La décision de fermer des sites de dragage de sable est suicidaire.
Yayi Boni ne le sait peut-être pas. Il a autorisé en Conseil des ministres la fermeture des sites de Akogbato et consorts. Ce faisant, il piétine les intérêts des investisseurs nationaux qui ont contracté des prêts bancaires pour cette activité.
Les conséquences d’une telle mesure sont nombreuses et désastreuses.
Pour un gouvernement qui proclame vouloir un partenariat sincère gouvernement-secteur privé, il est incompréhensible qu’il en vienne à de telles mesures aussi graves que suicidaires.
Depuis quelques temps, les acteurs du secteur privé s’adonnant à l’activité d’exploitation de sable vivent le martyr. Cela donne malheureusement l’image d’un régime qui méprise les opérateurs privés et qui n’en a cure de leurs intérêts.
Qu’à cela ne tienne ! Les conséquences de la fermeture des sites de dragage de sable, sont de plusieurs ordres. Au plan économique, la fermeture des sites aura un effet immédiat sur le prix du sable. Selon les exploitants, le mètre cube qui est de 5000 FCfa pourrait passer à 10.000 FCfa voire 20.000 FCfa le mètre cube.
Ceci, vu l’inadéquation entre la demande et l’offre, et vu le fait que les gisements de l’Ouémé et autres sont incapables de satisfaire une demande qui explose à cause de nombreux chantiers infrastructurels ouverts par le gouvernement qui s’approvisionnaient en sable sur les sites qui seront fermés.
Les sites de l’Ouémé sont des gisements de surface et alluviaux. Donc, peu suffisants pour faire face à la demande exponentielle.
D’autres sites expérimentés se sont avérés peu rentables à cause de la teneur d’argile et de boue. Ils sont donc inopérants. Tout ceci entraînera un manque à gagner et un chômage technique pour les camionneurs de sable, avec des risques de mouvements sociaux d’une part, et un manque à gagner pour l’Etat du point de vue fiscal.
Car, si les exploitants ne vendent pas leur sable, ils ne peuvent pas payer des taxes aux mairies et à l’Etat d’autre part.
Conséquences sociales et judiciaires
Chaque exploitant de sable fait vivre des dizaines de personnes. Donc, autant de familles. Le gouvernement, en fermant le site, commet un acte antisocial grave, comme ce fut le cas pour Bénin Control S.a où des centaines de jeunes et de pères de famille se sont retrouvés, du jour au lendemain, au chômage.
Dans tous les cas, cette mesure appelle un arbitrage judiciaire. Il est évident que les promoteurs qui ont engagé des investissements lourds dans des zones aussi difficiles, sur prêts des banques, et qui doivent remplir leurs engagements ne se laisseront pas intimider par l’Etat. Cette nouvelle affaire aura des conséquences arbitrales ou judiciaires.
On peut craindre que, à l’issue des procès, l’Etat perde et soit appelé à payer d’importantes sommes d’argent aux tierces personnes.
C’est le Bénin qui serait ainsi spolié par des erreurs de gouvernance. En voulant déposséder les Soglo d’une source de revenus (taxes), le gouvernement frappe sur ses propres alliés, par exemple la Mairie d’Abomey-Calavi dont le budget prévisionnel aurait inscrit une entrée financière de 300 millions venant de l’exploitation des gisements de sable.
En effet, les promoteurs disent que 90% de leurs périmètres exploités est du ressort de la Commune d’Abomey-Calavi.
Par ailleurs, cette attitude « victimise » les Soglo et renforcera le soutien de leurs militants et une bonne partie des Béninois qui n’apprécient guère l’acharnement politique du Pouvoir.