La majorité présidentielle vit peut-être ces dernières semaines. Ou pour les plus optimistes, ces derniers mois. Des signes évidents prouvent que les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) se videront de leur contenu avant même le départ de Yayi Boni en 2016.
Il est une évidence que le virus de la division est au coeur des Fcbe depuis des lustres. Seulement, grâce à l’aura et au charisme de Yayi Boni, le regroupement a pu vivre et survivre. Parce que le Chef de l’Etat avait toujours des ambitions légitimes, il a toujours contrôlé toute la machine Fcbe et a pu gérer les intrigues destructrices. Aujourd’hui où constitutionnellement, il ne lui est plus possible de solliciter un autre mandat à la tête de l’Etat, le président Yayi Boni aura bien du mal à continuer à contrôler la situation comme par le passé. Ce qui laisse entrevoir que lesFcbe pourraient connaître le naufrage. Et plusieurs facteurs permettent de croire à cette éventualité. En effet, avec la recomposition de la classe politique les Fcbe ont de plus en plus de concurrents sur le terrain. Des concurrents qui émergent même de leur propre camp. On peut citer au nombre de ces adversaires, l’Alliance Soleil. C’est un regroupement de plus d’une dizaine de députés conduit par Sacca Lafia. L’ambition de cette alliance est claire : aller aux prochaines élections sur une liste autre que celle des Fcbe (Lire Matin libre du lundi 22 décembre 2014). Et c’est une ambition qui dérange puisque le week-end écoulé, les membres de l’Alliance Soleil ont essuyé des critiques à Natitingou. Des irréductibles des Fcbe leur ont pratiquement déclaré la guerre. Ils ont même promis de mettre fin aux objectifs de ce regroupement politique et comptent utiliser tous les moyens pour y arriver. Outre l’Alliance Soleil, certains anciens proches du Chef de l’Etat ont aussi créé l’Alliance nationale pour la démocratie et le développement (And) le 31 mai dernier. C’est un creuset présidé par le député Valentin AditiHoudé qui se réclame de la majorité présidentielle critique. Ses membres proposent depuis un discours très acerbe sur les actions du gouvernement. L’ancien préfet de l’Atlantique, Barnabé Dassigli, la députée Célestine Adjononhoun et l’opérateur économique Moussa Amadé, pour ne citer que ces membres influents, ont même décrété la fin des Fcbe dans la Commune de Zè. Les objectifs de l’And sont sans équivoque : chanter le requiem des Fcbe et offrir un nouveau creuset pour la lutte politique. Un instrument de conquête de pouvoir nouveau qui annonce tout le chamboulement que devra connaître le paysage politique en cette période de fin de mandat. Mais l’évènement qui révèle davantage la détérioration des relations entre les membres du camp de la majorité présidentielle, ce sont les changements intervenus à la tête de la coordination des Fcbe au Parlement. Le week-end dernier, le député Djibril Débourou a été évincé de la tête de ladite coordination. Identifié comme un grand soutien du présidentiable Général Robert Gbian et comme un proche de l’Alliance Soleil, il a été destitué, lui et toute son équipe, par des députés Fcbe. Djibril Débourou s’est fait connaître comme un fidèle allié du Chef de l’Etat et un baron des Fcbe. Et s’il a été éjecté de son fauteuil, c’est qu’il y a des frustrations ainsi que des réactions fortes à gérer au sein des Fcbe ; lesquelles réactions peuvent être sources de déstabilisation de la majorité présidentielle et donc de fragilisation de toute l’alliance politique qui soutient les actions du Chef de l’Etat. Les signes annonciateurs de la fin de l’aventure Fcbe se précisent de plus en plus. Et vu les antagonismes et les nouvelles ambitions des nouvelles alliances politiques, il y a gros à parier que les Fcbe ne survivent à la "tempête politique" en cours.Toutes choses que des observateurs et analystes de la vie politique avaient déjà prédit. On a encore à l’esprit le cas de l’alliance Ubf au temps du Général Mathieu Kérékou.