La question du renouvellement de la classe politique en Afrique est un sujet crucial qui pose le sérieux problème de la place des jeunes, de leur implication et des responsabilités qu’ils sont prêts à assumer dans l’animation de la vie politique et surtout dans la conquête du fauteuil « suprême ». Mais ici, il ne s’agit plus d’une simple question de volonté. En effet, dans certains de nos pays africains, où les peuples n’ont plus que les pavés et les terres de latérite à la place des urnes pour s’exprimer et exercer leur droit de sanction, dans ces pays où certains fous du pouvoir jamais repus en viennent à s’imaginer qu’ils tiennent leur légitimité uniquement de Dieu, qui peut encore parler de relève ? Y pense-t-on réellement ?
A trente-cinq ans, Adama Kanazoé est le jeune Administrateur de la Holding Business and Development in Africa (Hbda), un groupe qui développe des activités dans plusieurs secteurs : la logistique, la communication et la distribution de produits des télécoms. Derrière lui, pratiquement dix ans d’expériences cumulées dans la direction des services marketing et communication de structures comme, Moov Togo, Telecel Faso et BettyMovil Burkina Faso. Hbda est une start up qui a mutualisé son espace, un certain nombre de charges pour permettre à des jeunes ayant des difficultés de financement, de commencer à travailler, de créer leur propre entité sans être frappés dès le départ par des charges trop lourdes. C’est « une sorte de pépinière d’entreprises qui permet à des jeunes de pouvoir s’exprimer », renseigne le jeune entrepreneur qui a la ferme conviction qu’il n’y aura pas de développement « tant que la principale force de travail restera au chômage ». La notion de l’Etat providence a vécu, l’entreprenariat, la créativité, sont importants pour augmenter la cuvette de l’emploi. Celui qui martèle ces mots sait de quoi il retourne, lui qui a créé sa première société à 22 ans. Mais alors, que vient faire ce dynamique entrepreneur privé et plein d’initiatives dans la jungle politique ? Il se justifie : « Nous avons des idées qui sont innovantes, mais si nous n’avons pas les moyens pour les mettre en œuvre, notre contribution va rester en l’état. Il faut donc être au cœur de la décision». Ainsi, préoccupé par le sort de la jeunesse et scandalisé de son éternelle marginalisation sous le prétexte fallacieux qu’elle ne serait pas assez bien formée, pas suffisamment prête, le jeune dirigeant a décidé de prendre une part active dans la vie politique de son pays. Avec la conviction chevillée au corps que le pouvoir ne se donne pas, mais s’arrache, Adama Kanazoé s’est donc mis très tôt dans les conditions d’une future prise de hautes responsabilités dans le sillage de la construction du nouveau Burkina Faso. Retrouvez dans cet entretien réalisé à Ouagadougou, les grandes lignes de son parcours de manager et les ressorts de son militantisme à travers son parti Ajir.