Fin du séminaire sur la gestion des contentieux électoraux : Les grandes attentes du Président Théodore Holo #aCotonou

Société

Fin du séminaire sur la gestion des contentieux électoraux : Les grandes attentes du Président Théodore Holo

Publié le vendredi 26 decembre 2014 | La Presse du Jour

© Autre presse par DR
Mr Théodore Holo, président de la Cour constitutionnelle

Vos outils

Du 22 au 24 décembre 2014, 43 professionnels des médias ont suivi au Bénin Royal Hôtel de Cotonou un séminaire sur la gestion des contentieux électoraux. Organisé par la Cour Constitutionnelle avec l’appui financier de l’Organisation international de la francophonie, ce séminaire a permis aux participants de mieux comprendre le fonctionnement de la Cour Constitutionnelle et de s’approprier les outils nécessaires pouvant leur permettre de mieux apprécier les décisions de la Cour de façon générale et dans le cadre de la gestion du contentieux électoral, de façon spécifique. Le Professeur Théodore Holo, Président de la Cour Constitutionnelle a, dans son discours de clôture, dit ce qu’il attend des professionnels des médias. Lire ci-dessous.
« Nous voilà au terme de ces quelques jours d’échanges. Mes propos vont consister en trois tableaux. Le premier tableau est un constat, constat de l’exigence en toute démocratie d’un dialogue fécond et stimulant entre les juridictions et les médias pour le renforcement de la démocratie parce que, et les médias et les juridictions contribuent à l’édification et à l’émergence de la culture démocratique par la qualité des informations mises à la disposition de l’opinion publique. Quand le Professeur Aïvo présentait son rapport, je me remémorais cette rencontre que nous avions eue à Ottawa où une pratique spécifique aux pays développés nous a été révélée. Au Canada, comme en Suisse, lorsque les décisions sont prises par les juridictions constitutionnelles, le secrétariat général de ces juridictions reçoit les journalistes accrédités à ces Cours pour les informer une demi-heure avant que ne soient publiées et diffusées les décisions pour permettre aux journalistes d’être imprégnés de ces décisions et d’en faire un commentaire approprié. Il est vrai ! J’ai eu à rappeler que dans mon pays, lorsque le chef de l’Etat me saisit de la constitutionnalité d’une loi, par courtoisie, ce n’est pas par les journaux qu’il va apprendre le contenu de la décision. La décision est publiée, notifiée au requérant. Et la plupart des africains étaient dans cette logique. Nous nous sommes dit qu’il était nécessaire que nous ayons des journalistes spécialisés de ces questions pour avoir des commentaires pertinents des décisions des juridictions. Le pont vient d’être jeté. Le 2è constat que je me permets de faire et qui correspond au second tableau de mon intervention, c’est que le séminaire que nous venons d’avoir soit pour vous l’occasion de démentir l’adage qui fait accroître l’idée que pour cacher quelque chose aux nègres, il faut le mettre dans un livre parce qu’on estime que les nègres n’ont pas la culture de la recherche, de la lecture, alors nous inventons sans nous assurer de la véracité de l’information que nous diffusons. La Cour s’est autorisée à mettre à votre disposition des documents (Code électoral, textes fondamentaux de la Cour…). Que ceux-ci ne soient pas pour vous des documents d’archives, mais des outils de travail aussi utiles que vos plumes, vos caméras, vos micros… C’est ainsi que vos commentaires auront de la qualité et de la pertinence pour votre propre rayonnement parce que vous serez des journalistes dont la réputation pourra franchir les frontières, aspirant à des prix internationaux comme c’est le cas dans d’autres pays ; mais aussi vous aurez contribué au renforcement de la paix. La vie en société en régime démocratique est de créer les conditions d’une gestion pacifique des contradictions qui sont inhérentes à toute société, mais selon les règles acceptées par tous. Ainsi, vous aurez fait preuve de professionnalisme. Au cours de ce séminaire, j’ai rappelé que la critique nourrit la réflexion et fait avancer la science. Mais cela suppose que c’est une critique pertinente fondée sur une analyse juridique. Aucune vérité ne peut prétendre à l’absolu. Or, la culture de notre peuple fait qu’on a tendance à prendre pour parole d’évangile même les contrevérités qui sont écrites dans les journaux…Pour que cela soit parole d’évangile, il faut que cela soit le fruit d’une profonde réflexion. Je sais que la plupart des journaux ont leur ligne éditoriale…Qui sont ceux dont on parle le plus ? Ce sont ceux qui ont le courage de leurs opinions. Pourquoi le monde entier célèbre aujourd’hui un grand homme, Nelson Mandela ? Il a eu le courage de ses opinions. Pourquoi parle-t-on de combattants de la liberté ? Ils ont tout sacrifié par rapport à leur conviction. Ce n’est pas facile ! Ce n’est pas ce que nous attendons de vous. Mais vous savez que pouvez aussi être des pyromanes de la société comme Radio Mille Collines au Rwanda. Je vous vois mieux dans un rôle de sapeur-pompier. Je pense que nous sommes à l’occasion de parler de sapeur-pompier et c’est le 3è tableau de mon intervention….Je voudrais souhaiter que 2015 vous ouvre pour toujours, non seulement les portes du bonheur, mais les portes de la gloire. La gloire sera le meilleur cadeau du fruit des échanges que nous avons eus. Même si vous devez critiquer les décisions de la Cour, critiquez-les par une analyse juridique et je vous assure que les juges seront contents parce qu’ils vont se dire que la graine qui a été semée a au moins germé et donné des fruits utiles…La meilleure réussite est que grâce à vos commentaires, grâce à vos informations, l’opinion publique ait des comportements responsables, pour que les élections ne soient pas comme des moments de tension, mais des occasions de fête…Notre mission n’est pas facile, vous en avez conscience. La grande idée est de créer une sorte de partenariat entre les juridictions constitutionnelles et les médias…»

Propos recueillis par Affissou Anonrin

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