Difficile de répondre à cette question. Tout se passe comme si Théodore Holo et ses autres collègues attendent le pire avant de réagir. Tout le monde se demande si la Cour Holo a un problème ou s’il faut lui mettre la pression avant qu’elle ne joue son rôle. Cette Institution, garante du respect de la Constitution et, par ricochet, des principes démocratiques, manque de lever le ton face à un retard de presque deux ans dans l’organisation des élections. En attendant qu’elle ne se rappelle de son rôle, il semble qu’elle a, parfois, peur ou alors elle attend qu’on lui mette la pression pour se décider. Et pourtant, il ne s’agit pas d’une seule personne. C’est un collège de sept sages qui composent cette Institution de la République.
La Cour constitutionnelle, dans ce dossier de retard dans l’organisation des élections au Bénin, prolonge son mutisme tout comme si elle a peur de rappeler les uns et les autres à l’ordre. Le simple communiqué récemment sorti pour inviter le Cos-Lépi à accélérer le processus de correction a été sans effet. D’ailleurs, ce n’était pas une décision, et cela n’engageait que son signataire. La preuve, sa publication n’a pas changé le rythme de travail au Cos-Lépi. C’est au moment convenu par Yayi Boni a voulu que les sous ont été débloqués en vue de faire évoluer les travaux de correction de la Lépi à Agblangandan. Et, pour ceux qui s’en rappellent, ce n’était pas suite au communiqué de la Cour, mais plutôt suite à la crise au Burkina-Faso. Même si l’on continue malheureusement de banaliser l’importance des élections locales, et donc, de la décentralisation, la Cour ne doit pas oublier que les élections législatives sont constitutionnelles. C’est elle qui a dit et signé qu’aucune élection ne sera possible au Bénin sans la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Plusieurs fois, le chronogramme de correction a été modifié. La dernière date fixée s’est expirée hier et, déjà, en fin septembre, Maître Adrien Houngbédji avait attiré l’attention de tout le monde sur le danger que court le Bénin, dans son amusement avec les élections. Il y a eu, ensuite, deux marches populaires de protestation contre la même chose. Malgré cela, rien ne bouge, visiblement. La loi dérogatoire n’est pas votée et à ce jour, rien ne rassure de la tenue à bonne date des législatives. Ces faits sont déjà graves pour que la Cour constitutionnelle se lève et mette fin à la récréation.
Loin de donner raison à ceux qui croient, dans la rue, que l’Institution est manipulée, il semble plutôt que la Cour de Théodore Holo manque de pragmatisme et d’esprit d’anticipation.
C’est dire donc que la Cour semble ne pas inquiéter les autres Institutions de la République. On se rappelle de son injonction donnée aux députés en décembre 2013 pour « voter impérativement le budget général de l’Etat ». Cela avait été sans effet.