A la surprise générale, le budget général de l’Etat exercice 2015 a été voté à l’unanimité des députés de l’opposition et de la mouvance. On était à mille lieues de croire qu’après des marches contre le Pouvoir en place, la semaine écoulée seulement, l’opposition allait accepter de valider la loi des finances 2015. Les jeux de coulisses entre les députés et le ministre des finances, d’une part, et la trahison entre les différents groupes parlementaires, d’autre part, étaient les raisons fondamentales de ce vote.
75 voix pour, 00 contre et 01 abstention. C’est par ce score que l’Assemblée nationale a voté le budget général de l’exercice 2015 à la grande satisfaction du ministre de l’économie et des finances, Komi Koutché. Pour beaucoup de Béninois, c’était une surprise. Les 10 et 11 décembre dernier à Porto-Novo et à Cotonou, l’opposition parlementaire, la Société civile et les syndicats ont marché contre le Gouvernement accusé à tort ou à raison de bloquer l’organisation des élections. C’était de gigantesques manifestations populaires qui ne pouvaient laisser penser à un rapprochement aussi brusque entre le Pouvoir en place et l’opposition jusqu’à l’adoption du budget, une semaine plus tard. Comment est-on arrivé-là ?
Tout d’abord, le pragmatisme du ministre Koutché a payé. Bien informé des pratiques et jeux de coulisses parlementaires, il sait qu’il faut ‘’arroser’’ les députés pour avoir leur adhésion massive autour dudit budget. En effet, quelques jours après l’ouverture de la session budgétaire, il a organisé un séminaire au Novotel Orisha à Cotonou à l’intention des députés pour leur faire découvrir, a-t-on dit, les innovations de la loi des finances exercice 2015.
Lors de cette séance de travail, il y a eu assez d’échanges et de concessions entre le Gouvernement et l’Assemblée nationale. Des députés ont mangé et bu à satiété. A la fin dudit séminaire, ils ont perçu leurs frais de participation. Sont-ils colossaux ? A chacun d’analyser. C’était déjà le départ du vote imminent de ce budget. Mais, le ministre de l’économie et des finances ne s’est pas contenté de cette rencontre d’échanges du Novotel Orisha à Cotonou. Malgré les signes annonciateurs de son sacré au Parlement, Komi Koutché a monté la garde parlementaire autour de son projet de budget à travers des relations collectives et personnelles avec l’ensemble des députés jusqu’ à la date du 17 décembre 2014. Il a multiplié assez de jeux de coulisses pour parvenir à ses fins. C’est dire que l’argentier, contrairement à son prédécesseur, Jonas Ali Gbian, a su mettre à sac les députés pour obtenir le vote du budget général de l’Etat exercice 2015.
Autres raisons
En dehors du pragmatisme du ministre de l’Economie et des finances, d’autres considérations politiques ont milité en faveur de cette loi des finances. En effet, l’opposition était divisée en raison des intérêts de chaque entité parlementaire. Le président du groupe parlementaire-Prd, Augustin Ahouanvoébla aurait fait rallier les ‘’Tchoco-tchoco’’ et leurs alliés à la cause du Gouvernement. Et pour cause ! La Fédération béninoise de football qu’il préside serait dotée de plus de 600 millions FCFA dans le budget du ministère des Sports. Le Prd ferait mal au président de son groupe parlementaire en votant contre ladite loi des finances. Selon les informations, l’actuel Directeur général des impôts serait un membre actif du Parti social-démocrate (Psd) de Bruno Amoussou, président de l’Union fait la Nation (opposition radicale) au régime en place. L’Un a certainement choisi la voie de la solidarité pour soutenir le poulain du Psd, car les impôts et domaines constituent des régies financières importantes pour la mobilisation des ressources de l’Etat.
C’est donc un poste juteux pour l’Union fait la Nation. Du côté du groupe parlementaire ‘’Paix et développement’’ de l’Honorable Candide Azannaï, c’était la cacophonie. Ce dernier était pratiquement seul contre tous dans sa propre famille parlementaire.
Les autres étaient déjà dans la logique de voter le budget. Malgré les nombreuses critiques qu’il a émises contre cette loi des finances, Candide Azannaï a été contraint de suivre le mouvement au risque de voir son groupe parlementaire s’éclater à nouveau. En conséquence, il perdrait les nombreux avantages liés à son statut de président de son groupe parlementaire. A la Renaissance du Bénin (Rb), c’est le même scénario. Les députés de la Rb n’étaient plus dans la même direction que leur présidente Rosine Soglo qui a voté abstention. On peut arriver à la conclusion selon laquelle, le manque de conviction due aux intérêts personnels et égoïstes des députés a conduit à l’adoption de la loi des finances exercice 2015 par l’Assemblée nationale, malgré ses insuffisances.
