Le ministre béninois des Travaux publics, Aké Natondé, a essuyé hier la douche froide des députés, à la suite de l’interpellation du gouvernement. Il était appelé à se prononcer sur les magouilles dans le cadre de la passation des marchés dénoncées par le Syndicat national des travailleurs de l’Administration des transports et des travaux publics.
Les députés n’ont pas fait dans la dentelle pour mettre à nues les magouilles et surfacturations à propos des marchés routiers au Bénin. Intervenant, le ministre Natondé n’a pas pu étancher leur soif. Dans ses réponses, il s’est limité à des explications sur le processus de passation des marchés publics. Encore que là, il n’a pas pu apporter les réponses aux accusations des syndicalistes. Il a plutôt traité les conférenciers de syndicalistes politiques. En attendant, le ministre Aké Natondé a promis envoyer, à travers une communication, les pièces justificatives demandées par les députés, notamment les coûts des ouvrages et les divers dossiers des soumissionnaires des quatre marchés ciblés. En effet, par rapport à la réhabilitation de la route Akassato-Bohicon, le député de l’opposition Basile Ahossi, ne comprend pas que cette route, qui est évaluée à 52 milliards par une entreprise béninoise, et à 70 milliards par les techniciens du ministère soit finalement estimée à 107 milliards. Il a également dénoncé le refus du gouvernement béninois à accepter l’offre de l’Union européenne de financer gratuitement les 40 premiers kilomètres de cette route en plus du bureau d’étude de contrôle. Pendant ce temps, l’étude a coûté 300 millions au trésor public. Il ne comprend pas que les bureaux d’étude chinois soient en même temps exécutant et contrôleurs dans ce dossier. En appui, le député Candide Azannaï a estimé qu’il y a une présomption de surfacturation, de favoritisme et de haute corruption dans ce dossier qu’il importe de décourager. Et pour le faire, il a laissé entendre que des documents existent et seront transmis à l’Autorité nationale de la lutte contre la corruption, au procureur de la République et aux institutions compétentes. « L’alibi de barrières linguistiques ne tient pas », a dénoncé les députés Azannaï et Houndété qui ont démontré que l’une des traductions officielles est la langue anglaise. « Ce sont des non sens », ont-ils estimé. « La Chine a donné 144 milliards gratuitement pour la construction de cette route. Qui a pris l’argent pour qu’on soit obligé d’aller faire un prêt chez Exil bank ? Il faut retrouver les 144 milliards », a indiqué Eric Houndété.
Wagouté Saguifa se démarque
Contrairement aux députés Tossou et Zacharie Chabi de la mouvance parlementaire qui ont soutenu les efforts du gouvernement, leur collègue Fcbe Wagouté Saguifa a estimé que, ne pas prendre en considération les dénonciations des syndicalistes est une erreur capitale que le ministre Aké Natondé a commise. « J’ai l’impression que le ministre est allé à l’hors sujet parce qu’il n’a fait que s’occuper des syndicats. Il est également passé à côté parce qu’il n’a fait que le point de la passation des marchés. « Si vous continuez comme ça, l’Assemblée nationale sera obligée de vous envoyer une commission d’enquêtes », a-t-il conclu. Les députés de l’opposition ont dénoncé la complicité de l’Etat béninois.
Thobias G. Rufino
(Br Ouémé/Plateau)
Question orale avec débat au gouvernement
Le mercredi 13 Août 2014, au cours d’une conférence de presse, le Syndicat national des travailleurs de l’administration des transports et des travaux publics (Syntra-Tp) a fait de graves révélations sur les magouilles dans la passation des marchés au ministère des Travaux publics et des transports.
Dans leurs propos, les syndicalistes ont exposé les irrégularités relatives à quatre dossiers à savoir :
1) Lot (du PK+45+760 à Allada au PK 117 + 865 à Bohicon) du projet de réhabilitation de la route Akassato-Bohicon
2) Travaux de construction d’un double dalot 400×400 au PK 39+850 sur la route en terre Guéné-Karimama
3) Réhabilitation et renforcement de la route Parakou-Djougou lot 1 et 2
4) Aménagement et bitumage de routes structurantes : Comé-Lokossa-Dogbo, Bretelle Zounhoué-Athiémé-Frontière du Togo, Savalou-Tchetti-frontière du Togo, Logozohè-Glazoué et Djregbé-Dja-Owodé-frontière du Nigeria.
Dans les quatre dossiers les syndicalistes dénoncent, entre autres irrégularités, le choix du bureau d’étude, l’imposition d’entreprises non éligibles aux différents marchés et, parfois, la complicité coupable et active, aussi bien au niveau de la Commission de passation des marchés publics, que de la Cellule de contrôle des marchés publics de leur ministère. Ces complicités seraient étendues au niveau de la Direction nationale des marchés publics.
Depuis cette conférence de presse, notre peuple n’a eu droit à aucune explication de la part du gouvernement qui laisse faire comme si de rien n’était.
En vertu des dispositions du règlement intérieur de l’Assemblée nationale en ses articles 106 ; 107 ; 108 et leurs différends alinéas
Le gouvernement est invité à fournir à la représentation nationale toutes les informations relatives auxdits dossiers, notamment les coûts des ouvrages et les divers dossiers des soumissionnaires de ces quatre marchés.
- PJ : copie de l’intégralité de la conférence du Syntra-Ttp
Ont signé