L’Union nationale des magistrats du Bénin (UNAMAB) a décidé d’observer dès mardi, une grève de 72 heures pour protester, non seulement contre la menace qui plane sur la vie du juge Angelo Houssou, qui a prononcé le 17 mai dernier une ordonnance de non-lieu dans l’affaire portant sur la tentative d’empoisonnement du président Yayi Boni, mais aussi contre les dernières nominations intervenues le 28 mai dernier dans les juridictions et à la chancellerie du pays, indique un communiqué publié ce lundi à Cotonou.
S’agissant de la sécurité du juge Angelo Houssou, l’UNAMAB a constaté que bien que le dispositif de sécurité mis en place autour du collègue se soit amélioré, sa vie est menacée par des agents de la police nationale non en uniforme.
"L’UNAMAB prend à témoin l’opinion publique nationale et internationale d’un tel harcèlement et rend responsables la Police nationale et le gouvernement de toute atteinte éventuelle à l’intégrité physique tant du juge Angelo Houssou que tout autre magistrat", indique le communiqué.
Selon le document publié par l’UNAMAB, il ressort que depuis le vendredi 17 mai dernier, après avoir rendu deux ordonnances concernant les deux affaires dans lesquelles le chef de l’Etat béninois est partie civile, le juge Houssou a été interpellé à la frontière de Kraké aux environs de 21h30 sur les instructions du directeur général de la Police nationale alors qu’il accomplissait les formalités de visa pour se rendre au Nigeria.
Conduit à la direction générale de la Police nationale, il y a été gardé ses effets personnels fouillés et le contenu rendu public. Le lendemain à 7h20 minutes, il a été reconduit à son domicile sous escorte policière.
"Depuis lors, son domicile est assiégé par des agents dont il ignore l’identité. Ses mouvements sont contrôlés et parfois soumis à l’autorisation du directeur général de la Police nationale et du chef d’état-Major général des Armées", déplore le communiqué.
En ce qui concerne les dernières nominations, l’UNAMAB note avec amertume qu’en 2011 des nominations à polémique de magistrats avaient été faites, et qu’en dépit des promesses faites par le gouvernement et le Conseil supérieur de la Magistrature, les corrections attendues ne sont pas jamais intervenues. Pire, les nominations du 28 mai 2013 plus que celles de 2011 violent non seulement les règles de préséance, mais également le principe de l’inamovibilité.
"Face à cette situation qui s’apparente à une déstabilisation programmée du pouvoir judiciaire, l’UNAMAB, décide d’observer un mouvement de grève de protestation de 72 heures à compter du mardi 25 juin 2013 à 0h00", précise le communiqué.