Otage d’une avalanche de propositions. Pauvre Lépi ! Tout le monde a son idée personnelle sur la sortie de blocage électoral. Pas un jour où acteurs politiques, animateurs de la société civile, universitaires, experts, membres d’institution, marcheurs, dignitaires religieux ne donnent de la voix au sujet de la recette-miracle. Inutile de revenir sur les détails de ces propositions, tellement ils sont nombreux, multiples et multiformes.
Parfois le même individu sort de son chapeau magique une proposition, un jour, avant d’opiner autrement le lendemain. Tout ça pour sauver les élections et le pays tout entier. Une débauche d’intérêts qui prouve bien l’amour des citoyens pour leur pays. Mais la Lépi ne souffre-t-elle pas en même temps de cette cacophonie des intelligences ? Puisque personne ne semble écouter personne. Chacun mène son combat, dans son couloir, sans chercher à comprendre ce que pensent les autres.
Déjà au sein du Cos/Lépi, organe en charge de la correction de la liste électorale, l’unité d’action est exclue des approches. On dirait même que les uns complotent contre les autres, dans une logique de rivalité, au nom du peuple. Le résultat est que très peu de gens de l’extérieur sont prêts à s’approprier les écueils auxquels l’institution est confrontée. Le Cos était presque seul dans sons combat lors de la réclame de moyens financiers pour achever la mission qui lui a été confiée. Dès qu’un membre du bureau ose évoquer les rallonges budgétaires attendues en vain, il se trouve des malins pour leur rappeler leur budget de fonctionnement et leurs avantages personnels prétendument très élevés. Pendant que le gouvernement de son côté, debout dans ses bottes rengaine à satiété sur la cherté des élections au Bénin depuis 24 ans. Un dialogue de sourds ne pouvait être aussi parfait.
C’est au niveau de la société civile et des experts avérés ou non des questions électorales que la cacophonie est plus accentuée. Autant d’orateurs autant de propositions. Une machine à solutions qui déroute tout le monde sur son passage. Très compliqué pour les acteurs impliqués dans le processus de se nourrir à l’aune de l’une ou de l’autre école professée à longueur de journée. Le fourmillement du fameux génie béninois déborde de partout. On en vient presque à oublier ce que la loi elle-même a prévu qui est de donner les moyens au Cos/Lépi pour sortir un fichier acceptable de tous. Personne pour se poser la question qu’il faut : Sacca Lafia et les siens ont-ils reçu à temps et en totalité le budget qu’ils ont confectionné à l’effet ? De toutes les façons personne ne s’est jamais mobilisée autour de cette préoccupation légale dont dépend tout le reste. En dehors du coup de gueule solitaire de Martin Assogba, c’est un silence contenu qui a souvent accueilli les cris de détresse du bureau du Cos souvent vitriolé sans ménagement au moindre raté.
Il existe néanmoins une préoccupation lancinante que j’ai partagée sur le net avec mon ami Céphise Béo Aguiar au sujet de la responsabilité des conseilleurs et des auteurs de propositions diverses. A supposer que les chargés de conduire les opérations sur le terrain décident de suivre à la lettre l’une des solutions lancées à la cantonade sur les ondes. A supposer ensuite que la solution en question conduise à un échec plus cuisant du processus. Qui en serait responsable en ce moment ? Celui qui a suivi les conseils ou l’auteur desdites propositions ? Voilà qu’on se dirige vers un jamboree national sur les élections. A supposer enfin que les échanges ne viennent pas à bout de l’impasse. Qui sera alors tenu pour responsable ? Ces interrogations démontrent à souhait l’état du système partisan béninois, une démocratie sans responsabilité. Puisque chaque citoyen est doté d’une intelligence hostile à tout apport extérieur.