif en ce qui concerne la deuxième phase du projet Savè. Où en sommes-nous avec la question en alimentation en eau potable pour Parakou ? Concentrons-nous sur un barrage sur le fleuve Ouémé pour régler cette question. Ma deuxième question, c’est le coton. Je félicite le gouvernement pour avoir inscrit une dotation pour les élections. Je félicite le gouvernement pour la route Ségbana. »
André Okounlola : « Je voudrais féliciter les deux commissions et le gouvernement pour ce budget parce que je me rappelle que le 30 juin passé, on avait fait un débat d’orientation budgétaire. Je félicite le gouvernement pour l’initiative prise à travers le ministre des finances pour un débat. Je voudrais attirer l’attention de l’opinion sur le fait que le déséquilibre observé n’est pas lié à une région. C’est partout. Ce n’est pas seulement que le Couffo. Dans les Collines, c’est pareil surtout avec l’accès difficile. Je lance au gouvernement un cri de cœur. Je crois que le budget tel qu’il est présenté est bon et j’invite les collègues à le voter »
Nicaise Fagnon : « Je voudrais remercier tous les collègues, le ministre et toute son équipe pour son ouverture d’esprit. Ce qui fait de nous de vrais députés. L’article 103 de la constitution dit que le député a droit aux amendements. Si ces amendements sont acceptés, le député doit être content. Mais le respect du contrôle de l’action gouvernementale mettra le gouvernement dans plus son rôle. On a des problèmes de consommation des crédits. Par rapport à la question de l’emploi des jeunes, je souhaite que le gouvernement fasse moins de tapages»
Gilbert Bagana : « Je voudrais féliciter d’abord les deux commissions pour la célérité du travail. Je voudrais féliciter le gouvernement pour la rigueur dans l’élaboration de ce budget. Je voudrais saluer l’ouverture d’esprit du ministre.»
Nourenou Atchadé : « Je voudrais féliciter le gouvernement, le ministre des finances pour son oreille attentive. Le budget 2015 sera auréolé et je voudrais le féliciter pour cela. Je voudrais tout de même qu’il prenne des mesures pour l’exonération des groupes électrogènes. Si on ne prend pas des dispositions, en mars prochain, le prix des groupes sera le même qu’aujourd’hui »
Rosine Soglo : « On ne sait pas par où passe l’argent, mais on vote seulement. Le pays est mort. Je vois le panier de la ménagère. »
Boniface Yéhouetomè : « Je félicite les commissions, le gouvernement et surtout le ministre des finances pour son esprit d’ouverture ».
Georges Bada : « Je crois que je vais m’associer à tous les collègues pour nous féliciter. Voter le budget, c’est vrai, mais qu’est-ce qu’il apporte aux Béninois ? Je voterai ce budget tout de même. Est ce que nous sommes réellement prêts pour le Tec ? L’autre chose qui me fait mal, ce sont les accords internationaux et le partenariat économique ».
Ali Yerima : « Je voudrais remercier les deux commissions et le gouvernement. C’est la première fois que je prends part à l’étude du projet de budget. J’ai aimé l’implication des acteurs sociaux, économiques…. Par ailleurs, je voudrais faire savoir que dans ce projet de budget 2015, plusieurs préoccupations des populations sont prises en compte. »
Grégoire Akoffodji : « Je voudrais à mon tour féliciter le gouvernement et féliciter également les collègues qui ont travaillé dans les commissions. Cela fait la 4è fois que je prends la parole pour insister sur la nécessité d’assurer la rationalisation des choix budgétaires. Pourquoi est-ce qu’on met un franc dans l’agriculture et pas dans l’énergie ? Pourquoi est-ce qu’on doit privilégier tel secteur et pas tel autre. Nous avons une connaissance de notre économie et l’Insae a une connaissance très pointue de notre économie qui peut nous aider à rationaliser nos choix budgétaires et à faire en sorte que les objectifs que nous poursuivons puissent être accélérés. J’insiste encore une fois là-dessus. Je souhaite de tout mon cœur que ceux qui vont venir à la 7è législature n’oublient pas que et le gouvernement et l’Assemblée doivent travailler ensemble à assurer la rationalisation des choix budgétaires pour que chaque crédit alloué le soit à bon escient »
Candide Azannaï : « Tout ce que nous sommes en train de faire repose sur une mauvaise appréciation du gouvernement. Le gouvernement a une conception négative de la politique qui n’est pas une activité qu’on exerce sur le coup de la colère, de la haine lorsqu’on est amené à gérer la richesse nationale. Toute politique de l’Etat qui est bâtie sous l’emprise de la colère est une mauvaise politique, donc ce projet de budget est un projet mauvais. C’est un projet qui est bâti sur des prévisions anachroniques, une augmentation de 33 %. C’est anachronique alors qu’il est écrit dans le budget que le gouvernement n’a jamais respecté les consignes budgétaires contenues dans la loi votée. Il se pose pour moi une question de réorientation qui appelle nécessairement des préalables. Au nombre de ces préalables, il faut savoir qu’on ne peut pas bâtir une économie lorsqu’on pousse les enfants de ce pays, les plus riches, les nantis et les plus entreprenants à l’exil. On ne bâtit pas une économie avec les enfants venus d’ailleurs. On bâtit une économie avec les enfants d’ici et tant que les plus nantis seront poussés à l’exil, tant qu’on sera en train d’arracher les contrats des plus nantis béninois, je ne peux pas donner quitus à un comportement de ce genre. Le préalable aujourd’hui est que tous les enfants du Bénin qui sont propriétaires du capital privé national reviennent dans ce pays et qu’ils soient mis à l’origine de la construction économique du Bénin. Tant que cela n’est pas fait, tout ce qu’on nous propose est du leurre, surtout que le gouvernement n’a jamais respecté ligne par ligne l’exécution du budget. Je voudrais donc appeler à la prudence… »